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jeudi, 19 mars 2009

Buffy the Vampire-Slayer : Analyse de la Saison 3 de la série.

Saison 3 : La corruption du monde


I) Multiples visages

La saison 3 s'avère être la saison des choix par excellence. Les personnages, arrivés à la dernière année du lycée, vont être confrontés en fin d’année à la terrible question de leur avenir. Seront-ils acceptés dans une ou plusieurs universités ? La fin de saison approchant, l'université est de plus en plus au coeur de toutes les discussions. Etant abordé avec plus ou moins de distance par les personnages. Mais avant cela, les lycéens doivent affronter une difficile et terrible épreuve : le "Graduation Day", qui pourrait se traduire par le jour de l'Ascension. Il s'agit en fait de la cérémonie qui accompagne la remise des diplômes. Une tradition toute américaine, qui tente de donner toute son importance à l'évènement. Car ce genre de cérémonie est théâtralisé ; les lycéens revêtent ainsi en ce jour particulier le costume de rigueur. Dans le Buffyverse, puisque rien ne vient seul, cette cérémonie sera doublement importante. Car le « Graduation Day » est également le jour où le Maire de la ville, Richard Wilkins III, doit devenir un puissant démon. Ceci pour illustrer et montrer que ce jour particulier marque un changement de statut, une étape supplémentaire dans leur vie. Le passage à un stade supérieur. Les lycéens vont devenir des étudiants, passer du statut d'adolescent à celui de jeune adulte.


A - Miroirs et doubles

 Dans la saison 3, l’un des aspects les plus notables est l’exploration de la psyché, de la personnalité des personnages. Cette saison semble en effet travailler le rôle et l’identité de chaque personnage. Et pour présenter cette analyse précise, pour asseoir leur propos, les scénaristes utilisent le même procédé qui évite d’asséner un propos par le simple dialogue. Dans Buffy, rien ou si peu n’est dit de façon explicite ; tout est montré par l’exemple. Buffy est en cela une série subtile qui fait appel à l’intelligence de son spectateur. Les scénaristes confrontent ainsi chacun des personnages principaux à d’autres eux-mêmes, par certains aspects semblables et pourtant toujours différents. Ainsi, pour montrer l’animalité qui peut sommeiller en chaque mâle, en chaque être, un ép. nous présente-t-il trois variations possibles : Oz le loup-garou, Angel devenu bestial après son séjour dans une dimension démoniaque, et un lycéen absorbant une étrange substance le transformant en une sorte d’animal. Nous nous définissons, nous affirmons notre identité par notre différence aux autres. Ce sont les limites entre les êtres qui les aident à se définir, semble nous dire la série. On pourra noter que cette réflexion sur l’identité des personnages était déjà quelque peu présente lors des saisons précédentes, mais présentée autrement, par les costumes utilisés dans l’ép. 2.06 "Halloween" par exemple.
 Toutefois, ces doubles mis en scène malgré leurs différences, font donc écho aux personnages nous informent, dévoilent un élément de la personnalité du personnage dont on ne se doutait pas au préalable, ou montrent un nouvel élément qui traduit l’évolution de celui-ci. Faith, sorte de double négatif de l’héroïne, nous montrera par exemple le caractère influençable de Buffy, en même temps que la tentation du pouvoir, de braver les interdits, d’abolir les frontières (morales) que l’on se fixe.

