jeudi, 19 mars 2009
Buffy the Vampire-Slayer : Analyse de la Saison 4 de la série.
Saison 4 : Nouvelles Destinées - Retours aux sources
D’avis général, la Saison 4 est perçue comme étant probablement la plus faible de la série, celle qui a le moins convaincu les téléspectateurs. Il semble que les différents éléments qui devaient en constituer la force en sont devenus par la suite la faiblesse. En tout cas, la Saison 4 est sans aucun doute un renouveau pour la série. Une dernière occasion de se tourner vers le passé (la première période de la série constituée par les « années lycées », les trois premières saisons) avant d’ aborder une nouvelle étape dans la vie de chacun des personnages qui prennent tous, à l’occasion de cette saison, un nouveau départ. La série sera ainsi parcourue de fantômes du passé aussi bien que de promesses de l’avenir, d’anciens souvenirs croisant les histoires de demain.
I) Présentation générale - une saison psychologique
La Saison 4 est probablement la saison où la psychologie a le plus son rôle à jouer dans la série. Le choix de montrer principalement, parmi les cours pouvant être suivis à la Fac, un cours de psycho n’est d’ailleurs peut-être pas anodin. Après tout, lors de la saison précédente, l’un des rares cours de lycée donné à voir au téléspectateur était une lecture psychologique d’Othello et Jago (voir l'ép. 3.18 « Earshot »). Celui de faire de Maggie Walsh la prof dispensant ce cours non plus. Comme on le verra dans la partie consacrée aux personnages, certains « ennemis » du groupe utiliseront cette arme redoutable qu’est la psychologie pour venir à bout de leurs objectifs (Parker Abrams, Spike).
Rien d’ étonnant alors que ce soit dans cette saison qu’a lieu un voyage dans l’Onirique, le monde des rêves, propre à révéler les pensées travaillant l’inconscient des personnages, et leurs rêves les plus secrets.
Le Scooby-Gang est pour sa part au cours de la Saison 4 au bord de l’éclatement. De l’explosion. De la séparation. Et non pas à cause d’ un éventuel ennemi, mais simplement par le plus naturel des faits, à savoir que la vie sépare peu à peu les êtres. N’oublions pas qu’une nouvelle étape a été franchie par les personnages : ayant terminés le lycée, certains sont désormais à l’Université ; d’autres ont quitté Sunnydale. Car chacun doit suivre son propre chemin, sa propre voie. Et les amours, les couples (le fait que des personnes forment un couple) renforcent cet état de fait. Willow, après que son petit ami Oz l’ait quitté, commence une nouvelle relation avec une jeune sorcière (en même temps qu’elle change d’orientation sexuelle), et garde sa relation un bon moment secrète. Alex, qui enchaîne petit boulot sur petit boulot, passe moins de temps avec le reste de la bande. Etc etc…
Ainsi, il est vrai que le travail de sape orchestré par Spike en fin de saison a permis la séparation du Scooby-Gang. Mais il faut dire aussi qu’il fut bien aidé en partie par le fait que les 4 amis passaient moins de temps ensemble, chacun vivant plus de choses de son côté. Spike n’a fait que profiter d’une situation déjà présente en la poussant à l’extrême.
Tous les personnages de la série présentent au moins deux points communs : le fait de former un couple avec une autre personne en est un, le fait que la relation soit difficile et donne lieu à des disputes, des scènes de ménages, des doutes et hésitations en est un autre. Buffy sortira avec Parker Abrams dans un premier temps, puis avec Riley Finn ensuite ; Willow continue sa relation avec Oz, avant que ce dernier ne la quitte ; elle se découvrira alors séduite par l’ innocence et la fragilité de Tara, une sorcière tout comme elle ; Alex poursuit sa relation avec Anya, et celle-ci sera faites de hauts et de bas. Il faut dire aussi que la relation a débuté sur une base uniquement sexuelle, même si des sentiments de plus en plus profonds sont apparus entre eux. Même les deux personnages d’ordinaire plutôt solitaires, Giles et Spike, en sont venus à trouver quelqu’un : Giles a entamé une liaison avec une jeune femme afro-américaine, Olivia, qui se veut comme un des choix de vie possible que Giles, alors à un tournant de sa vie, envisage. Toutefois, la relation entre les deux ne semble pas si sérieuse ou avancée que cela. La jeune femme apparaît dans seulement trois épisodes (ceux écrits par Whedon), ce qui montre tout de même le peu de cas qui fut fait de ce personnage. Spike, lui, de son côté, se console comme il peut de l’absence de Drusilla à qui il pense toujours. Il s’est toutefois trouvé une nouvelle copine, malheureusement envahissante, bête et capricieuse ; il a en effet transformé en vampire l’insupportable Harmony pour l’utiliser uniquement selon ses besoins .
II) Les personnages de la saison 4 : les bâtisseurs de mondes
Le nombre de personnages ayant fait partie du Scooby-Gang ou l’ayant quitté est probablement le plus important de toute l’histoire de la série, peut-être témoin des hésitations des scénaristes (?) autant que des départs ou arrivées des personnages. Jane Espenson, à cet égard, indiquait d’ailleurs dans un des commentaires audio que la saison 4 présentait trois génériques différents (quatre si on y inclut celui de l’ép. 4.17 « Superstar »), ce qui est beaucoup pour une série, et une seule saison. Un fait toutefois restera : la volonté de resserrer, surtout en fin de saison (tout comme à la fin de la série qui apparaît alors comme un écho à l’ ép. 4.21 « Finale Phase »), autour des quatre membres fondateurs du Gang, de la bande, c’est-à-dire Willow, Giles Alex et Buffy.
A - Le Scooby-Gang : éclatement et redéfinition(s)
Buffy : arrivée à l’Université, avec ses habitudes à prendre, ces bâtiments si gigantesques, cette foule constante parcourant le campus, ses pires craintes se réalisent : Buffy est au départ complètement perdue, comme un poisson hors de l’eau. Ces débuts à l’Université seront marqués de quelques échecs. Buffy, à la différence de Willow, peine à trouver ses marques. Elle réussira mieux dans des cours où elle n’est pas perdue dans la masse, montrant de très bonnes qualités pour la psychologie. Elle aura du mal à vivre en colocation, Giles devant lui rappeler que partager un lieu de vie nécessite de faire des concessions. Elle succombera au charme prétendu d’ un séducteur avéré, Parker Abrams, et couchera avec lui avant de se faire jeter. On peut dès lors s’étonner d’un tel manque de lucidité chez la jeune fille, mais qui peut être en partie expliqué par le terrible et profond désir d’ être avec quelque’ un au point de ne plus voir la réalité.
D’autant plus que ses amis s’éloignent peu à peu d’ elle, chacun construisant sa propre vie. Mais à la différence du début de la Saison 3, cela lui pèsera peu, peut-être parce qu’elle sera elle-même occupée à construire une relation stable avec Riley.
« I am the Slayer, and you ‘re playing on my turf. »
« I am not a killer ; I am the Slayer. »
Willow : celle qui a connu apparemment la plus grande évolution depuis le début de la série. Surtout lors de cette Saison 4. Elle aussi, cette année, est devenue étudiante à l’Université de Sunnydale. Mais à la différence de son amie Buffy, Willow est complètement dans son élément au début de la saison dans ce nouvel univers. Trompée et quittée par son petit ami Oz, laissée en morceaux par la fin très triste de son histoire, elle aussi, après Buffy, est obligée de reconstruire quelque chose et d’aller de l’avant. Passionnée de plus en plus par les arcanes de la magie, c’est dans un club de jeunes étudiantes sorcières qu’ elle fait la connaissance de Tara, qui lui permet d‘en apprendre plus sur elle-même.
Mais la jolie rouquine a-t-elle tant changé ? Il est évident que cette saison aura vu l’épanouissement de la jeune fille à l'humour dévastateur.
Giles : le personnage le plus hors-jeu lors de cette saison. Il prend quelques distances avec le reste du Scooby-Gang, à moins que ce ne soit eux qui le laissent de côté. Il faut dire que Willow, Alex et Giles sont désormais de jeunes adultes qui ont moins besoin de cette figure paternelle bienveillante. Bien sûr, l’ex-bibliothécaire sera toujours présent pour eux, sa maison sert d’ailleurs de point de ralliement, de « Q.G. ». C’est chez lui que le Scooby-Gang se réunit, et fêtera même Thanksgiving, c’est chez lui que sont entreposés les livres de démonologie et autres ouvrages consacrés au monde occulte. Mais même lors des scènes de réunion du groupe, Giles est en retrait, un peu à l’ écart. Au point qu’une scénariste avouera : « c’est incroyable le nombre de fois où Giles mange » pendant les scènes de briefing. Une réplique ironique de la saison illustrera aussi cet état de fait : " L'année dernière, j'ai même regardé la télé avec Spike. " Un ép. sera tout de même consacré au personnage (l'ép. 4.12 « A New Man »), mais sera l’occasion de mettre en évidence cet état de fait. A tel point qu’au début de la saison 5, Giles se sentant de plus en plus inutile, songe à repartir en Angleterre afin de se construire une autre vie.
