samedi, 17 août 2013
24 : la descente aux enfers des Etats-Unis d’Amérique.
Le Challenge Séries 2013 m’a permis de me replonger dans la série 24, série emblématique du début des années 2000 (au même titre qu’ALIAS), que j’ai reprise depuis le début. Une série qui aura surtout innové formellement, en marquant le retour à la forme de la série-feuilleton (des séries à suivre dans l’ordre, avec des rebondissements constants), surtout en vogue à nouveau dans les années 2000 (voir les succès que furent au début Prison Break, ALIAS, Heroes, Desperate Housewives, LOST… ) avant de disparaître à nouveau sur les chaînes hertziennes. Les dernières tentatives en date se sont avérées en effet de cruels échecs en terme d’audiences, au point de marquer leur arrêt prématuré, voire leur déprogrammation.
De quoi ça parle ? (le pitch de la série) : Responsable de la CTU, la Cellule Anti-Terroriste de Los Angeles, Jack Bauer a 24 heures seulement pour mener sa mission à bien et protéger les siens du danger qui les menacent...
Les raison de revivre plusieurs longues journées trépidantes… ou pas ! (mon avis critique sur les 2 premières saisons) : 24, des producteurs Joel Surnow et Robert Cochran, qui a fait les belles heures de la FOX lors de la décennie 2000, est, disons-le tout net, une série d’espionnage atroce de par son propos. Une série-feuilleton qui repose sur des rebondissements constants, de plus en plus improbables, afin de relancer son intérêt. Les saisons sont longues, s’étalant sur 24 épisodes qui représentent les 24 heures d’une journée s’égrénant sous nos yeux. Ces rebondissements improbables qui remplissent la série accompagnent le propos général de la série qui représente une Amérique très sombre et inquiétante, à travers une ville, qui, bien que la plupart du temps baigne sous un soleil de plomb (Los Angeles, en l’occurrence), se révèle des plus dangereuses. Ainsi, dans la Saison 1, on suivra les trajectoires croisées de 2 hommes qui vont découvrir à leurs dépens que la réalité est souvent décevante et source de cruelles désillusions. Le candidat David Palmer, à l’occasion d’une affaire ancienne ressortant au plus mauvais moment, et qui pourrait menacer sa carrière politique en pleine ascension, va ainsi découvrir qu’il a été à son insu le jouet de forces qui contrôlent en partie son destin : les soutiens financiers de l’ombre, participant à sa campagne, que l’on ne verra jamais, ainsi que sa femme Sherryl. Si elle aime ou a jamais aimé sincèrement David, elle a surtout contribué à construire le destin politique de son mari, et son ambition politique est tout aussi forte. On découvrira lors de la Saison 2 la portée des alliances qu’elle a pu forger au cours de toutes ces années, le plus souvent derrière le dos de son mari. A travers les intrigues liées au personnage incarnant le 1er Président noir des Etats-Unis, on découvre des influences occultes, et la collusion parfois d’intérêts financiers et politiques. Alors qu’une guerre est sur le point d’éclater avec plusieurs pays, soupçonné d’avoir commandité des attentats, certains politiques sont prêts en effet à sauter à pieds joints dans le déclenchement d’une guerre, afin de montrer une Amérique forte et conquérante, qui montre les crocs, voire mord si besoin est. Et l’on découvrira que l’ennemi est surtout intérieur, au coeur de l’Amérique, puisque le déclenchement d’une guerre est pour certains hommes d’affaires peu scrupuleux, un moyen de s’enrichir encore. Il y a dans 24 une ambiance paranoïaque pesante, tout comme à l’époque dans The Prisoner, Nowhere Man ou X-Files.