 Un épisode est d’ailleurs particulièrement significatif et de l’analyse de la psychologie de Buffy, et de l’évolution du personnage pour cette troisième année d’existence. Dans le tout premier ép. de la saison, Buffy, après avoir dû tuer son amour pour pouvoir fermer un portail donnant sur une dimension démoniaque, s’enfuit de Sunnydale, répondant ainsi à la menace de sa mère. Buffy a fui sa ville d’adoption et sa vie d’avant ; ses responsabilités. Elle se fait désormais appeler Anne (ce qui est en fait son second prénom, qui sert de titre à l’épisode) et travaille comme serveuse pour gagner de quoi vivre et payer la chambre d’hôtel où elle a trouvé refuge. (On pourrait d’ailleurs y voir là une annonce des épisodes suivants, en plus de renforcer le parallèle entre Buffy et Faith. Celle-ci occupera à Sunnydale une chambre d’hôtel également). Cet épisode traite donc d’abord et avant tout de l’identité (en plus de nous montrer la solitude et l’anonymat qui gagnent les êtres dans les grandes villes et dont Angel nous parlera plus en détail). Dans sa fuite, Buffy tombe par hasard sur une ancienne connaissance : Lily, autrefois appelée Chantarelle, une jeune fille aussi paumée et désespérée que notre héroïne, également en fuite, qui change de nom, d’identité à chaque fois que sa vie prend un nouveau tournant. Image de ce que pourrait être ou devenir Buffy, une héroïne perpétuellement en fuite.
 Mais les événements finissent toujours par nous rattraper, et des démons s’emparent des jeunes gens abandonnés dans la ville pour les réduire en esclavage dans leur dimension démoniaque. Pour leur ôter toute envie de se rebeller, pour éteindre leur identité, les démons les obligent à oublier jusqu’à leur nom. C’est alors que Buffy affirmera : « Je suis Buffy, la Tueuse de vampires ». Double affirmation dans cette réplique, qui ne pourrait être pris que pour une simple boutade ; Buffy retrouve son véritable prénom, cesse de fuir, et accepte son statut, son rôle d’exterminatrice de démons. Il s’agit d’ailleurs de la première fois où Buffy se présente ainsi. Cette affirmation de soi, nouvelle étape dans l’évolution du personnage, ne changera plus durant cette saison 3. Ayant repris confiance en elle et choisi d’être ce que le destin a fait d’elle, elle peut alors revenir à Sunnydale. Alors que précédemment, elle refusait son destin, ce rôle qui lui fut donné par le destin, elle semble désormais l’avoir accepté.
 Toutefois, cette acceptation de son statut de Tueuse lui servira par la suite de prétexte. Alors que précédemment, elle aspirait à une vie ordinaire et refusait d’accomplir sa destinée, désormais, le fait qu’elle soit une Tueuse est mis en avant pour éluder la question de l’université. A chaque fois qu’une personne de son entourage aborde le sujet, Buffy semble se réfugier derrière cette réalité pour éviter de penser à un univers peut-être inquiétant ou effrayant, totalement inconnu, où elle serait complètement perdue. (« The Freshman », le premier épisode de la saison 4, lui donnera à juste titre raison). Même Giles, qui serait prêt à lui laisser poursuivre une vie normale d’ étudiante, se voit désormais répondre qu’ elle est avant tout une exterminatrice.
La série nous présente également deux autres Buffy : la Buffy de la réalité alternative du souhait de Cordelia tout d'abord. Celle-ci n'a pas vécu de la même façon que la Buffy du véritable monde. Elle apparaît plus dure, sombre, violente, livrée corps et âme à sa mission. Toute joie, toute possibilité d'être heureuse a disparu de son visage. Écorchée vive, elle est d'ailleurs marquée physiquement par les épreuves de ses différents combats, à voir les cicatrices sur son visage. Et surtout, elle est seule, sans troupe à ses côtés. Et elle perd dans son combat contre le Maître. Elle est ce que Buffy aurait pu devenir, et ressemble un peu à la Buffy vivant dans la grande ville.
Enfin, comme un double inversé, la série nous présente une "nouvelle petite sœur" (titre français particulièrement bien trouvé, pour une fois !!). Faith. Elle est tout ce que Buffy n'est pas, car elle n'a rien de ce que Buffy a. Des amis. Une mère. Le sens des responsabilités. Des limites morales. Buffy sait reconnaître ce qui est bien de ce qui est mal. C'est pourquoi, bien loin de se satisfaire de sa vie, Buffy envie Faith.
 Faith assume le fait d'être une Tueuse, bien mieux que la blonde Tueuse. Mais elle voit en ce statut l'affirmation qu'elle est supérieure aux autres. Ce qui lui permet de tout faire ou de se permettre tout. De se croire au-dessus des lois. Ce qui est bien sûr une illusion. Tout comme Buffy s'est trouvé un père adoptif en la personne de Giles, Faith sera "adoptée" par le Maire Richard Wilkins III sans que ses réelles motivations ne soient expliquées, tout du moins au début. Si le Maire est un puissant sorcier, il n'en reste pas moins humain, et seul lui aussi. Et c'est parce qu' il est seul qu' il s'attache tant à sa fille adoptive.
 Si on l'analyse comme un double inversé de Buffy, elle nous montre ce que la fameuse héroïne aurait pu être ou devrait être. Et pourquoi Buffy est une Tueuse d'exception, ce qui la rend supérieure aux autres Tueuses. Mais cela nous montre également le caractère influençable de Buffy, prête à suivre son "amie" et à la laisser la convaincre de passer à l'acte. D'oser faire tout ce que sa nature particulière lui permet de faire (et pas forcément les lois). Mais, et c'est important, là où les chemins se séparent, c'est face à la mort d'un humain, d'une victime innocente. Là où Buffy se retrouve rongée par la culpabilité, là où elle fait jouer (inconsciemment) ses références morales, Faith ne ressent rien, n'éprouve rien. Comme elle le dit elle-même, elle s'en fiche. Et Buffy pense que sa "petite sœur" est semblable à elle, mais qu'elle réagit différemment. Elle est convaincue que Faith refoule ses sentiments, sa souffrance. Pourtant, on peut penser que c'est là d'où provient son erreur : la seconde Tueuse n'a pas ces repères moraux, cette grille de lecture des événements que nous impose notre éducation, qui nous indique ce qu'est le bien ou le mal. Puisqu'elle se considère de toute façon au-dessus des lois. Et n'oublions pas qu'elle ne semble pas avoir connu de structure encadrante comme une famille ou l'école. Même si elle a connu la présence de son Observatrice à ses côtés, cela n’est pas tout à fait la même chose.


B - Sexe et déviances : Faith et la Willow-vampire


« Tu as besoin de moi pour t’éclater parce que tu as peur de le faire, n’est-ce pas, B. ? Tu ne supportes pas de me voir vivre comme je l’ entends, prendre mon pied, parce que ça te tente. »
  -- Faith, à Buffy (ép. 3.15 « Conséquences »).

Deux principaux personnages vont avoir l'occasion de nous présenter de nouvelles facettes de leur personnalité par l'intermédiaire de leurs doubles inversés, « maléfiques ». Ces deux personnages ont en commun de partager une conception semblable du sexe, entièrement orientée vers la satisfaction personnelle d'abord et avant tout, ainsi que dans un rapport de domination de leur partenaire. Alors que pour d'autres personnages de la série, le sexe est échange mutuel, Faith n'hésite pas à afficher sa perception du sexe librement et ouvertement : les garçons sont utiles et utilisés pour satisfaire un besoin physique, rien de plus. Ainsi, la brune Tueuse s'étonnera-t-elle que Buffy ne soit pas sortie avec Alex avant d'appliquer sa conception du sexe plus tard avec ce dernier. Si elle utilise les garçons littéralement comme objets sexuels (inversion de perceptions traditionnelles) et qu'elle aime dominer lorsqu' elle couche avec eux, un autre ép. la montrera capable d’entrer dans des rapports SM lors de l’acte sexuel. Le sexe est aussi un moyen de faire souffrir, et elle y prend visiblement beaucoup de plaisir. La scène où elle manque d’ étrangler Alex en le chevauchant (ép. 3.15 « Conséquences »), alors que ce dernier était venu la voir pour tenter de la ramener « sur le droit chemin », est d’une violence (physique, psychologique) et d’une noirceur incroyable, en même temps que la scène exerce (peut-être) une forme de fascination. Dans cet épisode où la scène a lieu, Alex est sauvé juste à temps par Angel, qui veillait dans l’ombre sur Buffy et Faith, et la Tueuse se justifie en disant que ce n’était qu’un jeu et qu’elle se serait arrêtée à temps ; ce qui est plutôt difficile à croire et pour Angel, et pour le téléspectateur. Car le problème est qu’il y a aussi un plaisir, une satisfaction à faire le mal, ce que sait parfaitement le vampire avec une âme, et le sexe est, aussi, un moyen de domination de l’autre. Ce que semble avoir parfaitement compris Faith, qui souhaite garder le contrôle en n’importe quelle circonstance.