Toutefois, ce n’est pas pour autant que le personnage sombrera dans une période de noire déprime, s’il est parfois mélancolique, Giles sait rebondir. Ainsi, alors que les jeunes adultes prévoient une soirée entre eux, Giles décline poliment l’invitation, sachant pertinemment qu’il risque d’être de trop. Et d’ailleurs, il a d’autres projets. Si l’on pouvait douter du fait que l’ex-bibliothécaire dise vrai, le Scooby-Gang doit se rendre à l’évidence. Alors qu’ une fois de plus, Giles apparaît comme la seule personne qui pourrait les aider et leur apporter ses précieux conseils, quelle n’est pas la surprise pour Anya, Alex, Willow et Tara de le découvrir guitare à la main et chantant dans un bar. La stupeur, l’étonnement du groupe constitue sans conteste l’un des moments les plus drôles de toute la série.
Alex : toujours présent pour le reste du groupe, il souffre peut-être au début de la saison de ne pas aller à la fac avec le reste de la bande. Car c’est un élément de moins qu’il peut partager avec ses amies Willow et Buffy. Alors qu’ on le revoit en début de saison, il nous apprend que son voyage de découverte de l’Amérique a tourné court et qu’il a dû rentrer. Alex passera le reste de la saison à passer de petit boulot en petit boulot. Sur le plan sentimental, Alex construit une relation de plus en plus sérieuse avec Anya, l’ex-démon de la vengeance. Si au départ leur relation semblait basée uniquement sur une relation sexuelle, il s’agit tout de même d’une véritable relation construite sur des sentiments de plus en plus forts, qui ce soit pour Alex ou pour Anya.
Bien qu’Alex semble avoir du mal à commencer sa vie d’adulte, il avance tout de même. S’il garde une image assez peu glorieuse, voire pitoyable de lui-même, il trouve quand même de petits boulots. Si ces boulots consistent à vendre, chose pour laquelle il n’est peut-être pas si doué, il s’orientera peu à peu vers des travaux plus manuels, ce sur quoi insisteront les premiers ép. de la Saison 5.
Tara : discrète, réservée, cette jeune fille peu assurée ressemble un peu à ce que pouvait être Willow au début de la série, au lycée. De loin, elle n’est peut-être pas sans rappeler la Willow des débuts, et c’est peut-être ce qui a séduit la jolie rouquine, entre autres. Avoir sa propre fille à protéger, sur qui veiller, et avec qui elle peut partager et échanger la magie. Au cours de la saison, elle sera surtout la jeune D.E.D (demoiselle en détresse) ayant besoin d’ être sauvée, une fois poursuivie par les Gentmlemen, une autre par Oz ou encore par le monstrueux double de Jonathan.
Willow mettra un certain temps à la présenter au reste du groupe, à Buffy, préférant garder son petit trésor pour elle seule, son jardin secret. D’où le fait que Tara ne peut encore être considérée comme un membre du Scooby-Gang à part entière. Personnage lui aussi à la périphérie, elle permettra de détecter la présence de Faith dans le corps de Buffy. Elle servira également de messager à la Primitive, parlant à sa place, n’ayant pas de réelle affinité avec Buffy. Tara finira par souffrir un peu de ne pas être intégrée au reste du groupe, ce qui serait alors l’occasion pour elle de partager une chose supplémentaire avec Willow en plus de se faire de nouveaux amis, une nouvelle famille.
Oz : certains épisodes et un arc narratif vont cette année être consacrés à ce personnage. Alors qu’il poursuit sa relation passionnée avec Willow, son chemin croise celui de la chanteuse d’un groupe, Veruca, qui l’attire irrésistiblement, au grand dam de Willow. La vérité se fera jour rapidement, Veruca est un autre loup-garou, qui présente toutefois quelques différences notables avec Oz. Veruca ne refoule pas comme le jeune garçon l’animal qui est en elle, et n’aurait pas l’idée de se laisser enfermer les soirs de pleine lune. Heureuse d’avoir trouvé quelque’ un qui puisse la comprendre, elle essayera de pousser, d’entraîner Oz à accepter son côté animal. Oz finira par tromper Willow, ce que la jeune fille pressentait sans qu’elle ne puisse rien y faire, et coucher avec Veruca. Ce qui sera pour lui un moyen de mettre en évidence des éléments rendant sa relation avec la sorcière vouée à l’échec à plus ou moins long terme : Oz est un loup-garou, et cet élément fait partie de sa nature profonde. Veruca aura permis de mettre à jour cela, jouant un peu le rôle qu’avait tenu Faith pour Buffy dans la saison 3. La tentation d’une animalité, une bestialité qui est aussi une forme d’ épanouissement.
Malheureusement, la fin de la relation entre Oz et Willow fut due au fait que Seth Green, l’interprète du jeune loup-garou, préféra quitter la série pour se consacrer au cinéma, ce qui obligea Joss Whedon à revoir ses plans alors qu’il avait prévu une série d’arcs consacrés au personnage.
Anya : l’ex-démon de la vengeance est de plus en plus amoureuse d’Alex et poursuit une relation de plus en plus sérieuse avec lui. Malheureusement, Alex, le garçon maladroit qui n’a jamais connu de longues liaisons, est encore maladroit et hésitant. Alors qu’Anya se révèle plutôt impatiente, pressée, Alex a besoin de temps pour construire sa relation sur la longueur. La jeune femme, finalement, reproduit peut-être un peu le schéma des jeunes femmes pleines de rêves qui veulent construire quelque chose de sérieux. Le couple traversera une légère crise, chacun doutant des réels sentiments de l’autre, avant de se rabibocher et de repartir de plus belle.
Anya est périphérique au Scooby-Gang et commence à faire partie du groupe, même si elle a peu d’interactions et d’affinités avec Buffy, par exemple.
B- L’ Initiative
Le Pr Maggie Walsh : elle nous est tout d’abord présentée comme le professeur de psycho de l’Université. Par la suite, on apprendra qu’elle est une des scientifiques de l’Initiative, travaillant même sur un projet secret du gouvernement dont les troupes de l’Initiative (et en particulier Riley) ignorent l’existence. Séduite tout d’abord par Buffy, elle trouve la jeune fille particulièrement brillante au point de lui attribuer de meilleures notes qu’à Willow. Elle apprendra elle aussi l’identité secrète de son élève, au grand dam de Giles. Car avec elle, Buffy se voit confrontée à un nouveau mentor qui empiète sur les plates-bandes de l’ex-bibliothécaire. C’est aussi par elle que Buffy sera peu à peu intégrée à l’ Initiative, avant que ne survienne la crise de Maggie Walsh. Celle-ci étant entrée dans une sorte de relation complexe avec Riley, elle développe le syndrome inverse du Complexe d’Œdipe, cette figure maternelle entrée dans une sorte de relation mère-fils avec le chef de troupe de l’ Initiative, devient jalouse de Buffy au point de lui tendre un piège pour la tuer et se débarrasser d’elle. Malheureusement pour elle, Riley apprendra la vérité alors que Buffy aura réussi à survivre au piège tendu.
Forrest : jeune étudiant afro-américain, il fut aussi le lieutenant et le plus proche ami de Riley, loin d’être aussi sympathique que son « chef ». Il acceptera très mal le fait que Riley sorte avec la Tueuse, accusant la jeune fille de bien des choses et en particulier de le détourner de son rôle, de son devoir. Il éprouve ainsi lui aussi une sorte de jalousie par rapport à la relation que Riley, son meilleur pote, a pu construire avec Buffy.
Par manque de prudence, il finira tué par Adam avant de se voir transformé par lui en une sorte de super-soldat zombie dont certaines parties du corps sont celles de démons. Ce à quoi voulait aboutir en secret l’ Initiative, ce que Riley était destiné à devenir.
C - Les prétendants : Parker, Spike, Riley
Tous trois ont en commun d’avoir été, même brièvement, sous le charme inégalable de Buffy Summers, et encore mieux, d’être temporairement sortis avec elle.
Parker Abrams : véritable Don Juan de l’ Université, il choisit ses proies parmi les jeunes étudiantes de première année pour les séduire et les quitter une fois s’ être « amusé » avec elles. Comme le mythe de Don Juan auquel on pourrait le raccrocher, et contrairement à l’image de ce type de personnage qu’ on pourrait avoir. Il ne s’agit pas de séduire grâce à son physique. D’ailleurs, Parker n’est pas le beau gosse sur lequel toutes les filles s’arrêtent. Mais son point fort, qui rejoint l’un des thèmes porteurs de la saison 4, est le fait de maîtriser à merveille la psychologie et de s’en servir comme arme de séduction. Ainsi, il prendra soin de faire compatir Buffy tout comme d’autress à sa triste vie et aux malheurs qu’il a vécus. Willow, voulant le confronter pour venger son amie, sera elle aussi (tout du moins pourrait-on le penser) à deux doigts de succomber elle aussi. Mais elle comprendra cet aspect de la séduction de Parker pour ne pas tomber dans le panneau.
