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vendredi, 02 juillet 2010

ROMANZO CRIMINALE, la série : Présentation.

Cette année a été, une fois de plus, riche en rencontres. Un collègue, compagnon d'infortune, et cinéphile, s'est évertué à me faire découvrir des films atypiques, son goût pour un cinéma social, d'auteur, poussant le réalisme à l'extrême. Un cinéma, quel que soit son origine, ou son sujet, partage comme points communs un intérêt sociologique, une réalisation magistrale et une photographie magnifique. D'autres mondes, d'autres horizons, dévoilant des éléments de vérité sur des sociétés à la fois proches et éloignées de la nôtre.

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La série, tout comme les productions voulant frapper, choquer, accrocher leurs téléspectateurs, commence par une scène-choc : un vieil homme est passé à tabac par de jeunes voyous. Puis le groupe de jeunes le laisse gisant par terre. Le vieil homme se relève, nettoie au mieux ses blessures, et se met en quête de retrouver le chef de la bande. Une fois retrouvé, il le menace d'un pistolet et lui tire plusieurs balles. Puis il pousse un cri mêlant rage et désespoir. Un cri lancé à la face du monde, censé terrifier les simples témoins comme ses ennemis. Signe d'un honneur perdu, d'une fierté qu'on voudrait reconquérir : " J'étais avec le Libanais ! "
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Les années 70, en Italie. A Rome, plus précisément. Un voyou a décidé de construire sa propre légende : le Libanais. Monstre froid, glacial, même, qui semble être dépourvu de toute humanité. Humanité que le personnage regagnera pourtant peu à peu aux yeux du spectateur assistant à des flash-backs, scènes-clés de son passé expliquant comment il en est arrivé là. Autour de lui, une bande de petits malfrats sans envergure, vilains garçons adeptes des mauvais coups. Le Libanais va les réunir, et mener un projet fou : prendre le contrôle de Rome. La saison 1 raconte l'ascension de cette bande. A la tête de cette organisation criminelle naissante, se trouvent donc le Libanais, véritable monstre, calculateur, arrogant, à l'ambition démesurée, dont on ne découvre des traces d'humanité que progressivement ; Dandy, un beau jeune homme tombé amoureux d'une belle prostituée dont il est un client privilégié ; et Froid, bien moins brutal, capable de faire preuve de compassion et d'initiative, capable de trouver des solutions pacifiques, et peut-être un peu trop sentimental pour le crime organisé. 3 hommes, noyau central de l'histoire autour desquels les autres évoluent. Le début de la série commence par l'alliance entre le Libanais et Froid, qui deviendra son bras-droit.
De son côté, un policier, intuitif, qui sent les changements à l'oeuvre, observe les événements en menant l'enquête sur ces hommes  : filatures, photos, il tente de prévenir sa hiérarchie de ce qui se trame, en vain...

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Avec Romanzo Criminale, on se trouve donc devant une série à part. Une série qui déroule l'intrigue d'un roman déjà adapté au cinéma, en film. Un divertissement d'une extrême qualité, qui aurait très bien pu être produite par HBO. L'aspect "vie des mafieux" observée de l'intérieur ne peut que faire penser aux Sopranos, dont on aurait assisté à la naissance. On retrouve les mêmes jeux d'alliances, les mêmes luttes d'influences et rivalités entre les différents leaders de la mafia. On trouve également dans les deux séries le même type d'élimination d'ennemis ou de concurrents, les mêmes procédés mafieux. Et la lutte inégale entre la police et ces mêmes mafieux fera penser également à The Wire. On retrouve d'ailleurs le coup du tableau sur lequel on épingle les photos des suspects, avec les petits cartons indiquant leur identité. 2 oeuvres magistrales, auxquelles selon moi Romanzo Criminale parvient à se hisser, et ce n'est pas rien. Avec des scènes chocs venant nous rappeler que ces voyous auxquels on est amené à s'attacher ne plaisantent pas, de même que le monde de violence dans lequel ils évoluent. L'aspect politique n'est pas absent de la série. Ou plutôt, il se dévoile peu à peu, la série faisant preuve d'un réalisme assumé : l'époque est trouble, le communisme menace, et le gouvernement n'hésitera pas, les événements l'y poussant malheureusement, à solliciter la collaboration de la mafia pour lutter contre les Brigades Rouges. Le seul point négatif que je trouverais à la série, est une attention trop soutenue aux intrigues sentimentales. Si devant l'ampleur de l'histoire à adapter, une série est peut-être plus pertinente qu'un film, des scènes superflues de cet ordre semblent plutôt destinées à remplir le temps d'antenne d'un épisode.

Du début à la fin, la réalisation est soignée, inspirée. La reconstitution historique est incroyable : on croirait pour un peu que la série a été tournée dans les années 70, si ce n'était la réalisation très moderne. L' époque est fidèlement reconstituée, certains standards musicaux utilisés dans la série accompagnant certaines scènes nous plongeant dans ces années perdues. Du coup, point de vue reconstitution historique, on pourra penser donc à Life on Mars, très proche dans cette volonté de faire revivre la même époque, mais ailleurs.

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