Déjà apparue dans « The Wish », il convient de noter que dans "Dopplegangland", on met en scène l'approfondissement du personnage de la Willow-vampire. Dans ce second ép. la faisant intervenir, un élément est particulièrement troublant : le peu de place laissé de sa part au langage, qui ne semble servir que pour décrire des "sentiments", ce qu'elle ressent. A la différence de Willow, la Willow-vampire est tout entière tournée vers l’animalité, la sensualité, le plaisir physique. Alors que Willow parle souvent, beaucoup, parfois à tort et à travers, son double laisse principalement parler son corps. La Willow-vampire aime, tout comme Faith, être dans un rapport de domination avec les mâles. de même qu'elle apprécie également les filles et la compagnie féminine. Le personnage permet aussi d'introduire le coming out de Willow qui suivra.
 Il est intéressant de voir que ce second ép. où ce double intervient montre un aspect de la personnalité de Willow mis en avant jamais vraiment montré mais prévisible et cohérent avec ce que l’on connaît du personnage. Prévisible. C’est ce que l’entourage de Willow pense d’elle, et qui s’accompagne du fait que Willow est personne extrêmement serviable, jusqu’à ce que les personnages en abusent. Mais contrairement aux apparences et à ce qu’on pourrait penser d’elle, Willow est le second personnage fort de la série (elle connaîtra d’ailleurs sa propre descente aux enfers, sa chute et sa résurrection, après avoir dirigé le Scooby-Gang dans la saison 6), peut-être bien plus qu’Alex (même si ce dernier sera traité avec tout autant d’importance). Le début de la série a pu montrer le caractère indépendant de la jeune fille, ce qui sera confirmé par l’épisode 3.11 « Intolérance ». L’épisode subodore qu’ elle a du de toute façon s’occuper d’elle-même avec des parents souvent absents, où qui s’intéressaient peu à leur fille. Elle commence à fréquenter un groupe de jeunes sorcières afin de pratiquer la magie noire et de jeter des sorts sans qu’aucun des autres membres du Scooby-Gang ne soit réellement au courant. Mais puisque la série a pour thème central l’évolution, le passage à l’âge adulte, Cet ép. nous présente une autre facette de sa personnalité juste avant de la modifier et d’insister sur l’affirmation de soi que connaît le personnage.
 Un développement pourrait être fait ici avec l'imagerie SM qui parcourt cette saison 3. Angel redevenu une bête sauvage, Buffy ne voit d'autre solution que de l'enchaîner, tout comme Buffy le sera pour faire croire à Faith qu'elle est à sa merci. L'univers de Buffy laisse place à davantage de violence, de noirceur, même (et surtout) dans la présentation des rapports sexuels.


C - "Helpless" : les références avouées de Buffy the Vampire-Slayer.