Sa présence est intéressante dans le sens où elle accentue le côté faillible de Buffy, prête à succomber à n’importe quel garçon charmant dans sa recherche de quelque’un. Au point de ne pas comprendre assez rapidement qui est en réalité Parker. Mais sa présence permet également d’inverser les rapports traditionnels entre fille et garçon, tout comme le faisait déjà la Saison 1. Buffy, amoureuse de Riley, se rêve en train de sauver le jeune homme de quelques vampires pour enfin recevoir sa gratitude éternelle. Le genre de fantasme habituellement attribué aux garçons se rêvant peut-être à sauver la jeune D.E.D. (demoiselle en détresse).
Riley Finn : attentionné, serviable, attentif, le parfait chevalier servant. Il apparaît comme quelque’ un de très « lisse », et c’est une des raisons pour lesquelles Buffy l’a choisie. Car elle savait pouvoir construire avec lui une relation plus saine, sans problèmes ou complications. Riley fera preuve dans sa séduction et sa relation avec Buffy d’une maladresse touchante, allant même jusqu’à demander à Willow de l’aider à draguer Buffy.
Riley apparaît aussi comme un jeune homme assez naïf, avec une représentation du monde très manichéenne. Pour lui, en effet, il y a d’ un côté l’Initiative, et de l’autre les entités hostiles que sont les démons et vampires. Au point que Buffy mettra un certain moment à lui avouer qu’ un de ses anciens petits amis était un vampire. C’est pourquoi le choc sera si grand pour lui lorsqu’il en apprendra plus sur les secrets et les projets cachés de l’Initiative. Manipulé génétiquement par l’Initiative, Riley est soldat génétiquement amélioré faisant de lui un digne partenaire pour la Tueuse (même si celle-ci est beaucoup plus forte et puissante que lui). Tout comme elle, Riley possède une identité secrète et doit jongler entre ses deux vies.
Spike : Lui aussi est de retour à Sunnydale, pour se venger de la Tueuse. Mal lui en prendra.
lui aussi mérite de figurer dans cette rubrique consacré aux prétendants de Buffy, pour la simple et bonne raison que des téléspectateurs attentifs peuvent voir au cours de cette saison les prémices de sa future relation avec Buffy. Rangé parmi les prétendants, n’oublions pas que le sort lancé par Willow le fait tomber amoureux de la Tueuse, et réciproquement. Même si à la fin de l’expérience, tous deux éprouveront un profond dégoût l’un envers l’autre.
Spike aime et continue à observer ses proies de loin, ce qu’il fera à son retour à Sunnydale. Le personnage est sous l’emprise d’une véritable obsession à l’égard de la Tueuse, qu’il ne pense qu’à éliminer. On pourra remarquer que sa nouvelle petite amie est blonde, alors que Drusilla était brune. Est-ce pour mieux oublier son ancienne petite amie ?
Capturé par les commandos de l’Initiative, il reçoit dans sa tête une puce qui l’empêche d’agresser, de faire le moindre mal à un être humain. Toute tentative d’agression lui cause en effet une immense douleur au crâne en retour. Du coup, Spike ne peut plus être le monstre craint par tous, le redoutable personnage qu’il aimait composer auparavant. Pendant un temps, Spike est un peu désabusé et ne sait plus trop où il en est, au point de même songer à se suicider ! La scène sera résolument comique, mais elle traduit bien la situation de désarroi dans laquelle se trouve le personnage. Toutefois, au cours d’un hasard bienvenu, Spike se rendra compte que sa puce ne l’empêche nullement de s’en prendre aux démons et autres vampires. Ayant toujours aussi soif de castagnes et bastons en tous genres, Spike y verra là l’opportunité de regagner un peu de sa superbe perdue, et se ralliera ainsi occasionnellement aux membres du Gang pour assouvir ses pulsions.
Louvoyant entre le bien et le mal, il côtoiera lors de sa fuite le Scooby-Gang, et profitera abusivement de leur générosité. Car l‘« entité hostile non-humaine n° 17 », après avoir réussi à s’enfuir du complexe de l’Initiative, est toujours traqué par leurs commandos. Aussi, il trouvera refuge pour un temps chez Giles, puis dans le sous-sol d’Alex, avant de reprendre son indépendance et d’aller s’installer dans une crypte.
Recruté par Adam, il travaillera pour lui à l’élimination de la Tueuse, se faisant fort de saper la confiance des membres du Scooby-Gang les uns en les autres. Car la présence de la puce le hante toujours, et Adam lui a promis de la lui ôter. A la toute fin, il aidera tout de même la bande à quitter le complexe de l’Initiative à feu et à sang, rachetant un peu, de cette façon, sa « trahison ». Le personnage garde donc au cours de la Saison 4 toute son ambiguïté.
Angel : parti de Sunnydale pour L.A., la Saison 4 sera pour lui l’occasion de deux brefs retours dans son ancienne ville. Le premier sans que Buffy le sache, alors qu’ il n’aura pas hésité à révéler sa présence au reste du groupe. A la lumière d’une vision de Doyle, ayant vu sa bien-aimée en danger, il reviendra à Sunnydale à l’occasion des fêtes de Thanksgiving pour aider le Scooby-Gang à vaincre d’anciens esprits souhaitant prendre leur revanche. Angel, alors qu’il revient sur la « Bouche de l’Enfer », est toujours amoureux de Buffy, et en profitera aussi pour l’espionner, la contempler de loin. Le second lui donnera l’opportunité d’ affronter son rival Riley (et en même temps de livrer un combat peut-être attendu par les fans entre les deux guerriers, d‘un niveau plus ou moins comparable). L’occasion de mettre une dernière fois les choses au point entre les deux anciens amants, la vie devant continuer pour tous les deux.
On notera tout de même que ces apparitions d’ Angel, même si elles ont leur importance pour le reste de l’histoire et pour l’évolution personnelle des personnages, servent plus à renforcer les interactions entre les deux séries plutôt qu’autre chose.
III) Réalités parallèles : lorsque le désir modèle le monde
Comme pour la saison 3 de la série, la saison 4 met en exergue plusieurs visions du monde, plusieurs réalités alternatives servant à illustrer, rendre explicite un aspect différent d‘un personnage qui ne nous serait pas, sinon, apparent.
A - Le monde selon Jonathan (ép. 4.17 « Superstar »)
L’ép. 4.17 commence par nous présenter pour le hook (la séquence pré-générique) une chasse aux vampires, ce qui est somme toute habituel pour un épisode de la série. Mais on sent déjà, aux premières images, que quelque chose cloche. Buffy n’y apparaît pas comme la super-Tueuse, sûre d’elle-même, habile au maniement du pieu, que l’on connaissait auparavant. Non. Les vampires s’enfuyant, le Scooby-Gang les poursuit jusqu’à leur nid. Et les découvrant en train de se livre à un frugale repas, le groupe préfère, avec prudence, de les laisser à leur fin et décide de faire appel à la seule personne à même de les aider : Jonathan. Le Buffyverse tel que nous le connaissons a cessé d’être pour devenir un monde où le jeune loser persécuté des saisons précédentes est devenu littéralement le centre de l’univers, celui avec qui il faut compter. Le jeune homme, dans ce nouveau monde, possède tous les talents et les éléments du bien que doit posséder une personne : le cœur, l’esprit, l’âme et le corps, les quatre éléments qui permettront à la fin de la série de faire triompher Buffy à la fin de la série. Jonathan semble posséder tous les talents : chanteur talentueux, joueur d’ échecs brillants (il bat même Giles à ce jeu, lui qui est pourtant l’intelligence même), admirable combattant tenant la dragée haute aux vampires, il ne semble avoir aucune faiblesse.
Cet épisode était nécessaire à l’avancée de l’intrigue générale et à l‘évolution des personnages. Jonathan, dans son infinie gentillesse, aide involontairement ou non, consciemment ou non les autres protagonistes du Buffyverse. Avec lui, Alex ne se considère plus comme le pathétique loser, image qu’ il a malheureusement de lui. Spike, plus tout à fait le même depuis la présence de sa puce et le fait qu’il ne puisse s’en prendre à des humains, est considéré par Jonathan comme un ennemi à ne pas prendre à la légère. Tous deux reprennent confiance en eux. Le couple Riley / Buffy a connu, suite à l’épisode Précédent, sa première crise. Riley a en effet couché avec Faith alors qu’elle occupait le corps de Buffy, ce que la jeune fille a bien sûr du mal à encaisser. Car le jeune homme aurait du s’apercevoir du fait qu’elle n’était pas vraiment elle-même, ou cela signifie aussi que Faith lui a donné ou l’a séduit d’une façon qu’elle ne pouvait accomplir. Afin de faire repartir leur couple, et que chacun puisse retrouver l’autre, il était nécessaire qu'un élément neutre, extérieur, parle aux deux personnages. Ce ne pouvait être ni un membre de l’Initiative, ni un membre du Scooby-Gang.
