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samedi, 10 octobre 2009

WATCHMEN (le film de Zack Snyder) : réflexions autour de l'oeuvre

watchmen-affiche.jpgIci, il sera moins question de se livrer à une critique du film, que d'évoquer le pourquoi, à défaut de lire l'oeuvre originale, le film mérite d'être vu. Personnellement, j'ai beaucoup aimé le film, pour diverses raisons, dont les quelques lignes qui suivent parlent d'ailleurs. J'ai trouvé l'interprétation réussie, les musiques bien choisies, et la réalisation de qualité.

Mais revenons-en à l'essentiel (à mon sens, enfin à ce qui m'intéresse), soit le propos du film...
Watchmen, qui pourrait passer pour un énième film de super-héros comme les autres, se distingue en adoptant une tonalité très adulte. Et pour cause, puisque c'est quelque part le décès d'un genre (en plus de son anatomie). Pour Alan Moore, qui créa cette oeuvre culte dans les années 80, on peut le voir comme une nostalgie de l' Âge d' Or des Super-Héros, quand tout était plus simple, face à une réalité sinistre. Ala fois celle du monde, et celle des Super-Héros, ce qu'ils étaient devenus, ou étaient appelés à devenir.
Même si, une fois sa "mort" sonnée, (c'est-à-dire la mort du genre "Super-héros"), le genre put être revigoré par la suite.

WATCHMEN tient plus de l'essai, donc, de la réflexion sur un genre, celui du Super-héros, que n'est véritablement une histoire de. Même si le récit retombera sur ses pieds.
Les Super-héros, donc, plutôt que d' améliorer le monde, leur but premier, leur raison d'exister, auraient contribué à le rendre pire que ce qu' il n'était déjà. Notamment, par exemple, par l' existence même de Docteur Manhattan (jalousie des Russes, course à l'armement... )
Avec cette oeuvre, c'est à une vision du monde pessimiste, sombre, déprimante que nous avons droit...
WATCHMEN, devant l'inquiétante utopie montrée (un monde où Nixon est toujours président des Etats-Unis, et la Guerre Froide prête à conduire le monde droit à sa perte), c'est aussi la nostalgie en tant que tel qui est abordée. Réflexion sur le temps qui passe, aussi, alors (?), et la perte progressive des illusions à mesure que le monde, ou un genre, grandit. Voilà pourquoi, en tant que telle, je n'aime pas l'histoire. Parce que l'on se retrouve avec un discours " les super-héros c'est bon quand on est jeune / enfant, il faut grandir un jour ou l' autre (et mettre le costume au placard). "
Car avec cette oeuvre, c'est quand même la fin de la naïveté, de l' innocence, des "niaises" Spider-Maneries (même si j'aime beaucoup les Spider-Man de Sam Raimi), avec Watchmen.
Difficile de regarder autre chose, après cela, dans le genre super-héros, en tout cas...

WATCHMEN 3.jpg

D'ailleurs, l'histoire en elle-même est réduite à peu de choses. Bien sûr, il y a un semblant d' histoire avec l'intrigue générale et Ozymandias, point d' arrivée. Ca reste une histoire de Sup', histoire d' accrocher tout de même. Mais ce sont plutôt différents parcours croisés auxquels on aura droit, qui se mêlent, comme les différents genre évoqués, pour constituer une sorte d'anthologie de l'Histoire passée et des genres passés. On a une reconstitution, mine de rien, de l'Histoire de l'Amérique. C'est de ça que parle aussi (surtout ??) WATCHMEN. Un peu à la façon d' un Forrest Gump. D'ailleurs, clin d'oeil ?, on a une scène de poignée de main avec le Président Kennedy comme dans le film de Robert Zemeckis.
Comme je le disais, Watchmen essaie de faire le bilan d'une époque et le passage à une autre. Faire entrer ou pas le comic (emprunt d'innocence, de naïveté) dans l'âge adulte.

(De ce point de vue, de vouloir réaliser, des oeuvres-sommes, Alan Moore, se rapprocherait d' une certaine façon de Umberto Eco, en serait son équivalent pour le Comic. Et l'un des rares auteurs "équivalents" serait peut-être Neil Gaiman.)
Les scènes d' "exposition" sont longues (tout le passé des personnages) ? Le film ou plutôt l' histoire met du temps à démarrer ? Mais c'est CA, justement, Watchmen, le parcours, le passage. Encore une fois, là, on est dans le cas typique de conflit entre "attente du spectateur", ce qu' il a l' habitude de voir, peut-être, et ce que constitue vraiment le film...

WATCHMEN 2.jpg

Concernant les personnages, On peut dire que ce ne sont ni des héros, ni des anti-héros. Ou plutôt,pas au sens conventionnel du terme. Personne n'a envie de ressembler à ces dingues en costume. Ce ne sont en rien des modèles.
Ce sont des vigilantes, des personnages masqués qui ont cru bon, un jour, de porter un masque pour compenser quelque chose. Des personnes malades pour un monde malade.
Parce que quelle raison y a-t-il, quelle raison peut-elle bien pousser quelqu'un d' un seul coup à porter un masque et sortir dehors sauver une demoiselle en détresse ? Qu'est-ce qui pourrait pousser, franchement, honnêtement, dans le monde réel, un individu à porter un masque et sortir la nuit combattre le crime ? (Comme si ça allait de soi, ce genre de détail, alors que rien n'est plus éloigné du " aller de soi"), mais je n'en suis plus aussi sûr...
Le masque, c'est la possibilité de se libérer. Du poids de la société, des apparences.
C'est accentué comme jamais dans Watchmen, ou l' "identité" Walter Kovacs ne veut plus rien dire... Ce dernier n'existe quasiment plus, n'étant plus qu'un... masque. Le "moi" créé a fini par absorber totalement le "moi" de la société.
Et ces personnages ont souvent de par leur vision du monde qui les entoure une incroyable lucidité sur celui-ci.
Ce sont des Watchmen. Des individus costumés qui CROIENT faire le bien. Pour la plupart ambigus.
Des individus qu' on a toléré après guerre parce qu' ils nous faisaient marrer, dans une abiance bon enfant, mais c'est finis les conneries. D'adolescents. Une loi interdit d'ailleurs leur existence. Ces gaillards doivent maintenant rentrer dans le rang, ou être sous contrôle, pour les empêcher de nuire. (Who Watches the Watchmen ?)

WATCHMEN est donc une oeuvre profondément pessimiste, dépressive, qui aurait pu marquer à l'époque la fin d'un genre, le Super-héros. Et pourtant, le genre lui a survécu, tout comme le genre des Robots géants a survécu à EVANGELION.

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