 Cet épisode illustre plusieurs choses. Au moment où Buffy assumait enfin ses pouvoirs, elle se retrouve brutalement privée de ces derniers. Et alors que pourrait s'en suivre une série de réactions que la Buffy passée nous permettait d'attendre, soulagement du fait qu'elle ne puisse plus être la Tueuse, joie de pouvoir (enfin !) aspirer à une vie normale tant souhaitée, Buffy se retrouve... désemparée ; décontenancée. Si je n'ai plus mes super-pouvoirs, qu'est-ce que je suis ? Semble nous dire Buffy par sa façon d'aborder cette nouvelle situation. Peut-être que la volonté de définir chacun des personnages de la série fait écho au besoin que les personnages ont (que nous avons) de pouvoir nous définir pour exposer notre différence aux autres.
 "Helpless" est également important à observer car plusieurs des références à l'origine de la série y sont présentes, de manière implicite ou explicite :
 - les Super-héros. Buffy est, à l'image de nombreux super-héros de comic-book dôtée de facultés supérieures : super-force, agilité... Bien que la série ne nous ait jamais présentée dans le détail l'ensemble de ces super-pouvoirs, nous montrant toujours Buffy comme une jeune fille comme les autres, et s'appuyant sur sa personnalité. Ici, une scène est assez significative. Le téléspectateur sait que la soudaine perte de pouvoirs est le fait de Giles, en exposant Buffy à une pierre dôtée de certaines propriétés. Lors d'un de leurs "briefings" (moment où les membres du Scooby-Gang se réunissent dans la bibliothèque), Oz et Alex évoquent les différentes variétés de Kryptonite apparues dans Superman. Montrant d'ailleurs aussi involontairement les dérives du procédé scénaristique, les auteurs désirant apporter un changement concernant le personnage lui-même s'étaient mis à inventer plusieurs variétés de Kryptonite, différentes dans leur façon d'affecter le personnage suivant leur couleur. La référence dans le texte à ce personnage et à l'une de ses principales faiblesses montre la filiation entre les deux personnages.
 - Une autre des références de Buffy est le conte de fées. Buffy, souvent considérée à tort comme une série fantastique, appartient en réalité au registre merveilleux, et en reprend bien des éléments : sorcières, sorts, envoutements, monstres, objets magiques, tout comme on peut en trouver dans le conte de fées. De plus, la série comporte aussi la dimension psychanalytique propre aux contes de fées. Dans l'épisode, dans une scène nocturne, Buffy marche seule dans les rues de Sunnydale. Elle porte un pardessus rouge, qui la fait ressembler au célèbre Petit Chaperon. L'épisode "Intolerance" pourrait être considéré comme lui faisant écho. Cet épisode fait également référence à l'univers des contes de fées, en transformant les Hansen et Gretel du conte en enfants diaboliques, en réalité le déguisement d'un démon. Ces références de la saison 3 mettent en évidence un autre fait : Buffy the vampire slayer ne souffre pas de la "confusion des genres" comme X-Files. Cette série appartient au registre merveilleux, à la "fantasy" (pour utiliser le terme anglo-saxon). La magie, les démons, les phénomènes surnaturels sont montrés comme allant de soi, et leur existence n'est jamais remise en question par les personnages qui semblent accepter naturellement l'existence de vampires, de loup-garous ou de monstres. La série se déroule dans un autre univers où la magie existe (la ville de Sunnydale). La série n'est pas, à proprement parler, une série fantastique, à moins que l'on ne considère le merveilleux comme un sous-registre du fantastique. On pourrait aussi avancer l’idée que les habitants de Sunnydale savent très bien qu’ils vivent dans une ville où tout peut arriver, même s’ils ont tendance à se voiler la face.
 - Enfin, une dernière référence affichée par la série est les films d'horreur. Alors qu'elle s'est retrouvée confrontée à des vampires qui l'attaquaient, Buffy n'a pas d'autre solution que de s'enfuir à toutes jambes. L'argument qui avait donné naissance (entre autres) à la série se retrouve une nouvelle fois inversé. Ce qui avait pu donner naissance à la série, c'est que Whedon rêvait de voir la jeune bimbo blonde des films d'horreur (l'un des stéréotypes du genre) se mettre à frapper son agresseur et lui tenir tête. La série proposait une première inversion d'un schéma traditionnel. Ici, dans cet épisode, Buffy redevient malheureusement cette simple jeune fille vue à plusieurs reprises dans différents films d'horreurs et se retrouve obligée de fuir, au risque sinon de succomber. Nouvelle inversion du schéma original de la série.



II) La mythologie de la série

A - Adultes et adolescents

 La mythologie se développe encore lors de cette saison en se concentrant cette fois sur un élément resté encore bien mystérieux, le Conseil des Observateurs, sur lequel s’attarde cette troisième année de la série. Ce dernier était en effet resté dans l'ombre, n’étant connu du téléspectateur que par les allusions de Giles. Mais c’est lors de la saison 3 que ce Conseil sort de l’ombre et se présente à nous par l’intermédiaire de différents représentants. Nous apercevrons au cour de la saison 3 de Buffy the Vampire-Slayer différents personnages liés au Conseil des Observateurs : Gwendolyn Post, une ancienne membre du Conseil corrompue par l’attrait du pouvoir (ne préfigure-t-elle pas, d'une certaine manière, le destin de Faith ?) ; Wesley Windam-Price, qui présente bien des points communs avec Giles, par l’origine commune que les deux personnages partagent (tous deux sont en effet britanniques), mais qui en même temps nous montre d’autres aspects de l’Observateur type ; Quentin Travers, le chef du Conseil, venu lui-même à Sunnydale dans le cadre du test que toutes les Tueuses ayant atteint leur majorité doivent passer : affronter un vampire psychopathe sans leurs super-pouvoirs.
 La saison 3 poursuit de ce côté le travail effectué lors de la saison 2 sur le travail de Giles, en le confrontant à d’autres modèles de Watchers. Et à la grande surprise des fidèles de la série, Giles n’est pas aussi régulier ni aussi traditionnel dans son rôle qu’on pouvait alors le penser. Les autres Observateurs semblent plus rigoureux, attachés à la tradition et à l’ordre, alors que Giles est plus progressiste dans sa façon d’appréhender sa fonction. Dans l’épisode le plus important pour cette partie de la série, "Selfless", Giles remettra en cause le test, la tradition, qui peuvent mettre en péril la vie de l’Elue.
Gwendolyn Post, en remettant en question le savoir de Giles et en constatant les manques de sa bibliothèque, exaspère Giles. Un bon observateur est censé en effet posséder les ouvrages de référence ainsi que passer son temps dans leur lecture. Giles est d' une certaine façon jugé, évalué, et la situation n'est pas à son avantage.
 On comprend avec cette saison 3 que Rupert Giles s'éloigne de la figure traditionnelle de l'Observateur pour évoluer. Il n'y a qu'à voir les différences avec un autre Watcher certes plus jeune, et moins expérimenté, mais qui ressemble à ce qu'était Giles au tout début de la série. Wesley Windham-Pryce, le nouvel Observateur envoyé par le Conseil pour superviser Faith et Buffy, devient le nouveau contre-point comique (rôle qu'incarnait Giles, permettant de savoureux échanges entre lui et les membres du Scooby-Gang) pour permettre de montrer un Giles plus aguerri, qui devient peu à peu un homme d'action prenant de plus en plus part aux batailles et aux luttes (physiques) contre vampires et démons.
On peut ici remarquer peut-être une nouvelle incohérence dans la série (qui n'en manque pas, privilégiant une logique de divertissement à une logique réelle) : Si un Watcher avec davantage d'expérience a pu avoir du mal à s'occuper de Buffy, jeune fille un peu rebelle, comment un Conseil, qui doit représenter une certaine sagesse, peut-elle envoyer un jeune homme apparemment complètement inexpérimenté, dont les connaissances sont avant tout prises des livres, s'occuper de deux Tueuses ? Comment le Conseil, sous le seul prétexte que ce dernier n'entrera pas dans un rapport père-fille, peut-il envisager de lui confier la charge des deux jeunes filles ? Et d'ailleurs, comment un tel Conseil exclut-il la nécessaire confiance mutuelle que doivent avoir un Watcher et sa Tueuse l'un envers l'autre ? Un point commun est en tout cas partagé à la fois par Rupert et Wesley : une méconnaissance totale, avant d'y être confronté, de la psychologie des adolescents, de leur mode de vie et leurs préoccupations. Ne pourrait-on pas alors les considérer comme des doubles possibles des téléspectateurs adultes qui seraient amenés à suivre la série ?
 Si la saison 3 insiste sur le fait que Giles est une figure paternelle de substitution, d'autant plus que celui-ci s'est rapproché davantage de Joyce, la mère de Buffy (sous l'effet d'un sortilège, il couchera même avec elle, même si cela se passe hors-champ et que l'on ne l'apprend que bien plus tard, en même temps que Buffy !)
On apprendra, entre autres, que le Conseil possède sa propre milice destinée non pas à aider la Tueuse, mais à arrêter les Tueuses récalcitrantes et étant devenues dangereuses car incontrôlables.