Jonathan avait eu l’occasion d’une séquence d’importance lors de la saison 3, Buffy intervenant à temps auprès du jeune garçon pour l’empêcher de se suicider. Jonathan était alors présenté comme le type même de l’adolescent solitaire et égocentrique (les deux vont généralement de pair) dont le fait de n’être remarqué par personne, le fait d’être complètement ignoré était devenu si violent, si insupportable que le jeune garçon en était venu à souhaiter mourir. Se suicider. Après cet épisode, on voit que cet aspect de sa personnalité n’a en tout cas pas changé. Mais l’épisode se révèle particulièrement intéressant et nécessaire pour mettre en exergue l’ égocentrisme d’un autre personnage : Buffy. Car dans le monde de Buffy, même si celle-ci s’en défendrait, le monde tourne souvent autour d’elle. C’est ce que remarqueront par dépit et reprocheront des personnages comme Spike, Willow, Faith. Oui, Buffy est elle aussi un personnage égocentrique. Il n’y a qu’à se rappeler toutes les fois où, privée de la constante attention de ses amis, celle-ci trouve la situation insupportable et en vient à éprouver de la jalousie : lors de son retour à Sunnydale au début de la Saison 3, lorsque l’arrivée d’une nouvelle Tueuse mobilise les attentions (Kendra puis Faith). Buffy n’aime décidément pas être reléguée au second plan. Ce qui explique bien des choses, comme par exemple, peut-être, en partie, ses problèmes de cohabitation avec sa colocataire. Ce qui rend aussi encore plus troublant l’ ép. 6.17 « Normal again », qui montre au téléspectateur l’univers et la jeune fille qui en est l’héroïne principale comme des créations d’ une jeune fille enfermée dans un centre psychiatrique. Ce qui apporte un élément de plus à cette lecture du personnage est le fait que ce soit elle, Buffy, qui se rend compte que quelque chose cloche, que ce n’est pas Jonathan, trop parfait pour être réel, qui devrait être le centre d’attention, de gravité de Sunnydale. Car il ne peut bien entendu y avoir deux centres du monde, deux centres d’intérêt ; et être la Tueuse doit bien signifier quelque chose (« If I am the Slayer, it must means something », lâchera une Buffy presque déçue, exaspérée, qui aimerait redevenir le point d'attention de tous les personnages).
B - Le monde selon Willow
La saison 4 est construite également pour montrer l’évolution du personnage dans un schéma constant jusqu’ à la saison 6. Ainsi, désespérée de constater le peu d’attention qui commence à lui être portée, celle-ci lance une fois de plus un sort très puissant, tellement puissant qu’elle ne réalise pas sa nature dangereuse. Willow lance en effet un sort qui lui permet de faire devenir réel ce qu’elle souhaite. Mais comme elle ne se rend pas compte que son sort a fonctionné, elle ne sait pas que ses souhaits lancès à la légère, sous le coup de la colère, altèrent la réalité du monde : Giles devient peu à peu aveugle ; le sous-sol servant de chambre à Alex est soudain attaqué par plusieurs démons ; Buffy tombe amoureuse de Spike et prévoit de l’épouser.
C - La renaissance de Faith
Un personnage était appelé à revenir, dont le sort n’avait été que provisoirement réglé : Faith. Celle-ci après avoir été poignardée par Buffy avec sa propre lame, et avoir fait une chute de plusieurs mètres, s’était retrouvée dans le coma. Pour son retour, Les scénaristes ont décidé de montrer par le biais de rêves, son intériorité, sa conception du monde. Alors qu’ elle est dans le coma, Faith rêve. Ce qui est intéressant, puisque cela permet de changer le point de vue. Alors que précédemment, on percevait les choses du point de vue de la Tueuse, ces rêves nous amènent à voir comment Faith perçoit Buffy, et comment elle se perçoit elle-même. Comme toujours dans Buffy, ses rêves sont riches en symboles et en révélations. Ainsi, nous aurons droit à trois songes de la seconde Tueuse qui nous donnent à voir sa conception du monde.
Dans le premier de ses rêves, on retrouve un propos quelque peu récurrent par rapport à celui du rêve dans lequel on avait quitté le personnage, au début de l’ép. 3.22 « Graduation Day part. II » : les deux Tueuses refont un lit, changent les draps, afin de préparer l’arrivée de Dawn. Mais, contrairement au rêve précédent, le rêve se termine mal. Alors que chez Buffy, Faith finissait par lui pardonner, dans le rêve de Faith, du sang macule les draps. Buffy vient de recommencer son geste et de poignarder sa « petite soeur », avec la lame offerte par le maire. Le visage de Buffy, particulièrement fermé, n’exprimant pas une once de remords, est inquiétant. Pour Faith, c’est Buffy l’ennemie, la méchante, et elle n’est qu’une simple victime.
Dans le second rêve, un pique-nique est organisé. Au milieu d’un cadre idyllique, Faith, jeune fille en robe (alors que l‘on nous avait toujours présenté le personnage en pantalon, vêtue de cuir), déjeune avec son père adoptif, le Maire Richard Wilkins. Faith est, dans ce rêve, telle une petite fille sage, innocente. Tout se passe le mieux du monde, mais un serpent approche. Le Maire le saisit. Puis, c’est au tour de Buffy, toujours elle, qui arrive et qui gâche la fête. Elle ne cesse de poursuivre Faith pour l’éliminer, se débarrasser d’elle. Faith, apeurée, s’enfuit. Une pluie battante se déchaîne alors, et Faith finit par tomber dans un trou creusé pour une tombe. La sienne ? Rattrapée par Buffy, qui se jette dans le trou, c’est Faith qui en ressort victorieuse et gagne le combat. Peut-être est-ce déjà là le signe avant-coureur de ce qu’elle voudrait inconsciemment : prendre la place de Buffy. Ce qu’ elle commençait à faire lorsqu’elle apparut au début de la saison 3 de la série.
A noter, la « résurrection de Faith, info prise en écoutant le commentaire audio, n’est autre qu’un clin-d’œil à un célèbre personnage de comics, Elektra, la guerrière ninja et l’un des grands amours de Matt Murdock / Daredevil, le justicier aveugle.
D - Le monde onirique, libérateur des âmes, des consciences et des cœurs. (ép. 4.22 « Restless »)
« La vie est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. »
(MacBeth, Acte 5, scène 5)
Dans la lignée des précédentes saisons, une place de choix est laissée une fois de plus à la présence du Monde Onirique, le domaines des rêves et des cauchemars. Cet élément de la série, lié à la fantasy à laquelle appartient Buffy, est si important qu’il se verra même consacrer un épisode entier, à la toute fin de la série, censé faire le lien avec des séquences oniriques précédentes (la scène de rêve de l’ép. 3.22 « Graduation Day part. II », et les séquences de rêve du dyptique consacré à Faith) en plus d’annoncer les principaux événements de la saison 5 (l’arrivée de la nouvelle petite sœur, Dawn, et la mort de Buffy, son « Don »). Cet épisode très particulier est une suite étrange, bien que cohérente, à l’épisode précédent, « Finale Phase », et explique davantage ce qui a permis la victoire de l’Elue sur Adam, en plus d’en explorer les conséquences.
Dans cet ép. Remarquable sensé conclure la saison, et qui aurait pu, comme tous les season finale de Buffy (à une seule exception près) constituer une fin de série comme une autre. L’objectif de Whedon était là encore de tester. De proposer quelque chose de différent. De voir s’il serait capable d’écrire par libre association d’idées sur chaque personnage. De laisser dériver sa pensée, son écriture au profit de chaque personnage. Avec pour ce faire une construction pour le coup très simple, très formelle et canonique pour cet ép. : une introduction, 4 rêves, pour les 4 membres fondateurs du Scooby-Gang, liés les uns aux autres par deux éléments récurrents, et une conclusion. Ce qui est remarquable, c’est qu’en plus de nous montrer chaque personnage dans ce qu’il a de plus intime, et la façon dont ils se perçoivent, dont les perçoit Joss Whedon, c’est que chacun trouve des échos en chacun de nous et chaque rêve transmet, si on sait y regarder de près et être attentif, un message sur le monde.
