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dimanche, 14 juillet 2013

Buffy, la semaine spéciale "Buffy Memories", Jour-7 : une présentation de la série par David Dunn.

     Pour clôturer cette semaine spéciale Buffy, j’avais imaginé une dernière note sur l’épisode détesté. Mais finalement, il n’y a qu’un épisode que vraiment je déteste, c’est le 6.12 “Double Meat Palace” : Buffy se retrouve obligée de travailler, et devient employée dans un fast-food. Un épisode stupide qui propose une charge gratuite contre ce type de restaurants, souvenir de galère des scénaristes. Mais finalement, il n'y a pas vraiment de matière pour rédiger une note complète. Il aurait fallu, de plus, que je me refasse l’épisode, et je n’y tiens pas ! Du coup, je termine “Buffy Memories” d’une autre manière, plus originale.

J’ai choisi de republier ici, sur ce blog,  un texte écrit il y a de nombreuses années par David Dunn, un sériephile rencontré sur les forums Mad Movies et Next Avalon (aujourd’hui disparu, hélas), à la belle plume lui aussi, et grand admirateur du travail et des séries de Joss Whedon. Contacté il y a peu, il a gracieusement accepté que je republie son texte à l'occasion de cette série de notes rendant hommage à l’une des meilleures séries offertes par la télévision américaines. Et je l’en remercie encore une fois. Un texte synthétique destiné à présenter toutes les qualités de la séries, mais aussi un texte de combat, destiné aussi à défendre la série contre ceux qui en auraient encore une vision biaisée, parcellaire, et refuseraient de la prendre pour ce qu’elle est, une Grande, une immense série.

 

     S’il existe une série incroyablement sous-estimée en France, c’est bien Buffy Contre Les Vampires. Victime de nombreux préjugés, celle-ci se retrouve très souvent cataloguée au même niveau qu‘un Charmed (donc extrêmement bas) et est très peu regardée dans notre beau pays. Parce que beaucoup de spectateurs ne font pas l’effort de dépasser leurs idées préconçues, souvent basées uniquement sur un titre volontairement parodique, Buffy Contre les Vampires, probablement l’une des séries les plus intelligentes à ce jour, est considérée comme idiote par un large public, qui ne la comprend pas.

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Or, pour comprendre réellement ce qu’est Buffy, il faut connaître le mot-clef de la série : Métaphore.
Contrairement à ce que pensent certains fans, la majorité du grand public n’est pas du tout conscient de l’aspect hautement métaphorique de la série. Car grâce aux vampires, aux monstres, au fantastique, Joss Whedon, le créateur/producteur/scénariste principal de Buffy the Vampire-Slayer, souhaite parler de la vie en général. Mais sans les clichés habituels dans le paysage télévisuel américain (ou autre). En effet, Buffy traite de la "vraie vie", avec justesse et finesse. La série et ses personnages évoluant réellement avec les années, les différentes épreuves (physiques, mais surtout psychiques) qui jalonnent la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte y sont matérialisées par le surnaturel.
    Ainsi, lorsque Buffy, fille de père divorcé et absent, voit avec méfiance sa mère se rapprocher d’un éventuel futur beau-père relativement douteux, ce dernier se trouve être au final un robot assassin (métaphore du beau-père violent). Autre exemple provenant du début de la série, lorsque à Sunnydale un proviseur se montre incapable d’autorité, il finit littéralement mangé (« tout cru ») par ses élèves (dans l'épisode 1.06 "The Pack"). Et quand Buffy est obligée de devenir vendeuse – un métier qu’ elle trouve très ennuyeux – celle-ci se retrouve coincée dans une boucle temporelle, où un client impossible à satisfaire viendra la harceler indéfiniment.
    Les thèmes abordés au cours des sept saisons sont beaucoup trop nombreux pour en faire une liste complète, mais on y trouve, entre autres, les premières expériences sexuelles, en particulier celles où le garçon se transforme en monstre (ou en vampire sans âme) après avoir eu ce qu’il voulait, les relations gay (le couple homosexuel réaliste composé par les magiciennes Willow et Tara), les responsabilités de l’âge adulte (s’occuper de sa sœur, trouver un travail, etc.), mais également la dépression.