La saison introduit également le personnage du maire, apparition prévue déjà l'année dernière, celui-ci ayant été mentionné à plusieurs reprises lors de la saison précédente (sans que l’on y prête réellement attention). Ce personnage s’inscrit dans la mythologie parce c’est en enquêtant sur l’individu que le Scooby-Gang prend conscience de l’horrible réalité : Sunnydale est en fait une ville construite par le maire lui-même, une ville qui pourrait servir aux démons afin de sustenter leurs appétits. Ce qui explique pourquoi, par exemple, la ville ouvre sur une « bouche de l’enfer ». Cette figure d’autorité que représente le maire a un rapport assez ambigu avec la jeunesse. Reconnaissant, lorsqu’un groupe de scouts est invité à la mairie pour prendre une photo avec ce dernier, que les jeunes sont l’avenir du pays, il ne peut imaginer une jeunesse totalement affranchie et garde l’idée d’une nécessité constante de les surveiller. Sans aller aussi loin que le Principal Snyder, personnage envisageant toujours le pire et obsédé par ce que pourrait faire de répréhensible ses lycéens. En d’autres termes, bienveillance mais vigilance. La jeunesse, si elle constitue le terreau de l’avenir, doit toutefois être dirigée. Totalement conscient de ce qui se passe dans sa ville, on apprendra d’ailleurs au détour d’une conversation, lors d'une de ses premières apparitions, qu’il est parfaitement au courant de ce qui se passe dans sa ville, et des agissements des forces de la nuit.
Le maire, vis-à-vis de Faith, représente également, comme s’il était un double inversée de Giles, une figure paternelle pour la Tueuse sans attaches. On pourrait dresser facilement un tableau de ce qui les rejoints autant de ce qui les distingue. Ayant pris la jeune fille sous son aile, cela constituera sa première faiblesse. Si Giles tente de le transpercer d’ une épée, ce qui causera sa perte sera son attachement à cette jeune fille. Pour ces deux personnages également, et par leur traitement, Faith et le maire, la série conforte un de ses principaux thèmes : la solitude, et le besoin de s’attacher à quelqu’un.


 En observant ainsi deux des principales figures de cette saison 3, d’un côté le maire, figure paternelle, et les Observateurs, on peut penser que la saison confronte en réalité deux mondes : l’ordre, la loi, les parents et l’autorité, et les adolescents, leurs enfants, le chaos, des agissements hors-la-loi. La saison 3 explore aussi cette strate de la société. Les deux mondes semblent en effet coupés, séparés, sans que le lien entre les deux ne soit extrêmement difficile. Et la série montrera comment est long, difficile et sinueux le chemin de l’un à l’autre. D'ailleurs, à travers deux épisodes particuliers, la série confronte les deux groupes pour les dernières fois, avant de faire glisser les principaux personnages de l'un à l'autre. La série traduit par les personnages un malaise du rapport entre les deux « groupes » qui se parlent difficilement. Il suffit de voir les relations conflictuelles entre Joyce et sa fille au début de la saison (rendues encore plus compliquées après que Joyce ait appris la vérité sur sa fille), auxquelles peuvent faire écho la relation (l’absence de relation) entre Willow et sa mère, qui comble du comble, s’abreuve aux discours des sociologues et autres psy pour comprendre sa fille ! Seul Rupert Giles parvient encore à garder lien avec les membres du Scooby-Gang. Deux épisodes traduisent l’ affrontement entre les deux générations : l’épisode "Band Candy" montre des adultes revenus de l’autre côté de la barrière, au grand désarroi des adolescents obligés alors de se conduire de façon mature et de leur faire la leçon. Les rapports s’inversent, cette situation prenant même un aspect effrayant. Les adultes sont tenus de se comporter en adulte, de constituer des repères rassurants pour aider les adolescents.
 Le second épisode est "Intolérance", où un comité réunissant l’ensemble des parents de Sunnydale est organisé sous la présidence de Joyce. Là, les parents, dans leur aveuglement et leur refus de comprendre leurs enfants, deviennent alors l’ennemi. Ils entament une croisade stupide car alimentée par leurs préjugés à l'égard des jeunes. Dans les deux cas, les adultes sont mis en porte-à-faux, pas forcément montrés sous leur meilleur jour. Les deux épisodes se renvoient montrant les dérives possibles de deux attitudes opposées. Trop autoritaires, castrateurs dans leurs attitudes, ou au contraire trop laxistes qui laisseraient une liberté complète à leurs enfants.