Le rêve de Willow : Dans son rêve, Willow suit un cours de théâtre. Hélas, pour elle, dès les premiers cours, elle s’aperçoit qu ‘une pièce est mise en scène, chacun ayant un rôle à y jouer. On lui apprend, à sa grande surprise et alors qu’on la voit telle qu’elle a toujours été coiffée et habillée, qu’elle est déjà en costume. On se souviendra de la peur panique de Willow de se retrouver en scène, exposée aux regards du reste du monde. De sa fuite alors qu’elle est sur scène à la toute fin de l’ép. De la saison 1 « The Puppet show ». Dans l’épisode « Billy », toujours de la saison 1, Willow se retrouve peu ou prou dans une situation similaire, propulsée sur une scène, ce qui représentait à l’époque une de ses plus grandes peurs. Dans la suite de son rêve, puisque le temps n’existe pas dans l’Onirique, Willow est entraînée par son amie Buffy dans une salle de classe où Buffy lui ôte son « costume ». Et nous retrouvons, le public revoit la Willow « mal habillée », à la longue chevelure telle qu’on l’avait connue dans la saison 1.
Le rêve de Willow proposé par cet épisode Choisit surtout de mettre en scène un thème principal très shakespearien, et par conséquent très whedonien (le créateur n’a jamais caché son admiration pour son prédécesseur) : le monde perçu comme un théâtre où nous serions tous en représentation constante, une scène sur laquelle tout le monde se démène pour trouver et jouer un rôle. Willow, depuis ses « débuts », est un personnage qui a su évoluer, s’ouvrir au monde. De jeune fille timide, coincée (??), mal dans sa peau, elle est devenue jeune femme épanouie, ravissante. Témoin de ce changement profond de la jeune fille, une nouvelle apparence : les vêtements tendance, une nouvelle coupe de cheveux sont arborés par la jeune fille dès le début de cette saison 4. Mais et si tous ces changements n’étaient qu'illusoires ? Et si tous ces changements, aux yeux d’elle-même mais également aux yeux des autres n’étaient destinés qu’à masquer l’horrible vérité, à savoir qu’ elle serait toujours la même jeune fille ? Les autres, le public qu’elle côtoie alors tous les jours se serait aperçu de la mascarade, et ne serait pas dupe de ce « changement ». Willow se serait peut-être contenté, comme le suggère le rêve, de changer de costume, de dissimuler sous d’autres vêtements la même Willow. C’est ce que questionne le rêve de la jeune sorcière. Se contenterait-elle alors de jouer un rôle ? Pour le sportif et gros naze qu’elle a aidé dans ses devoirs, et qu’elle revoit au cours d’une soirée, à ses yeux, elle est resté la même Willow. Le vicieux Spike, toujours prompt à semer la zizanie au sein du groupe et destabiliser les membres du Scooby-Gang, il ira jusqu’à lui faire entendre que ses plus proches amis considèrent son coming-out, sa nouvelle orientation sexuelle serait due au fait que ce soit « cool », et donc à la faire paraître comme quelqu’un de « cool ».
Le rêve de Willow est aussi révélateur d’une dichotomie présente chez le personnage, et à laquelle le téléspectateur est souvent peu attentif. Willow est peut-être bien aussi, comme Buffy, un personnage égocentrique , qui aime être le point de mire. Mais surtout, elle constitue finalement (bien plus que Buffy d’ailleurs) la véritable âme du Scooby-Gang. Au cours des saisons précédentes, sa forte personnalité l’a mise parfois en point de mire, en centre d’attraction des regards, professeur (en remplacement de Mlle Calendar), prenant l’initiative de rendre son âme à Angel et lançant le sortilège. Rôle qu’elle assume avec joie, mais aussi avec angoisse (Cyclope des X-Men vous le dira, aucune place n‘est plus difficile que celle de leader). A tel point que certains ont pu penser que son évolution naturelle aurait pu être celle de devenir Observatrice, voire de succéder à Giles. Mais en même temps, l’un des pires cauchemars de la jeune fille, le final de « The Puppet show » et l’ épisode « Billy » (tous deux dans la saison 1) en sont témoins, est de monter sur scène et de s’offrir à la vue de tous. Que tous soient prêts à l’écouter.
Oui, nous sommes des êtres infiniment paradoxaux : nous pouvons et vouloir être au centre de toutes les attentions, être le point focal sur lequel tous les regards se concentreraient, et en même temps, ou à d‘autres moments redouter d‘avoir cette position que nous rêvons d‘avoir. Car nous savons cette position, inconsciemment, inconfortable et difficilement tenable. Au point de vouloir alors se fondre dans la foule, dans la masse. Et c’est ce que vit Willow. N’oublions pas aussi que son rêve la voit avoir le rôle principal d’une pièce, peut-être le « rôle de sa vie », ainsi que présenter un exposé devant le reste de la classe. Et si nous ne quittions jamais totalement le lycée, lieu destructeur et formateur ?
« Tout le monde se demande qui tu es. Qui tu es vraiment. » (Tara, à Willow).
Le rêve de Giles - La pendule tourne : La roue tourne, Giles. Tu es à un nouveau tournant de ton existence. Encore. Tu as construit une relation paternelle avec une jeune fille d’adoption. Mais la jeune fille a bien grandi et tu la sens s’éloigner de toi. Elle a moins besoin désormais, et tu te refuses toi-même à constamment veiller sur elle. Derrière l’illusion de l’histoire, la façade que constitue la chasse aux vampire d’une jeune fille blonde courageuse, se cache le souci de choisisr : faut-il quitter la scène, ou monter en scène et accepter les feux de la rampe, et devenir pourquoi pas chanteur ? C’est un avenir possible. Si tu ne te décides pas très vite, d’autres prendront la vedette à ta place : Spike, ou Anya, par exemple.
Non. Tu as encore ton rôle à jouer en tant qu’Observateur. Mais attention : l’intelligence, la connaissance ne suffisent pas toujours. Tu prends enfin conscience de ton rôlee fondamental. De ce qu’est une Tueuse sans guide. Sans Observateur. Sans conscience morale. (Faith n’était donc pas un avertissement suffisant ?) Une force brute, sauvage et indomptée. La vengeance et la soif de sang incarnées. Non. Ces mots adressés à la Tueuse, « Tu crois savoir. Ce qui t’attends. Ce que tu es. Mais tu as à peine commencé. », ils te concernaient aussi. La roue tourne, mais ton heure n’est pas encore venue, Giles, continue à guider les forces du bien. A forger l’épée.
« Le monde n’est qu’ un stupide carnaval de vampires. » (Giles)
Le rêve de Giles illustre les choix possibles qu’il aurait pu faire, et comment il voit sa relation avec Buffy. On le voit dans son rôle d’Observateur. On le voit avec sa compagne Olivia, comme un père de famille, Buffy les accompagnant comme si elle était sa fille. La relation qu’il a peu à peu construite avec elle, et qui est bien sûr réciproque.
« L’ agneau doit être sacrifié ».
Le rêve d’ Alex - Le prisonnier du cercle : De toutes les directions prises par Alex, il semble qu’on revienne toujours au point de départ. A la cave qui lui sert de maison, de refuge, d’abri, et où il est peut-être né, tous les chemins semblent conduire. Rassurant mais aussi préoccupant. Car il faut bien un jour sortir, mais le monde du dessus est inquiétant. Alex, peut-être bien comme Buffy, est un homme de désirs et de passions. Désirs inavouables propres à susciter chez lui peut-être la culpabilité. Obsédé qu’il est par le sexe faible, il rêve peut-être à ses moments perdus d’avoir Joyce Summers, la mère de Buffy. Sa meilleure amie Willow, et sa petite amie Tara. Amant. Soldat. Conquistador. Des images viriles dans lesquelles il rêve de s’incarner. Ce qui crée chez lui la confusion. Le trouble. Il ne comprend pas toujours le monde qui l’ entoure, ni ses amis autour de lui. Buffy, Giles, Anya lui sont parfois étrangers. Difficilement compréhensibles. Il a rêvé un moment de devenir le nouvel Observateur de la Tueuse. Mais il sait qu’il n’en a pas l’étoffe. Alex, et de loin, préfère servir. Assister plutôt que décider. De franchir lui-même le seuil. D’où le sentiment, souvent, d’observer les événements de loin sans être impliqué. Place pouvant devenir inconfortable, puisqu’ elle pourrait signifier une mise à l’écart. Voire sa disparition. Le fait qu’il devienne brusquement invisible aux yeux des autres. Car les événements ont toujours besoin d’ un témoin, mais aussi de faire renaître le héros chez celui qui est (ou croit être) le plus insignifiant des hommes.
« Il faut avoir une passion, ça te fait avancer ». (Alex)
Le rêve de Buffy - « Où sont mes amis ? » : C’est la question que ne cesse de se poser Buffy dans sa séquence de rêve. Alors que c’est l’ aide de ses amis qui lui a permis, entre autres, de vaincre Adam, le rêve revient encore une fois sur ce qui nous avait été montré précédemment, à savoir que Buffy ne vaincrait peut-être pas toujours sans eux et que ce sont eux qui lui donnent en partie sa force. Le problème est que ses amis ne seront peut-être pas toujours là pour l’aider. C’est aussi le message que tente de lui transmettre la Première Tueuse. L’épisode Montre aussi une de ses peurs les plus profondes : que ceux-ci ne l’ abandonnent alors qu’ elle a le plus besoin d’eux.
