lundi, 15 juillet 2013
DOLLHOUSE : Secondes pensées à l'issue de la Saison 2.
Le Challenge Séries 2013 m’a donné l’occasion de terminer Dollhouse, dont je n’avais pas visionné la Saison 2. De ce fait, une nouvelle note de réflexions sur la série.
Dollhouse, à bien y regarder, présente quelques points communs avec Buffy the Vampire-Slayer. Mais aussi, bien sûr, plusieurs différences. Dans les 2 séries, on a une héroïne belle et forte en vedette, entourée d’un ensemble de personnages l’aidant, sous la supervision d’une autorité d’origine britannique. C’était le cas d’Anthony Stewart Head, et de son personnage Rupert Giles, et c’est le cas d’Olivia Williams, interprète d’Adelle DeWitt. Mais les ressemblances s’arrêtent là. Si Buffy était une jeune fille plus ou moins libre assumant ses propres choix. Echo est prisonnière de la Dollhouse, et de la volonté de ses maîtres et de ses clients, qu’elle doit servir comme ils le souhaitent, avant de préparer la révolte des Dolls. L’univers de la série est davantage ancré dans la réalité, et les armes à feu ne sont plus prohibées, dans cet univers. Dollhouse est une série beaucoup plus sombre et désenchantée que son aînée, qui est après tout l’histoire de prostituées, les Dolls, ou Actives, au service d’une mère maquerelle, Mme DeWitt. Une série qui aborde d’autres thématiques, la plus philosophique qu’aura créé Whedon jusqu’à présent. Elle témoigne d’une société où les êtres sont prisonniers d’une grande solitude, et prêts à payer ou abuser d’autres êtres vivants pour combler un manque. Nourrir une fantasy. Un rêve, un fantasme. Un état de fait dérangeant, que le relatif soin accordé aux Dolls vient dédouaner : après tout, elles ne souffrent pas (elles ne sont pas censées en souffrir, théoriquement), et ne garderont aucune trace de leurs moments monnayés, puisque leurs souvenirs sont effacés. Le propos s’avère assez pessimiste sur notre société. Même Adelle DeWitt, pour nourrir un besoin purement physique, et Topher, le scientifique responsable du processus, abuseront du procédés pour combler un manque dans leur existence.
Dollhouse, c’est, et ça m’est apparu lors du visionnage de la saison 2, une glorification du corps. Les Dolls ne sont que des coquilles vides, sur lesquelles viennent se greffer plusieurs personnalités, au besoin du client ou de la mission du jour. Le corps que l’on soigne, que l’on entretient : les Dolls font régulièrement du sport, prennent des douches, afin de prendre soin de leur corps. Puisqu’on les vide de toute trace de leur personnalité passée, que reste-t-il sinon des corps, qui gardent toutefois la trace, la mémoire de ce qu’ils subissent, peut-être. Un corps, et non pas une personnalité, qui finit par obséder, qui pousse le désir de possession jusqu’à l’obsession. Qu’est-ce qui motive véritablement Ballard, dans sa quête de vérité sur la Dollhouse ? La noble quête d’un chevalier blanc, avide de faire tomber une société pratiquant une forme d’esclavage moderne, ou un désir purement égoiste de retrouver une belle jeune femme brune, Caroline, dont il serait tombé amoureux ? Une jeune femme qu’il ne connaît pas réellement, hormis par son apparence physique. On se plaira, dans la série, à envisager une possible relation entre deux des Dolls, Victor et Sierra. Tous deux semblent attirés l’un par l’autre. Mais cette attirance ne peut reposer sur leur personnalité, puisqu’ils n’en possèdent pas de propre. Cette attirance intervient également lorsque les 2 Actives sont en mission, avec une personnalité qu’on leur a greffé. La seule explication vient du fait que c’est le corps qui garde trace de l’attirance, et que l’attirance est d’abord et avant tout purement physique entre les 2 personnages. Le corps est également glorifié dans les multiples combats et démonstrations de force que la série prodigue : les affrontements physiques, les combats sont beaucoup plus fréquents et nerveux dans la saison 2. L’affrontement physique, par 2 fois, sera le moyen par lequel s’exprimeront Paul Ballard et Echo, l’un face à l’autre. Dans le premier, il s’agit de leur première rencontre. Pour le second, la scène est tout d’abord trompeuse : les 2 se déshabillent, et on pense naturellement, que c’est pour faire l’amour. Mais l’on se trompait : les deux s’étaient mis à l’aise pour s’entraîner au combat. Et ce n’est pas grave, car on peut se dire que l’affrontement physique est une autre forme d’expression du corps. On avait déjà remarqué une certaine forme de violence chez Ballard lorsqu’il couche avec une autre femme, Mellie. Est-ce parce qu’il ne tenait pas vraiment à coucher avec elle, mais acceptait de lui donner ce qu’elle voulait, lui reprochait-il inconsciemment de ne pas être Caroline ? La série semble donc valoriser le corps, finalement. Après tout, que sont les acteurs sinon des corps, réceptacles de personnages, personnalités qu’ils endosseront, selont le bon vouloir d’un démiurge, créateur ? Et nous-mêmes, ne sommes-nous pas d’abord et avant tout d’abord attirés par le corps de l’autre ? Lorsque l’on aime une actrice ou un acteur, n’est-ce pas d’abord le corps que l’on aime, puisqu’on ne connaît pas véritablement la personnalité de la personne. Faut de la connaître intimement ? Et pourtant, la série peut se montrer ambiguë, puisque dans le même temps, elle présente le corps comme une coquille interchangeable, une seule et même personnalité peut après tout se retrouver dans un autre corps. Et lorsque c’est le cas, rares sont les fois où la personnalité souhaite à toute force récupérer son corps de départ.
Dollhouse est en tout cas une série qui présente donc, mine de rien, plusieurs niveaux de lectures, qui offre bien des pistes de réflexions philosophiques si on veut s’en donner la peine. C’est pour cela que l’on ne pourra que saluer et applaudir l’audacieuse diffusion de M6, qui s’est aperçue qu’elle avait toujours la série dans ses cartons, et qui l’aura proposé lors de l’été 2013 à l’horaire du mercredi matin, sur les coups de 1h50 (!!) du matin, en plein milieu de la nuit.
Côté Cast : La saison 2 offre plusieurs guest-stars de séries que l’on se plaira à reconnaître et retrouver : Jamie Barber et Michael Hogan, le temps d’un épisode chaucun, qui furent 2 des acteurs de Battlestar GALACTICA (2003). On retrouvera ensuite 2 acteurs liés à d’autres séries de Whedon : Alexis Denisof, l’interprète de Wesley Windam-Price dans Buffy the Vampire-Slayer et Angel, et Summer Glau, qui a participé aux distributions régulières de Firefly et TERMINATOR : The Sarah Connor Chronicles.
09:45 Publié dans Dollhouse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eliza dushku, echo, joss whedon, victor, sierra, adelle dewitt, olivia williams, buffy the vampire-slayer, identité