B - Le couple Buffy / Angel

 La saison 3 est tout aussi importante dans le fait de mettre fin à un élément de la dynamique interne de la série, le couple formé par Buffy et Angel. Jamais réellement séparés, les deux amants se retrouvaient déjà, dès le début de cette troisième année dans l'Onirique. Les premiers ép. nous montrent une Buffy ne pouvant s'empêcher de rêver de son amour perdu. Mais les scénaristes de la série comprenaient que la relation entre les deux personnages ne pouvant aboutir, décidèrent de séparer définitivement le couple. Angel, après avoir manqué de succomber au remords le submergeant (dans l'ép. 3.10 "Amends"), prendra la décision de quitter définitivement Buffy et Sunnydale pour suivre sa propre voie. D'autres personnages l'aideront à prendre cette difficile décision.
Quatre personnes feront prendre conscience au ténébreux vampire, à plusieurs reprises au cours de la saison, que leur amour est condamné : le maire (ép. 3.19 "Choices"), la mère de Buffy, Joyce (ép. 3.20 "The Prom"), Spike, un peu plus tôt dans la saison (bien qu'il s'adresse aux deux amoureux Buffy et Angel), lors de son retour à Sunnydale, et aussi... lui-même. Ou plus précisément son inconscient, par le biais d'un rêve. En effet, dans l'ép. 3.20 "The Prom", Angel rêve qu'il se marie avec Buffy. Un mariage avec eux uniquement, sans aucun invité ni témoin. Mais lorsqu' ils sortent de l'église, à la lumière du jour, Buffy prend feu et est consumée par les flammes. Au grand désespoir d' Angel qui ne peut rien faire pour elle.
 Ce rêve peut être interprété comme un message de l'inconscient d'Angel, qui doit lui faire prendre conscience que l'amour qu'il éprouve pour Buffy est voué à l'échec. Ce rêve le conduira à faire le plus douloureux des choix : se séparer de Buffy et quitter Sunnydale. Au grand dam de cette dernière.


C - Le couple Buffy / Giles

Ce couple aura connu des étapes bien difficiles lors de cette saison 3, qui peut-être n'auront fait que renforcer leurs liens.
 - Giles aura eu à subir d' une certaine façon la trahison de Buffy qui ne lui a pas appris le retour d'Angel. Une faute grave, selon lui, Buffy ne respectant pas ainsi sa douleur suite à la mort de Jenny Calendar. Même si Giles ne lui en tiendra pas personnellement rigueur, peut-être cette attitude de Buffy est-elle destinée à montrer d’une certaine façon l’égoisme latent de la jeune fille.
 - Giles aura à son tour trahi la confiance de sa Tueuse en la faisant participer au test du Conseil. La fin de l'épisode nous montrera que si la douleur est grande des deux côtés, du fait de la trahison du père de substitution, du guide, du mentor, les choses s'arrangeront avec le temps.



III) Devoir et responsabilité

La série, puisqu'elle a pour thème principal l'histoire d'une Tueuse (et même si la jeune fille ne tue que des monstres et autres créatures de la nuit) présente une certaine violence. Cela, les auteurs ne l'ont jamais nié et savent qui regarde en majorité leur série. D'où la conscience aigue d'avoir une certaine responsabilité liée à la question de la violence, surtout dans un pays où les armes sont en vente libre et où il peut être facile de s'en procurer (argument facile ressorti à tout bout de champ).

 De ce fait, un épisode va traiter en particulier de cette question, ainsi que de la violence que l'on peut s'infliger à soi-même : le suicide. "Earshot" met en effet en scène le personnage de Jonathan. Type même du loser, faisant d'une certaine façon écho à Alex, il est l'élève qui, au pire rate tout, au mieux passe tout à fait inaperçu durant le lycée. Dans la série, il est déjà apparu à maintes reprises, jouant les victimes potentielles un nombre incalculable de fois sans que le spectateur ne le remarque plus que cela. Débordé par la souffrance, il monte au point le plus haut du lycée avec un fusil. Buffy, qui a réussi à le repérer à temps, pense qu'il a prévu de commettre un massacre sur les autres lycéens. Mais il ne voulait que se supprimer lui-même. Quand la douleur devient trop insupportable, on tourne la violence vers les autres, ou soi-même. Ce qui montre tout de même, mine de rien, une connaissance très fine des tourments qui peuvent hanter les adolescents, et le fait que la série sait fort bien associer gravité et humour, pesanteur et légèreté. Et Buffy, qui n'a jamais envisagé (apparemment) d'en arriver à une telle extrémité (du moins jusqu’à cette troisième saison), a une réplique absolument brillante, car terriblement lucide et juste : si personne ne fait attention à toi, ne te remarque, c’est que c’est la même chose pour tout le monde, tous les lycéens ressentent cela. Tout le monde est occupé avec ses propres problèmes. Un propos terriblement juste et audacieux, dans une série où l’adolescence est vue comme une série de tourments, alors que les séries qui la copient ont tendance à omettre cet aspect des choses, de la réalité. Dans la tête des adolescents, c’est bien souvent le chaos. Et cela met en exergue le caractère parfois égocentrique d’ un ado, tout comme le montrera l’ép. 4.17 « Superstar » de la saison suivante. Dans cet ép., Jonathan, la star de son monde imaginaire, est le centre de toutes les préoccupations, de toutes les attentions.
 Ceci pour montrer que les auteurs n’hésitent pas à traiter de sujets graves et n’ont jamais choisi la facilité, mais ont toujours cherché à dépeindre l’adolescence de la façon la plus juste possible, tout en étant conscients de leur responsabilité vis-à-vis de leur principal public.