Le rêve est aussi l’occasion pour elle de comprendre sa relation avec Riley, qu’elle perçoit encore comme un soldat, un agent du gouvernement, et marque peut-être le signe de sa prochaine rupture avec le jeune homme.
« Je ne connais que la mort. L’ appel du sang. La blessure profonde. Je suis la destruction. Absolue. A moi seule. » (La Première Tueuse. Mais aussi peut-être Buffy ?).
« Tu crois savoir. Ce qui t’attends. Ce que tu es. Mais tu as à peine commencé. » (Tara, devenue l’intermédiaire de la Première Tueuse et parlant en son nom).
E - La première Tueuse : ordre et chaos
Un nouvel élément primordial concernant la mythologie de la série intervient à la toute fin de la saison 4, faisant écho à des éléments présents dans la série et vus précédemment. Après que le Scooby-Gang ait jeté un sort afin de donner à Buffy de nouvelles facultés afin de vaincre Adam, les amis de Buffy semblent sortir épuisés par l’épreuve, et succombent à un profond sommeil. Tous, sans exceptions arpentent l’étendue désertique de leurs rêves. Mais au cœur de l’Onirique, une présence inquiétante, mystérieuse, se rapproche dangereusement d’ eux. Encore une fois (et ce sera loin d‘être la dernière), il semble que Willow ait entraîné ses amis à pratiquer un rituel dont elle n’a pas mesuré les conséquences. En plus de lier corps et âme les 4 membres du Scooby-Gang, le sortilège a [r]amené du royaume des Ombres une ancienne puissance endormie. Alors que l’on craint la présence d’un puissant démon (ce qui se révélera en partie vrai), Buffy s’est vue habitée par la puissance d’une force primaire, primitive, aussi vieille que l’humanité : celle de la Première Tueuse. Encore une fois, la mythologie de la série (comme celle de certains grands personnages de comics) s’inscrit dans la tradition, dans une historicité faite de successions d‘ancêtres ayant occupé le même rôle, la même fonction. La Primitive est une jeune femme noire sauvage, non civilisée, qui ne semble pas posséder de plus le langage. Elle est un élément de chaos pur, s’opposant à l’ordre du monde. Une force violente, sourde, destructrice.
Dans la culture populaire orientale, à la différence de la vision occidentale, le Chaos est vu comme une force positive. L’Ordre, par contre, est vu comme un élément négatif ; il est associé peut-être trop facilement à la tradition, aux règles, à la société qu’on impose aux gens, aux adolescents. Dans les mangas, dans l’animation japonaise, les héros, en général de jeunes adolescents, s’opposent à un ordre établi quelque peu dictatorial. Ce qui illustre le fossé se creusant de plus en plus entre les jeunes japonais, les adolescents et les adultes qui ne les comprennent plus. Voir, encore une fois, Matrix où l’Oracle incarnant le Dieu du Bien souhaite créer le déséquilibre dans la Matrice et est clairement un agent du Chaos. Par opposition, l’Architecte, froid, logique, rigoureux, est un agent de l’Ordre en plus d’être un Dieu maléfique.
L’apparition de la Première Tueuse permet d’apporter un élément d’explication au sort jeté par Willow et ses amis dans l’ép. 4.21 « Primeval » en plus d’explorer un élément nouveau de la mythologie jamais véritablement expliqué : d’où vient la Tueuse ? Quelle a pu être la première d’entre elles ? L’épisode Apporte en partie des réponses à ces questions, la Saison 5 aura pour but, entre autres, d'apporter d'autres éléments de réponse. La Première Tueuse était une force pure et libre totalement livrée à elle-même, sans personne pour la guider, lui imposer une loi, des règles, des interdits. Cette créature est en tout cas douée de conscience. Elle souhaite moins récupérer la puissance qu’on lui a « empruntée » que transmettre un message et avoir une visée prophétique : la Tueuse est en général solitaire, seule dans le terrible combat contre les forces du mal.
IV) Les constituantes de l'Être Humain : Le cœur, l’âme, l’esprit et le corps
« Souviens-toi toujours de ça : l’arme est le prolongement de la chair, la chair de l’esprit, et l’esprit de l’ âme. Pour qu’ un vrai guerrier survive à un combat et en sorte triomphant, tous ces éléments doivent fonctionner en harmonie. »
(Zealot, dans Wildcats Vol. 1, n° 10. Scénario de Chris Claremont.)
Buffy s’avère, en dépit de sa puissance, incapable de vaincre Adam, la créature née de la bio-technologie.
Quelle leçon faut-il alors en tirer ? Que Buffy n’est pas encore complète, qu’il lui manque les éléments inhérents à son statut de héros ? Pas forcément. Mais comme à sonhabitude, la série a voulu une fois encore la confronter à un ennemi bien plus puissant qu’elle, et de ce fait difficile à éliminer. Tout en montrant une fois de plus les liens profonds qui unissent les différents membres du Scooby-Gang et ce que chacun apporte aux autres, à tel point qu’ils forment une véritable entité à eux tous, chacun représentant (c’est ce qu’on nous rend explicite dans les deux derniers épisode de la saison) une partie d’ un être. Un peu comme les membres d’une famille ou ceux d’ un des plus célèbres groupes de super-héros, les 4 Fantastiques.
Pour rendre hommage à l’ép. 4.22 « Restless », procédons par libre association d’idées pour développer ce point. Résumé de la série, en quelque sorte, ainsi qu’ explication de l’importance de chaque membre fondateur du Scooby-Gang.
Buffy Summers. La main. La première et la dernière. Le bras armé de la justice. Ce qu’est Buffy tout au long de sa croisade contre les forces de la nuit. La série n’aura cessé de montrer l’efficacité de Buffy au combat. Ele compense alors ce qui lui fait défaut par ailleurs. Car Buffy n’est pas la plus brillante élève du lycée. Montrant toutefois un certain talent pour la psychologie, elle n’est pas la plus intelligente du groupe. Et pour cause, puisque la Tueuse réagit surtout (serait-elle programmé, tout comme les autres Tueuses, pour cela ?) à l’ instinct, qualité compensant ainsi son manque de jugeotte parfois (dont la série s’amuse à de nombreuses reprises).
Alex Harris. Le cœur. L’amitié. Bien plus que Buffy, contrairement à ce que l’on pouvait croire. La générosité, sans cesse renouvelée. Celui qui sait toucher les gens. Paradoxalement, il est à de nombreuses reprises le cœur brisé. Cette qualité sera rappelée et de nouveau exploitée à la fin de la saison 6. Le bras droit. Le porte-parole. Celui qui délivre les sentences, et met à jour les non-dits. L’appui. La personne-repère. L’ambiguïté. Celui qui croit qu’il n’est rien alors qu’il est tout. Le chemin vers davantage d’humanité. Le boute-en-train. Le faux bouffon. Car il faut se faire remarquer. Se faire connaître. Sortir de l’ombre. Au risque de devoir assumer sa prétendue médiocrité.
Rupert Giles. L’esprit. Le savoir. L’intelligence. Brillante. Un élément mis en avant depuis l’ép. de la saison 1 « The Puppet show ». La sagesse. Le guide. Le mentor. Le maître. L’élève. Qui apprend autant qu’on lui apprend. Le père. L’envoyé. L’ange gardien. Le sauveur. Le pécheur. Celui qui donne autant qu’il reçoit. L’hôte. Le refuge. L’abri. Le secours. L’héritier de la connaissances des anciens. L’homme. Qui aide d’autres êtres à devenir des hommes. L’abandonné. Le retrouvé.
Willow Rosenberg. L’âme. L’entité qui unit le groupe, toujours au centre. La beauté intérieure. Celle qui doit se dévoiler. Qui se cache trop. Trop timide pour se montrer. Le pilier du groupe pourtant, autant que Buffy. Celle qui aurait pu devenir Observatrice. Succéder à Giles. Et qui dirigera le Gang à la mort de Buffy (au début de la saison 6). Elle possède les autres qualités, en plus de les unir. Elle est aussi celle qui absorbe et transcende les interdits.
Les 4 piliers. Les clés de voûte. Ceux sur lesquels s’appuient tous les autres. Ceux qui ont été, sont et seront. Les épargnés. Les survivants. Ceux ayant résisté à l’attrait du mal, de l’abandon, de la peur, du chagrin de la perte. Ceux qui ont survécu aux apocalypses. A l’apocalypse. A la fin du monde. Et resteront à jamais gravé dans nos mémoires.