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Car Whedon n’a pas peur d’aborder les passages les plus noirs de la vie des jeunes adultes. « Grandir, c’est aussi passer par des étapes un peu sales, malsaines » dit-il. Ainsi, lors de la cinquième saison, Buffy se montrant de plus en plus attirée vers la mort, elle s’éloigne petit à petit de ses amis, devient plus froide (une froideur déjà présente dans le personnage, que les scénaristes ont toujours volontairement entretenue), et commence à perdre toute envie. Et si, à l’issue de la saison, celle-ci se donne la mort pour sauver sa sœur, mais également l’humanité tout entière, son geste, tout en restant particulièrement héroïque, peut facilement être interprété comme la métaphore d’une tentative de suicide.
    Une tentative ayant échoué grâce à ses amis, qui l’ont ramenée à la vie au début de la saison 6. Mais là où une autre série aurait traité cette résurrection comme un événement ponctuel chargé de faire grimper l’audience, Whedon fait toujours en sorte que chaque événement de l’histoire ne soit pas sans conséquence (il n’y a jamais de statu-quo dans Buffy). De retour du paradis, notre héroïne tiendra alors intérieurement rancune à ses camarades de l’avoir ramenée et s’enfoncera plus profondément encore dans la dépression.
Une dépression traitée sous un angle réaliste. Pas avec des ronchonnements et des plaintes interminables comme cela aurait été traité dans la plupart des autres séries, mais plutôt le développement progressif et crédible des symptômes de cette affection. Ainsi, tout au long de la saison, la tueuse se sent comme déconnectée du monde qui l’entoure. Ce sentiment trouvera son expression métaphorique la plus nette dans l’épisode 6.17 "Normal Again", où Buffy se réveille dans un hôpital psychiatrique, où on lui explique que tous les évènements s’étant passés dans la série ne sont que le fruit de son imagination.
    Séduit par ce monde sans monstre (le nôtre), elle devra alors tuer ses amis « imaginaires » (Alex, Willow, et tout le Scooby Gang, comme on l’appelle dans la VO), pour pouvoir redevenir « normale à nouveau ». Mais au final, lorsque la mère de Buffy lui dira d’avoir confiance en elle, celle-ci commencera alors enfin à sortir de la dépression (et à se reconnecter à « sa » réalité) car, comme dans de nombreux cas, c’est le manque de confiance en soi qui est à l’origine de cette dépression, son sentiment d’être incapable de surmonter toutes les épreuves de la vie quotidienne (surtout depuis l’arrivée de sa sœur et la mort de sa mère).

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Si la fin de l’épisode semble indiquer que le monde de la série est bien fictif, c’est surtout pour souligner ce qu’est réellement Buffy the Vampire-Slayer : un show sur l’intériorité de ses personnages, mais également de la plupart des spectateurs. La série matérialise cette vie intérieure sous la forme d’éléments fantastiques (un peu à l’image d’un Silent Hill 2, où la ville crée des monstres et des personnages symbolisant les différents aspects de la psyché du héros). Et ceci en commençant par la base même de la série, car le personnage de la Tueuse est en réalité la matérialisation de ce que rêvent d’être les « outsiders », ceux qui se sentent rejetés lors de leurs études. « Je suis ce type que personne ne remarque. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que je suis important. Je peux sauver le monde », nous dit Whedon.
    En fait, Buffy peut être considérée comme une série salutaire pour tous ceux qui souffrent de se sentir seuls et différents, car elle leur montre que leur cas est loin d’être unique. Cet élément est parfaitement illustré dans l’épisode de la troisième saison "Earshot", où Buffy acquiert provisoirement la capacité de lire les pensées des autres (donc leur intériorité), et empêche ainsi Jonathan - un futur personnage récurrent - de se suicider, parce qu’il en a assez d’être ce garçon insignifiant, dont la peine et la souffrance n’intéressent personne.
    Buffy lui explique alors, dans une scène écrite par Whedon (qui supervise la rédaction de chaque script), que si personne ne leur prête attention, c’est parce que les autres sont trop occupés à ressentir la même chose que lui. Et comme le souligne Whedon, « voir quelqu’un blessé, rejeté, et le voir surmonter cela pour devenir plus fort, me rend plus fort moi aussi ». Buffy the Vampire-Slayer est donc bien une série qui aide ses spectateurs à grandir mentalement, et cela sans les ménager.