IV) Des personnages en évolution

De plus en plus, les personnages vont être, au cours de cette saison, reliés à une fonction, un rôle (tout comme dans les RPG, si on peut faire la comparaison) qui permettra de les définir. De plus, contrairement aux saisons précédentes, certains ép. se concentreront davantage sur certains personnages, cassant ainsi un peu la structure d’un épisode classique ou la dynamique de groupe, en plus de se concentrer sur l’évolution personnelle du personnage ainsi montrée. L’autre caractéristique du groupe, c’est qu’il continue à s’étendre, à intégrer d'autres membres, au risque de négliger certains personnages. Alors que le Scooby-Gang n’était constitué à l’origine que de quatre personnages (qui resteront d’ ailleurs toujours le noyau dur du groupe), il présente désormais 9 membres : Buffy, Alex, Willow, Cordelia, Giles, Oz auxquels s’adjoignent Angel (une fois celui-ci ressuscité), Faith, et Wesley Windam-Pryce, le nouvel Observateur. Ce qui commence bien sûr à faire beaucoup, et va permettre la naissance du spin-off Angel, certains personnages pouvant être réinjectés dans la série dérivée.


Buffy : la Tueuse, « the Chosen One » (l’ Elue, en VF). Celle que les forces du bien ont choisie pour combattre vampires et démons. Mais elle est aussi Buffy Summers, une jeune adolescente de 17 ans essayant d' avoir une vie normale. La saison marque tout d'abord une évolution notable du personnage par rapport à son statut, son rôle. A noter lors d'un petit jeu auquel se livrent Buffy et Willow, à la fin de l' ép. 3.02 "Dead man 's party", chacune insultant l'autre, l'épisode se termine sur Buffy traitant Willow de sorcière et Willow qualifiant son amie de "freak", ce qui signifie monstre, aberration, créature anormale. Cordelia l'appelle aussi ainsi. Buffy n'est pas, malgré ce qu'elle voudrait être, une créature ordinaire. Sa nature de Tueuse n'est pas vu comme quelque chose de normal, de naturel. Elle est perçue comme une sorte de mutante. Serait-ce une façon d’ introduire le fait qu’elle n’est pas si éloignée des monstres, des démons qu’elle combat ?
 Si la saison 3 marque un changement évident du personnage, en plus de nous révéler encore des aspects cachés de sa personnalité, Buffy reste toujours aussi humaine et proche de nous. Et une nouvelle peur apparaît chez elle, la peur de l'université, d'être confrontée à un nouvel univers inconnu, où elle n'est pas sûre de parvenir à trouver sa place, bien que tout le monde l'y encourage.

Willow : suite au sort jeté pour restaurer l'âme d' Angel à la fin de la saison 2, Willow a pris goût à la magie. On la voit de plus en plus plonger dans ce domaine, et l’ép. 3.02 nous apprend qu’ elle a passé une grande partie des vacances d’ été, en l'absence de ses amis, à commencer à pratiquer la magie noire. Elle commence à cotoyer d'autres sorcières (cf. ép. 3.11 "Intolérance"), à commencer à agir sur les objets qui l' entourent. Elle parvient par exemple à faire léviter un crayon de bois, commençant ainsi à faire montre de certaines capacités magiques. C’est dans cette saison que son personnage gagne en indépendance et en force de caractère. Elle aussi se verra en partie consacrer un ép. destiné à approfondir et à marquer son évolution : "Dopplegangland", qui marque le retour de la Willow vampire et surtout s’amuse avec certains traits de caractères du personage : sa serviabilité, sa gentillesse naturelle qui la pousse à un peu tout accepter, sa nature prévisible.

Alex Harris : l’ami de toujours, le garçon courageux et loyal. Mais aussi le loser (tout du moins en apparence), dont le chemin aura été le plus difficile d’entre tous. Les scénaristes, qui ont conscience qu’ils n’ont pas développé chez lui d’aptitude particulière, à la différence des autres personnages, vont jouer à en faire le héros d’une nuit au cours d’un ép., "Zeppo", qui démontre tout de même, paradoxalement, les qualités du personnage.

Angel : Il apparaît au tout début de la saison dans des rêves de Buffy. Puis pour recréer un couple, le ténébreux vampire revient de la dimension démoniaque où Buffy avait dû l'envoyer pour fermer le portail. Mais le personnage est peu intéressant dans cette saison ; il est assez fade. Mais un épisode entier lui sera tout de même consacré (ép. 3.10 "Amends"), censé introduire son départ de la série que les épisodes suivants prépareront également. Cet épisode sert à nous montrer les tourments que peut faire subir le poids de l’âme retrouvée à un vampire, les souvenirs des nombreuses victimes remontant à la surface.
 Quatre personnages vont servir à donner cette prise de conscience et le déclencheur à sa décision de quitter la ville. Spike tout d'abord, qui montre à Buffy et Angel qu'ils se trompent et se mentent à eux-mêmes. Chacun est amoureux de l'autre, ils ne peuvent rester de simples bons amis. Le maire ensuite, qui insiste auprès d'Angel sur la différence d'âge entre lui et la jeune fille, Joyce, qui craint qu'il ne ressorte rien de bon de la relation des deux amoureux. C'est pourquoi elle lui demande de partir. Et enfin le subconscient d'Angel, qui lui fait comprendre à travers un étrange rêve que ces personnages ont raison et qu'il doit quitter la ville, à la fois pour lui et pour elle. Dans le rêve en question, Angel et Buffy se marient dans une église, sans aucun témoin. Puis à leur sortie de l'église, les rôles s'inversent. Angel voit Buffy prendre feu à la lumière du jour, tout comme les vampires exposés à la lumière du soleil.