V) La mythologie du Buffyverse / Une saison orientant la série vers la Science-Fiction
La saison 4 de Buffy renouvelle également la série par le fait de la plonger dans le registre de la Science-Fiction, important des thèmes courants des histoires de ce type. On pourrait évoquer rapidement les multiples réalités alternatives ou l’échange de corps, par exemple. Bien sûr, puisque nous sommes dans un univers de fantasy, ces thèmes prennent naissance grâce à un sort jeté sur la réalité ou par le biais d’un objet magique. Mais ces topos (ou lieux communs) sont ceux que l’on trouverait dans une série SF.
A - L’Initiative : nouvel élément de la mythologie du Buffyverse
La saison creuse pour cette quatrième année d’existence un élément jusque là effleuré, juste suggéré lors des premières années. La connaissance d’un monde souterrain effrayant par certaines autorités officielles. Ainsi, l’Université de Sunnydale où Buffy Summers s’est inscrite abrite dans son sous-sol une mystérieuse organisation gouvernementale. Mieux encore, de jeunes étudiants ainsi que certains professeurs font partie de cette organisation ! Encore une fois, cet élément pourrait poser de gros soucis de continuité : comment se fait-il que l’on ait pas entendu plus tôt parler de ces mystérieux commandos ratissant la ville à la recherche des démons et autres vampires ? Ou encore mieux, se contenteraient-ils uniquement de pourchasser les créatures de la nuit sur le campus ? Alors dans ce cas, pourquoi l’université, à part le fait de constituer un réservoir de jeunes gens, serait-il plus apte à la chasse aux démons que le reste de la ville toute entière ?
L’Initiative est un complexe paramilitaire secret du gouvernement qui regroupe à la fois scientifiques et militaires. Les militaires sont pour l’ensemble des jeunes hommes d’une vingtaine d’années spécialement entraînés, qui sont de plus (on le découvrira par la suite), améliorés par la science à base de traitement spécial consistant en des cocktails vitaminés. Les hommes de l’Initiative sont choisis assez jeunes pour pouvoir se fondre dans la masse des étudiants. Certains scientifiques de l’ Initiative dispensent des cours à la fac. Leur mission est la capture des démons et vampires, ce qu’ils appellent généralement « entités hostiles non-humaines », afin de les rendre inoffensifs. Nombre d’entre eux sont détenus dans les locaux de cette organisation afin d’être étudiés de près et disséqués. Les vampires se voient dôtés d’ un implant, une puce, qui les empêche ainsi de s’attaquer à tout être humain, au risque d’endurer une effroyable douleur. Là encore, on retrouve des éléments propres à la SF : des êtres humains génétiquement améliorés, des puces ou implants neuraux.
B - Adam : le Bad-Guy de la saison, au cœur des thèmes de Buffy
L’un des points sur lesquels aura le plus porté la critique de cette saison 4 est le manque de présence ou d’importance du Bad Guy final. Pour la saison 4, l’ensemble des spectateurs semble avoir compris le déroulement d’une saison de Buffy, à partir des trois saisons précédentes : est présent un méchant très puissant et significatif dont les apparitions compteront jusqu’à la confrontation finale de fin de saison, le climax de celle-ci. Or, il faut bien reconnaître que cet aspect de la série fut négligé, laissé de côté au profit d’autres enjeux. Est significatif le peu de place laissé au personnages, celui-ci n’apparaissant que tardivement et dans quelques épisodes Seulement alors que la fin de saison approche. A l’image de la saison 4, saison littéralement « éclatée », constituée de fragments de destins épars, Adam est un être constitué de différentes parties de démons, à la frontière entre la science et la mythologie. Cohérent avec l’idée d’apporter (d’importer) quelques thèmes propres à la S-F, on peut toutefois se demander si ce ne fut pas au bénéfice du personnage et de sa crédibilité. Contrairement aux autres Bad Guys des années précédentes, celui-ci apparaît comme plutôt limité dans sa psychologie tout comme dans ses ambitions ou enjeux : un méchant qui se contente de dire qu’il va tuer toute l’humanité parce qu’il croit avoir été conçu dans ce but, reconnaissons que l’on fait tout de même un peu mieux. Aussi, une trop grande présence à l’écran aurait peut-être rendre encore plus évidents les défauts du personnage.
Même la fin d’Adam sera quelque peu expéditive, une Buffy surpuissante détournant les armes du monstre avant d’échanger quelques coups pour finir par lui arracher son cœur en uranium. Mais peu importe car là n’était pas l’important. Buffy ne se réduisant pas non plus uniquement au combat d’une (super-)héroïne et de sa bande contre un « gros méchant », ce à quoi certains voudraient aussi réduire la série.
C - L’influence de "Matrix" dans la saison 4 de Buffy
Whedon, on l’aura compris en voyant son œuvre, est un auteur imbibé de culture populaire sous toute ses formes, puisant son inspiration à des sources aussi diverses que la littérature, les comics ou le cinéma. Un film aussi ingénieux, audacieux dans son propos, profond et « révolutionnaire » que Matrix ne pouvait qu'interpeller le brillant artiste qu’est Joss Whedon, ainsi que l‘équipe de brillants scénaristes l‘entourant. D’où, pour cette saison 4 de Buffy, de nombreux points communs entre les deux œuvres, le plus évident étant tout de même la fusion harmonieuse, au sein d’une seule et même œuvre, de cultures aussi contradictoires et opposées que les mangas et les comics. La référence à Matrix, qui présente également un Elu, est explicite dans l’ép. 4.17 « Superstar », où dans la réalité de Jonathan, c’est le jeune garçon lui-même qui a joué le rôle (à la place de Keanu Reeves). Le premier clin-d’œil à Matrix se trouve lors d’une scène où Willow et Tara, devant un ordinateur, voient défiler une série de nombres façon Matrix (élément qui faisait déjà partie du célèbre film d’animation japonaise Ghost In The Shell. Une des inspirations de Matrix, de toute manière).
Ainsi, l’une des choses les plus frappantes avec le personnage d’Adam est la proximité de son discours, de sa réflexion (??) avec celui de l’Agent Smith de Matrix. Rappel : l’Agent Smith est un programme de contrôle créé par la Matrice dans le but de poursuivre, traquer et éradiquer les anomalies du système, les libres penseurs, les rebelles, ceux qui s’opposent farouchement à la Matrice et aimeraient libérer l’humanité. Mais déjà, lors du premier volume de la trilogie, l’Agent Smith, face à un Morpheus soumis à la torture à peine en état de lui répondre, fait part de ses pensées et de sa haine envers l’humanité, affichant dès lors une certaine individualité par rapport à ses collègues. Ayant fait sortir les autres agents afin de rester seul avec Morpheus, expose une vision, une conception toute personnelle de ce qu’est en réalité l’humanité. Elle serait en fait non pas une espèce animale à part entière, mais un virus dont il faut purger la planète (idée que l'on retrouve dans des animés japonais et notamment dans la série animée japonaise Blue Gender). A la fin de ce premier volume, l’Agent Smith se verra libéré, affranchi de la Matrice et de son influence. D’où le problème qui se posera ensuite à lui, dans la suite de la saga. Un être humain, pour vivre, a besoin d’un but, d’une raison d’exister, ce dont Neo l’a dépossédé, Smith étant désormais en mesure de n’obéir qu’à sa propre volonté, à sa propre conscience. Smith, fut dès lors dans la nécessité de se créer un nouveau but.
Adam, tel un enfant nouveau-né, est étranger au monde ; il ne connaît rien de lui. Il a besoin de découvrir et comprendre le monde. Après avoir commencé à nous étudier, il en est venu à une conclusion semblable : la nécessité d’avoir un but dans l’existence. Toutefois, contrairement à Smith, il prendra bien plus vite conscience de cela et comprendra (ou croira comprendre) le but pour lequel il a été créé : tuer toute vie humaine. Ce qui rapproche davantage encore les deux personnages, Smith se fixant le but d’assimiler l’humanité toute entière. On peut également évoquer le final très matrixien entre Buffy et Adam, s’inspirant du film de l’aveu même de Whedon : une super-Buffy dopée par le fait qu’ elle soit unie aux forces vives de ses amis (Giles, Alex, Willow) se voit dôtée d’ une puissance suffisante pour arrêter des balles en plein vol à la manière de Neo (avec effet de ralenti au passage) ou transformer un missile en oiseaux.