    En effet, Whedon annonce très clairement la couleur (et le thème central de toute la série) par l’intermédiaire de Dawn, la petite sœur de Buffy, dans le formidable épisode musical de la saison six, "Once More With Feeling". Celle-ci y affirme que « la chose la plus difficile dans ce monde, c’est d’ y vivre ». Le message est clair : la vie n’est pas belle, elle est dure. Une difficulté renforcée par les peurs (souvent non exprimées) que chacun rencontre au gré de son existence. Par exemple, la peur qui fera reculer Alex au moment de son mariage, et qui trouve sa source dans le modèle très négatif que représentent ses parents.
    Buffy the Vampire-Slayer est donc une série hautement psychologique, presque psychanalytique. Une fiction qui traite de la pensée, donc de ce qui fait de nous des être isolés, seuls. « Nous sommes tous complètement seuls dans nos esprits, et j’ai été conscient de cela dès le tout début de ma vie ». Whedon illustre cet état de fait jusque dans la chanson de "Once More With Feeling", 'Where do we go from here ?' (« Comprenez que nous allons main dans la main, mais nous marchons seuls dans la peur » fait partie du refrain).
    Heureusement, même si elle traite, entre autres, des aspects les plus difficiles de l’existence, Buffy n’est pas pour autant une série déprimante. Même dans les moments les plus sombres, les auteurs n’oublient pas de faire cohabiter drame et humour. Ceux-ci ont bien entendu compris que lorsqu’un récit est bien écrit, mettre côte à côte noirceur et humour renforce les deux. « Les gens pensent souvent que lorsque c’est drôle, c’est forcément idiot », nous dit un Whedon qui offre ici les lettres de noblesse de la comédie télévisée.
    Il aborde de cette manière tous les sujets tabous dans les séries pour ados (viol, drogue, dépression,… ) et parle de choses graves et profondes sous le couvert de la comédie et des métaphores. De plus, Buffy the Vampire-Slayer étant également un détournement de série B et de tous les clichés qui en découlent (d’où le titre un peu ridicule de la série, afin de revendiquer cette appartenance), le rythme et l’action y demeurent extrêmement importants. Rock’n Roll and 'kung-fu style' en permanence.

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Mais surtout, l’une des grandes forces de Buffy the Vampire-Slayer, c’est qu’elle dispose régulièrement d’épisodes d’exception. D’une qualité très rarement atteinte à la télévision (et parfois même au cinéma), ces épisodes ont presque tous le point commun d’ être à la fois écrits et réalisés par Joss Whedon lui-même. Celui-ci nous y montre qu’ il n’a pas peur de jouer avec le format et de sortir des conventions télévisuelles habituelles. Son style de mise en scène est d’ailleurs assez remarquable dans ce contexte, car très réfléchi et en adéquation totale avec le propos.
    Ainsi, à l’instar de M.Night Shyamalan, il préfère utiliser les longs et complexes plans-séquences dans le but de rapprocher les spectateurs de la réalité des personnages et de ne pas créer une distance par le découpage. De plus, tout comme le réalisateur d’
Incassable, il offre à ses travaux plusieurs niveaux de lecture (toujours grâce aux métaphores). Ses références au niveau de la mise en scène passant par des cinéastes comme Stanley Kubrick, il est clair que le niveau de qualité recherché ici dépasse de loin celui de la grande majorité des productions télévisées.
    Parmi les épisodes phares, on peut citer, par exemple, l' ép. 4.10 "Hush", où les Gentlemen, des créatures à l’aspect réellement effrayant, font en sorte que personne ne puisse émettre un son à Sunnydale pendant les deux tiers de l’épisode. « Lorsque l’on arrête de parler, on commence à communiquer », tel est l’adage de Whedon dans "Hush", mais également dans "Once More with Feeling" (où les personnages expriment leurs pensées secrètes lors des chansons).
    Les grandes révélations sont donc ici données par le silence ou par le chant, ce qui est assez révélateur de l’aspect inhabituel de la série. De plus, la maîtrise de Whedon à la mise en scène lui permet d’incorporer à "Hush" des passages extrêmement drôles ou dramatiques, sans la moindre ligne de dialogue. Quant à "Once More with Feeling", il s’agit probablement de la première comédie (dramatique) musicale télévisée où chaque mot compte, où toutes les chansons font réellement avancer l’ histoire, tout en développant encore plus la psychologie des personnages.