Giles : il reste l’Observateur, le protecteur de Buffy. Cette saison voit le personnage s'éloigner de la figure traditionnelle de l'Observateur pour le voir prendre part davantage à l'action. Et ce, même après avoir été renvoyé du Conseil des Observateurs. On aurait pu croire qu’une telle décision l’affecterait davantage. Mais non. Car cela ne l’a jamais empêché de rester proche de Buffy, et aussi parce que le personnage prend conscience d’un terrible changement : Buffy n’est plus tout à fait la même jeune fille qu’il rencontra deux ans plus tôt ; elle a déjà muri et grandi, au point de ne plus être tout à fait la même. Plus libre, indépendante, enfin consciente de son rôle et de son statut, elle ne craint plus d’ être confrontée seules aux forces du mal. Du moins en apparence. D’ où la question qui se pose alors à Giles : une Tueuse sans Observateur(trice) reste une Tueuse ; mais que devient un Observateur sans Tueuse à protéger ? Cette situation sera davantage encore creusée dans la saison 4.

Oz : il reste Oz. Le toutou de Willow. Le personnage n'aura jamais été véritablement exploité, se contentant d’ être le petit ami de Willow. « Là où Willow va, je vais. » (ép. "Homecoming"). Alors qu'il reste le petit ami de Willow, il finira par découvrir la relation amoureuse entre elle et Alex. Mais à la différence de Cordelia, il acceptera de pardonner à Willow et se remettra avec elle.
Un des personnages que je déteste le plus dans Buffy, comme vous l’aurez remarqué.

Cordelia Chase : séparés par les grandes vacances, qu'ils ont passées chacun de leur côté, Alex et Cordelia décident de reprendre leur relation. Mais c'est lorsqu'Alex semble avoir enfin trouvé quelqu'un que des sentiments pour Willow se concrétisent. Cordelia finira par l'apprendre, et contrairement à Oz, il ne pardonnera pas à son ancien amour. A partir de ce moment, le personnage perd de l'importance pour reprendre son rôle de garce, n'apparaissant plus que pour lancer des piques à Alex. Ce côté pimbêche est réintroduit au cours de cette saison, notamment lorsque son égoïsme la pousse à oublier d’avertir Buffy au sujet de la photo de classe, ou lorsqu’ elle souhaitera que Buffy ne soit jamais venue à Sunnydale. En fin de saison, lorsque sa rupture avec Alex sera consommée et qu’elle flirtera avec Wesley, elle sera surtout présente pour des joutes verbales répétitives avec Alex, se plaisant à le tourmenter. Il était donc peut-être temps là aussi que son personnage quitte la ville, celui-ci commençant un peu à tourner en rond dans les murs de Sunnydale.

Anyanka /Anya : il s’agit d’un démon de la vengeance, chargé de venger les femmes bafouées et de se venger des hommes. Ce qui sera le cas de Cordelia. Le personnage ne devait être à l'origine présent que pour deux épisodes, "The Wish" et "Dopplegangland". Mais puisqu’
il fallait bien qu’Alex ne se rende pas seule au bal des Terminales, Anya sera réintroduite dans la série pour lui servir de cavalière, et comme source de renseignements au sujet de l’Ascension pour le Scooby-Gang. On peut d’ailleurs y voir là les prémices de son entrée dans le groupe (ainsi que de sa relation avec Alex). Car Anya est âgée de 1120 ans et a déjà connu une Ascension. Si elle semble avoir perdu l’ensemble de ses pouvoirs, elle n’en a pas moins perdu le goût de raconter les sinistres moyens utilisés pour se venger des hommes, au grand dam d’ Alex.


" Pour en arriver là, la route fut longue pour vous, pour Sunnydale. Elle fut ponctuée de réussites, de bonheur, de bons moments. Et de chagrins. De pertes. Certains qui devraient être présents aujourd'hui sont absents. Mais nous sommes là. A la fin du voyage. Et qu'est-ce qu' un voyage ? La distance parcourue ? Le temps écoulé ? Non. C'est ce qui se produit en route. Ce sont les choses qui nous forment. A l'arrivée, on n'est plus le même. Aujourd'hui, il est question de changement. Le diplôme marque l'évolution de votre situation, et la vôtre. C'est une Ascension vers un autre niveau. Rien ne sera plus jamais comme avant. Rien. "
   -- Extrait du discours prononcé par le maire Richard Wilkins III, lors de la cérémonie de remise des diplômes des lycéens de Sunnydale de 1999, et de l'Ascension de ce dernier (ép. 3.22 "Graduation Day II").


LE FUTUR EST NÔTRE !
   -- Inscription portée sur le Yearbook des lycéens de Sunnydale '99, et sur laquelle se conclut la saison 3 de Buffy the vampire slayer.
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" Ce qui est important, avec la série, c'est qu' on est tous Willow, Cordelia, Buffy et Alex (...). Tout est fluide, tout change, les alliances changent. On est tous cruel. On est tous heroïque. On est tous un peu de tout. "  -- Joss Whedon.

Commentaires

L'un de mes saisons favorites dans la première partie de la série. Le maire est un de mes bad guys préférés, et la tension dramatique de la fin de la saison est énorme.

Faith, la tueuse la plus ambigûe du Buffyverse, apparaît également dans cette saison.

Bref c'est du tout bon, et pour moi la saison qui marque un tournant dans la série, en lui apportant de nouveaux personnages vraiment intéressants tout en représentant un cap vers le monde adulte pour les héros.

Une autre chronique, plus axé sur les vampires ici : http://blog.vampirisme.com/vampire/?184-whedon-joss-buffy-contre-les-vampires-saison-3-1999

Écrit par : Vladkergan | jeudi, 19 mars 2009

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