Le personnage de Jack Bauer, héros principal de la série, n’est pas non plus épargné. Ayant montré sa droiture et son sens du devoir à plusieurs reprises (rappelons que lorsque débute la série, Jack a fait arrêté 3 agents corrompus), il est la source de plusieurs rancoeurs à la CTU, l’Unité anti-terroriste dont il fait partie. Rares sont les personnes qui lui font entièrement confiance, alors qu’elles devraient le suivre aveuglément. Mais la CTU, comme n’importe quelle entreprise, semble noyautée par les ambitions personnelles, et des employés un peu bas du front. Tony Almeida est dans la Saison 1 et les premiers épisodes un véritable casse-pieds, empêcheur de tourner en rond. Ryan Chappelle, l’un des dirigeants de la CTU est un véritable connard ayant pris en grippe Jack Bauer. Une méfiance réciproque brouille le travail de Jack et George Mason (avant que les choses ne s’arrangent quelque peu et q’une belle rédemption ne soit offerte au personnage de l’acteur Xander Berkeley). Certains secrets sont gardés, certains personnages étant obligés d’agir contre les ordres donnés et en douce d’autres, dans un véritable jeu du chat et de la souris ! Et pour ne rien arranger, bien entendu, la CTU se retrouve pourrie de l’intérieur, en accueillant dans ses rangs un premier traitre, puis un second. Et tout comme David Palmer avait été plus ou moins trahi par Sherryl, en découvrant le vrai visage de son épouse, Jack Bauer sera également trahi par une femme. Du coup, on se demande, avec tant d’éléménts jouant contre elle, comment la CTU peut en réalité véritablement fonctionner. Pour les besoins de la série-feuilleton, on atteint les limites de la crédibilité, qu’il faut bien entendu accepter à partir du moment où l’on regarde une fiction. Sauf que la série se veut en même temps terriblement sérieuse et 1er degré.
Du côté des ados, ils ne seront pas épargnés par cet univers particulièrement violent représenté dans la série. Ainsi, Dans la Saison 1, Kim Bauer, la fille de Jack, sera confrontée à des jeunes gens dealant de la drogue, fumant et buvant. On ne la verra pas avoir un tel comportement, et c’est peut-être ce qui lui sauvera la vie. La série se révèle aussi, à travers ce regard désapprobateur foncièrement de droite. Sa copine Janet York, qui se livrera au sexe et à la débauche au début de la série, paiera cher le prix de la part des scénaristes, ayant le bras cassé puis étant renversée par une voiture, par exemple. Et puis il y a ce qui aura fait pas mal grincer des dents à l’époque, un souci semble-t-il de légitimier la torture : au cours de la Saison 2, Jack Bauer tout comme David Palmer utiliseront cette pratique pour obtenir des renseignements. Les héros deviennent ici bourreaux, le temps de quelques scènes. Et il semble que tout ait été fait pour multiplier le propos par 2 avec ces 2 personnages, qui suivent une trajectoire parallèle, faisant preuve l’un pour l’autre d’un respect mutuel.
En bref : 24, production emblématique des années 2000 post-11 septembre, aura surtout apporté une interprétation de qualité, et une série d’action aux qualités cinématographiques (par les moyens techniques parfois déployés et sa réalisation enlevée). Lorsqu’on regarde une saison de 24, on l’impression de suivre un long film d’action de 16h environ. Toutefois, outre les aspects formels développés dans la présentation, dont le fameux split-screen permettant de suivre (et de comprendre que) plusieurs actions se déroulent simultanément, quand on se replonge dans des séries classiques telles que The Avengers (Chapeau Melon & Bottes de Cuir, en VF) ou Mission : Impossible, on découvre qu’elle n’a finalement rien apporté de nouveau au registre des séries d’espionnage, à part un aspect politique souvent orienté à droite particulièrement poussé.
Côté Cast : Sherryl Palmer, la femme du Président David Palmer, est incarnée par Penny Johnson Jerald, que l’on retrouve en tant que Kasidy Yates dans Star Trek : Deep Space Nine et CASTLE. On pourra noter aussi, dans un petit rôle, la présence de Pauley Perrette, la Abby Sciutto de NCIS, dans la Saison 1. On reconnaîtra Eric Balfour, le Jesse du Pilote de Buffy the Vampire-Slayer, vu également dans HAVEN, ainsi que Silas Weir Mitchell, plus connu pour ses rôles dans Prison Break et GRIMM, Richard Burgi, rôle-titre de The Sentinel, apparu dans Harper’s Island. Zeljko Ivanek est un habitué des productions télévisées, apparu dans bon nombre de séries. La saison 2 a accueilli l’envoutante Michelle Forbes, elle aussi habituée des productions télévisées, ayant participé entre autres à TRUE BLOOD et Battlestar GALACTICA.
10:02 Publié dans 24 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : 24, jack bauer, david palmer, kim bauer, sherryl palmer, tony almeida, espionnage, histoire des séries américaines