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Car Buffy the Vampire-Slayer repose essentiellement sur une étude extraordinairement poussée de la psychologie de ses héros. Ceux-ci évoluent sans cesse, grandissent, font des erreurs (jamais sans conséquences), et portent les stigmates de leur vécu (Xander et sa recherche d’affection créée par l’absence de cette dernière dans ses relations parentales, etc.). L’excellent "Restless", qui clôt la saison quatre, en est une autre démonstration : par l’intermédiaire des rêves et de leur symbolique, les névroses et les peurs intimes des membres du Scooby-Gang nous y sont révélées. La série pousse l’analyse tellement loin, qu’elle offre parfois une véritable psychanalyse de ses protagonistes, mais aussi de nombreux spectateurs, qui retrouvent leur vécu dans tel ou tel personnage. Cette identification est permise par le réalisme hors du commun de la série.
    Bien sûr, certains doivent se dire « pardon, Buffy réaliste ? Avec ses vampires et ses monstres ? ». Mais il s’agit, bien entendu, du réalisme psychologique et émotionnel dont nous parlons ici. Si Whedon réussit aussi bien à faire en sorte que l’on se reconnaît très souvent dans les épreuves rencontrées par les personnages, c’est surtout parce que la série est, pour lui, un « exorcisme », une psychanalyse (justement) des ses propres traumatismes et frustrations personnels.
    Que ce soit sa scolarité difficile de jeune homme timide, n’ayant aucun succès avec les filles, la dépression qui en a résulté (et dont Buffy a hérité dans les saisons 5 et 6) ou encore la mort de certains de ses proches, tout cela se retrouve transposé dans le show. Buffy est donc, contrairement à l’idée générale, une série très personnelle, très intime. D’ailleurs, la perte de la mère de l’auteur a donné naissance à l’un des meilleurs épisodes de la série, voire de la télévision en général : "The Body".
    Un épisode sur le deuil et la mort dans ce qu’elle a de plus matérielle (d’où le titre, « le corps »), au réalisme saisissant, soutenu par une totale absence de musique et des plans séquences très longs, et à l’impact inégalé. Whedon y donne une véritable leçon de montage. Par exemple, lorsque Buffy voit arriver les secours, il s’ensuit un montage elliptique et très rapide où les infirmiers réaniment sa mère, l’amènent à l’hôpital, où elle se retrouve vite totalement guérie et entourée de ses deux filles soulagées. Mais Whedon coupe brusquement cette scène heureuse en plein milieu d’un dialogue, par un plan sur le visage blanc de sa mère toujours morte sur le divan (tout cela s’étant bien entendu déroulé dans l‘esprit de Buffy). Traumatisant.

    Peut-être un peu trop pour certains spectateurs, qui se sont plaints du ton de plus en plus sombre de la série au fil du temps, ainsi que de son aspect moins métaphorique (et donc plus cru). Mais comme le souligne Whedon, « grandir, c’est également perdre un peu de ces métaphores. La vie devient cette chose plus terre-à-terre. Les nécessités quotidiennes dévorent petit à petit les métaphores ». Mais celles-ci ne disparaissent pas complètement de la série, mais prennent une autre nature (par exemple, lorsque Buffy et Spike ont leur première relation sexuelle dans une maison qui s’écroule suite à leur affrontement - une maison qui représente la vie de Buffy, qui s’écroule elle aussi tout au long de la saison).
    Concernant ceux qui aimeraient que la série redevienne plus joyeuse, l’auteur insiste sur le fait qu’ il souhaite « donner au public ce dont il a besoin, et non ce qu’il veut ». Alors que de nos jours, on ne cesse de caresser le spectateur dans le sens du poil, au risque de s’abaisser au niveau le plus bas (voir, entre autres, la TV-réalité), Buffy the Vampire-Slayer n’a jamais peur de « blesser » ses fans. Les scénaristes n’hésitent pas à faire disparaître de manière brutale des personnages populaires, afin de rendre la série totalement imprévisible.
    Imprévisibilité accentuée par le constant retournement des clichés de la série B, dont Buffy est, comme dit précédemment, un détournement. Et ceci en commençant par l’héroïne, une petite blonde californienne, dont la fonction principale, dans ce style de fiction, serait d’être jolie et de se faire secourir par le héros musclé de service.
    Or, c’est cette bimbo qui est ici l’héroïne et qui sauve constamment le type musclé (Angel, qui tient clairement le rôle habituellement laissé à la fille dans Buffy, mais pas dans sa propre série). Whedon a toujours été un féministe et son travail le montre, sans jamais tomber dans la caricature. « J’ai été élevé par une femme forte, indépendante et très drôle. Je voulais avoir une héroïne comme cela ».

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Mais la liste des qualités de Buffy the Vampire-Slayer ne s’arrête pas là. En effet, la série est également réputée pour ses dialogues très travaillés, qui sonnent vrai, tout en étant souvent extrêmement drôles, mordants et ponctués de répliques cultes. Ainsi, les références à la pop-culture parcourent régulièrement les discussions des héros (y compris sur les autres séries TV) et participent à la crédibilité des dialogues. Autre qualité, les scénaristes font en sorte de ne jamais refaire la même chose de saison en saison.
A propos de cette absence de statu quo, le personnage de Dawn, la sœur de Buffy apparaissant brusquement au début de la saison 5 sans aucune explication, et dont le premier véritable épisode est perçu de son point de vue, est l’illustration parfaite du culot des scénaristes. Mais étant donné que Whedon planifie son récit bien à l’avance, ceux-ci savaient parfaitement où ils allaient (des allusions à l’arrivée de Dawn étaient déjà présentes dans la troisième saison).
    Encore un bon point : Buffy n’est pas soumise à l’habituelle morale judéo-chrétienne des séries télévisées américaines, en particulier concernant le sexe, qui n’y est pas diabolisé. Au contraire, c’est un thème très important de la série. A l’inverse de Smallville ou Roswell, pour ne citer que deux exemples parmi tant d’autres, les personnages grandissent et peuvent connaître, comme dans la vraie vie, des relations malsaines ou uniquement basées sur les rapports physiques.
    Toujours au niveau des points forts, des références culturelles et littéraires parsèment les épisodes. Whedon y transcrit son amour pour Shakespeare de manière fort subtile. Buffy est donc également une série dégageant une certaine poésie et une véritable sensibilité (dans le sens de ressentir les choses, pas de sensiblerie). Mieux encore, on peut affirmer que Buffy the Vampire-Slayer n’a quasiment aucun mauvais épisode (quelle autre série pourrait en dire autant ?). Il y a toujours au moins un élément extrêmement juste, drôle ou pertinent dans chacun d’entre eux.

    Si au départ, Whedon souhaitait faire du cinéma en ayant du succès tout en gardant son intégrité artistique, c’est à la télévision qu’il y est parvenu. « Je préfère faire un show que 100 personnes ont besoin de regarder, plutôt qu’un que 1 000 veulent regarder ». On n’a pas de mal à le croire, tant Buffy the Vampire-Slayer se pose en véritable chef-d’œuvre télévisuel. Un chef-d’œuvre dont la richesse est bien trop grande pour en faire le tour complet ici.
    Mais c’est avant tout une série profonde et psychologique, une analyse des peurs et émotions humaines, en particulier lors du passage à l’âge adulte. Une œuvre faite avec passion (l’équipe ne compte pas les heures et appelle la série « Buffy The Week-end Slayer »), au sens multiple, et non pas un simple divertissement. Quant aux anti-Buffy, dont le seul argument se résume souvent à ironiser sur le titre (Bouffy ? Pouffy ?... ), Sarah Michelle Gellar leur a répondu que ceux-ci « sont ignorants et veulent le rester ». Qu’ajouter de plus ?

David Dunn

jeudi, 11 juillet 2013

Buffy, la semaine spéciale "Buffy Memories", Jour-4 : l'épisode préféré.

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Pour moi, les Grandes séries se distinguent des autres par des épisodes spéciaux, non-conventionnels, destinés à faire date. Par exemple l’épisode “Triangle” en 4 longs plans-séquences pour X-Files, l’épisode en noir & blanc “Promethee post-moderne” de la même série, qui rendait hommage aux films de monstres, ou un épisode avec des séquences animées pour Farscape. Des épisodes destinés également à jouer sur la forme, surtout, ou le fond de la série, parfois, pour la renouveler, et qui fonctionneront car la série a une fan-base qui la suivra où qu’elle aille. La série est installée, et peut se permettre ces détours, car elle a foi en elle.

Buffy, the Vampire-Slayer fait partie de ces séries qui, tout comme également Xena, the Warrior-Princess, se sont permises de proposer des épisodes expérimentaux, se payant le luxe de constituer de véritables classiques de la télévision. Des pépites à voir et à revoir indéfiniment, tellement brillants dans leur écriture, leur interprétation, le talent qu’ils ont à montrer. Des épisodes qui seront probablement copiés, mais difficilement égalables. Et donc il n’y a aucune surprise qu’ils apparaissent quand on propose de donner son épisode préféré. Question un peu difficile pour Buffy, d’ailleurs, parce que de bons épisodes, sur les 144 que compte la série, il y en a eu tellement… Cette série est également exceptionnelle par le fait qu’elle compte peu d’épisodes véritablement mauvais. Du coup, je vais en proposer 2, qui me tiennent particulièrement à coeur.

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Le premier, “Restless”, est la (seconde) conclusion de la Saison 4. Le bad guy peu folichon de cette saison de transition avait déjà été vaincu dans l’épisode précédent, et l’on a cet épisode qui vient clôturer cette saison un peu à part, qui constitue une plongée presqu’intégrale dans l’Onirique. Beaucoup de séries de genre ont un ou plusieurs épisodes qui proposent une interprétation différente de l’univers qu’elles proposent, des personnages que l’on connaît. Soit par le biais d’un voyage dans le temps, soit par le biais d’une réalité alternative, soit encore par le biais d’une réalité fantasmatique recréée. Les scénaristes s’amusent à tout réinventer pour proposer un épisode dont le mystère tient à la compréhension de ce qui se passe. L’Onirique est le monde des rêves, un monde qui permet toutes les fantaisies, mais également a une portée la plupart du temps psychanalytique. Et Joss Whedon, à la manoeuvre, va jouer sur les deux tableaux. Tout comme cet épisode, de conclusion, est également destiné à préparer de façon prospective les évènements de la saison suivante. Donc, on se balade et on assiste au cours de cet épisode aux rêves des 4 membres fondateurs du Scooby-Gang, Giles, Alex, Willow et Buffy, alors que dans l’ombre, s’abrite une menace sourde, venue du fond des âges…

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Le second sera l’épisode '”comédie musicale” de la série, le 6.07 “Once More, With Feelings”, une franche réussite également, mettant à contribution les talents de danseur et / de chanteur des acteurs et actrices de la série. Je le disais, Whedon aura aimé tiré le meilleur de ses comédiens, les poussant dans leurs retranchements. L’un des épisodes les plus réussis du genre, qui aura donné lieu à une édition DVD particulière, et un album CD. Le pitch est des plus simples, un démon, Sweet, se met à faire danser et chanter Sunnydale. Tout cela ne serait pas franchement inquiétant, si à force de danser, les victimes de l’enchantement ne disparaissaient dans les flammes en prenant feu… Mais là encore, puisque c’est Joss Whedon qui écrit et réalise, l’épisode n’est pas juste un exercice de style : il s’inscrit dans la continuité de la série, puisque les personnages, par le biais du chant et de la danse, dévoilent leurs sentiments les plus profonds, leurs états-d’âme, leurs peurs… Le Scooby-Gang apprendra le mal-être de Buffy, revenue à la vie, alors qu’elle était “ si bien au Ciel. “

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Pour finir, je lis souvent sur Twitter des sériephiles dire “ oh ben quand je vais pas bien ou que j’ai besoin de me remonter le moral, ou quand je veux regarder du bon, ou par nostalgie d’une, je me fais un ou plusieurs épisode de telle ou telle série “. (le sériephile, par conscience professionnelle, regarde beaucoup de séries, parfois pour voir où la série va, et pas parce qu’il l’apprécie forcément, hélas… ). Personnellement, je ne suis pas dans cette philosophie de piocher dans une série pour me refaire un épisode de ci de là… Mais ces 2 épisodes, et quelques autres d’X-Files, parce qu’ils sont de tels petits bijoux, font exception à la règle.

mardi, 07 mai 2013

CSI : Crime Scene Investigation, les épisodes-cultes : le 1.09 "Unfriendly Skies".

Sc : Andrew Lipsitz & Carol Mendelsohn & Anthony E. Zuiker. H : Andrew Lipsitz. R : Michael Shapiro.

Résumé de l’épisode :  Grissom et son équipe enquêtent sur la mort d'un passager voyageant en première classe sur un vol pour Las Vegas. Les enquêteurs sont obligés non seulement d'examiner les preuves physiques, mais aussi d'interroger tous les passagers en première classe pour connaître leur vision personnelle de l'incident.

Le choix du crime :  En général, il est peu fréquent pour une série qu’un très bon épisode succède à un autre dans l’ordre de production. C’est pourtant le cas avec l’épisode 1.09, qui propose une intrigue dans un autre genre que le précédent. Si le 1.09 présente bien entendu une nouvelle enquête pour l’équipe de Grissom, la scène de crime est des plus atypiques, puisque le meurtre a eu lieu pendant un vol d’une compagnie aérienne. Ce qui signifie que l’avion doit être immobilisé le temps de l’enquête, mais que le temps presse, celui-ci devant être remis en service. L’enquête doit alors être résolue en une nuit, l’appareil ne pouvant être indéfiniment immobilisé, d’autant plus que le Sheriff voudrait lui aussi avoir rapidement un coupable. 2nd élément rendant l’épisode passionnant, c’est que tous les passagers du vol se révèlent être bien entendu des suspects potentiels. Suspects qui semblent peu décidés à parler ou à dévoiler la vérité au sujet des évènements s’étant déroulés lors de ce vol. 3ème élément, l’épisode ne compte qu’une seule et même enquête qui va solliciter tous les membres de l’équipe. (habituellement, on suit 2 à 3 enquêtes en parallèles). Unité de temps, de lieu quasiment, et d’action, donc. Et l’épisode est d’autant plus remarquable que la caractérisation fonctionne à plein : Grissom, peu à l’aise avec les gens en général, délègue la partie “relations publiques” à Catherine Willows, et n’a apparemment connaissance de certains sujets sexuels uniquement d’après la lecture de revues médicales. A la différence de Sara Sidle, qui s’est déjà envoyée en l’air à l’occasion d’un vol. Brass, qui joue l’espace d’un instant les papa-poules avec une petite fille, se révèle des plus attendrissants. De nombreuses petites scènes permettent donc de voir les personnages sous un autre jour, d’en apprendre encore un peu plus sur eux. Le point d’orgue est atteint quand, pour démêler la vérité, l’équipe au complet confronte les preuves aux témoignages des suspects, n’ayant plus que 10 minutes pour comprendre la sinistre réalité des évènements, comme c’est souvent le cas dans les séries où la résolution intervient dans les derniers instants. Pour ce faire, l’équipe va se livrer à un jeu de rôles, chacun se mettant à la place d’un des passagers, avec des choix reflètant la personnalité ou les relations qui les unissent. Une autre scène marquante clôturant l’épisode, s’ajoutant à celui-ci, vient encore élever l’intérêt pour celui-ci : l’équipe, réunie après avoir résolu l’enquête, se confronte à débat philosophique sur la nature humaine, chacun se demandant comment il aurait agi dans de telles circonstances. Seule point d’ombre à ce tableau idyllique, la conclusion est bien entendue apportée par un Grissom père la morale, se plaçant au-dessus du lot et du débat, incarnant une fois encore un paragon de vertu qui amène certes la réflexion à un autre niveau.

Les Références culturelles de l' épisode :  Grissom : " We have 10 minutes...We're going to have to do a 'Run Lola Run' in real time. "  Il s'agit d'une référence au film allemand de 1999 film Lola rennt (en Français, Cours, Lola, Cours).