En conclusion
La saison 4 est surtout à voir comme une saison de transition ; un prélude, une introduction aux importants changements qui se dérouleront lors de la Saison 5, à tous les principaux rebondissements et arcs de la saison 5. Elle aura de plus surtout servi à mettre un terme provisoire au destin de quelques personnages (Oz et sa relation avec Willow, Faith, la relation entre Buffy et Angel... ), à une redéfinir certains autres tout en modifiant à plusieurs reprises le Scooby-Gang. Au passage, on peut noter que si certains personnages disparaissent définitivement de Sunnydale (comme Wesley Windam-Price ou Cordelia), d’autres réapparaissent à Sunnydale après l’avoir quitté, comme Oz, Faith, Angel ou Spike, c’est en général pour connaître la plus grande souffrance ou pour la faire connaître à autrui. Il vaut mieux, dès lors, que le départ soit vraiment définitif, au risque d’être confronté à la plus difficile des réalités, à laquelle aucun personnage n‘échappe, et que personne ne semble (re)connaître : devoir admettre que la vie continue, le monde ne cesse de tourner, avec ou sans nous. Buffy the Vampire-Slayer est une série adulte et mature en ce sens qu’elle donne aussi des leçons de vie, à l’image des Grandes Séries que furent ou sont encore Star Trek : The Next Generation, Star Trek : Deep Space Nine, Quantum Leap ou X-Files. Car malgré notre intelligence ou les expériences personnelles construites à partir de notre vécu, nous refusons de voir la vérité, aveuglés que nous sommes par nos illusions ou nos représentations.
Avec des personnages aussi évocateurs des origines premières du monde (Adam, qui porte ironiquement (??) le nom du premier homme, la Première Tueuse), et la découverte d’un nouvel univers (celui de l’Université, qui représente toujours un nouveau départ en plus d'une nouvelle identité sociale), la série semble vouloir revenir aux sources, se recréer. La saison 4 fut surtout l’année des recommencements. Elle est aussi, à l’image de sa consoeur X-Files ou de l’Initiative, le lieu de nouvelles expérimentations. Car n’oublions pas que la série se sera essayé cette année, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs, au film d’horreur gothique (ép. 4.10 « Hush »), à la SF (avec la présence de l’ Initiative et tout ce qui en découle), au récit d’ aventure et d’action rappelant ceux des années 50 (ép. 4.17 « Superstar »), à la critique sociale (« Beer bad » ou encore « Pangs ») ou encore à l’épisode Onirique (ép. 4.22 « Restless ») avec une insolente réussite, en proposant à chaque fois des petits bijoux d’inventivité et d’humour. Ces épisodes, ces « expériences » du récit auront permis de montrer aussi bien le passage à l’âge adulte et la maturité de la série que celui des personnages principaux. Certains auront connu de surprenantes « transformations » (Willow, Spike) alors que d’autres piliers de la bande, personnes-repères sur lesquelles les autres pouvaient s’appuyer, auront finalement peu changé (Giles, Alex).
La série, tout en évoluant, aura continué à aborder avec un brin d’humour et d’ironie des sujets graves et sérieux tout en continuant d’asséner des vérités aussi limpides que lumineuses à même de nous aider à comprendre le monde, en nous projetant dans le lapin du terrier, dans un étrange miroir obscur. On ne pouvait en attendre moins d’une série majeure comme Buffy the vampire slayer.
12:38 Publié dans Buffy, the Vampire-Slayer | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : joss whedon, buffy, restless, alex, willow, spike, faith
Buffy the Vampire-Slayer : Analyse de la Saison 3 de la série.
Saison 3 : La corruption du monde
I) Multiples visages
La saison 3 s'avère être la saison des choix par excellence. Les personnages, arrivés à la dernière année du lycée, vont être confrontés en fin d’année à la terrible question de leur avenir. Seront-ils acceptés dans une ou plusieurs universités ? La fin de saison approchant, l'université est de plus en plus au coeur de toutes les discussions. Etant abordé avec plus ou moins de distance par les personnages. Mais avant cela, les lycéens doivent affronter une difficile et terrible épreuve : le "Graduation Day", qui pourrait se traduire par le jour de l'Ascension. Il s'agit en fait de la cérémonie qui accompagne la remise des diplômes. Une tradition toute américaine, qui tente de donner toute son importance à l'évènement. Car ce genre de cérémonie est théâtralisé ; les lycéens revêtent ainsi en ce jour particulier le costume de rigueur. Dans le Buffyverse, puisque rien ne vient seul, cette cérémonie sera doublement importante. Car le « Graduation Day » est également le jour où le Maire de la ville, Richard Wilkins III, doit devenir un puissant démon. Ceci pour illustrer et montrer que ce jour particulier marque un changement de statut, une étape supplémentaire dans leur vie. Le passage à un stade supérieur. Les lycéens vont devenir des étudiants, passer du statut d'adolescent à celui de jeune adulte.
A - Miroirs et doubles
Dans la saison 3, l’un des aspects les plus notables est l’exploration de la psyché, de la personnalité des personnages. Cette saison semble en effet travailler le rôle et l’identité de chaque personnage. Et pour présenter cette analyse précise, pour asseoir leur propos, les scénaristes utilisent le même procédé qui évite d’asséner un propos par le simple dialogue. Dans Buffy, rien ou si peu n’est dit de façon explicite ; tout est montré par l’exemple. Buffy est en cela une série subtile qui fait appel à l’intelligence de son spectateur. Les scénaristes confrontent ainsi chacun des personnages principaux à d’autres eux-mêmes, par certains aspects semblables et pourtant toujours différents. Ainsi, pour montrer l’animalité qui peut sommeiller en chaque mâle, en chaque être, un ép. nous présente-t-il trois variations possibles : Oz le loup-garou, Angel devenu bestial après son séjour dans une dimension démoniaque, et un lycéen absorbant une étrange substance le transformant en une sorte d’animal. Nous nous définissons, nous affirmons notre identité par notre différence aux autres. Ce sont les limites entre les êtres qui les aident à se définir, semble nous dire la série. On pourra noter que cette réflexion sur l’identité des personnages était déjà quelque peu présente lors des saisons précédentes, mais présentée autrement, par les costumes utilisés dans l’ép. 2.06 "Halloween" par exemple.
Toutefois, ces doubles mis en scène malgré leurs différences, font donc écho aux personnages nous informent, dévoilent un élément de la personnalité du personnage dont on ne se doutait pas au préalable, ou montrent un nouvel élément qui traduit l’évolution de celui-ci. Faith, sorte de double négatif de l’héroïne, nous montrera par exemple le caractère influençable de Buffy, en même temps que la tentation du pouvoir, de braver les interdits, d’abolir les frontières (morales) que l’on se fixe.
Un épisode est d’ailleurs particulièrement significatif et de l’analyse de la psychologie de Buffy, et de l’évolution du personnage pour cette troisième année d’existence. Dans le tout premier ép. de la saison, Buffy, après avoir dû tuer son amour pour pouvoir fermer un portail donnant sur une dimension démoniaque, s’enfuit de Sunnydale, répondant ainsi à la menace de sa mère. Buffy a fui sa ville d’adoption et sa vie d’avant ; ses responsabilités. Elle se fait désormais appeler Anne (ce qui est en fait son second prénom, qui sert de titre à l’épisode) et travaille comme serveuse pour gagner de quoi vivre et payer la chambre d’hôtel où elle a trouvé refuge. (On pourrait d’ailleurs y voir là une annonce des épisodes suivants, en plus de renforcer le parallèle entre Buffy et Faith. Celle-ci occupera à Sunnydale une chambre d’hôtel également). Cet épisode traite donc d’abord et avant tout de l’identité (en plus de nous montrer la solitude et l’anonymat qui gagnent les êtres dans les grandes villes et dont Angel nous parlera plus en détail). Dans sa fuite, Buffy tombe par hasard sur une ancienne connaissance : Lily, autrefois appelée Chantarelle, une jeune fille aussi paumée et désespérée que notre héroïne, également en fuite, qui change de nom, d’identité à chaque fois que sa vie prend un nouveau tournant. Image de ce que pourrait être ou devenir Buffy, une héroïne perpétuellement en fuite.
Mais les événements finissent toujours par nous rattraper, et des démons s’emparent des jeunes gens abandonnés dans la ville pour les réduire en esclavage dans leur dimension démoniaque. Pour leur ôter toute envie de se rebeller, pour éteindre leur identité, les démons les obligent à oublier jusqu’à leur nom. C’est alors que Buffy affirmera : « Je suis Buffy, la Tueuse de vampires ». Double affirmation dans cette réplique, qui ne pourrait être pris que pour une simple boutade ; Buffy retrouve son véritable prénom, cesse de fuir, et accepte son statut, son rôle d’exterminatrice de démons. Il s’agit d’ailleurs de la première fois où Buffy se présente ainsi. Cette affirmation de soi, nouvelle étape dans l’évolution du personnage, ne changera plus durant cette saison 3. Ayant repris confiance en elle et choisi d’être ce que le destin a fait d’elle, elle peut alors revenir à Sunnydale. Alors que précédemment, elle refusait son destin, ce rôle qui lui fut donné par le destin, elle semble désormais l’avoir accepté.
Toutefois, cette acceptation de son statut de Tueuse lui servira par la suite de prétexte. Alors que précédemment, elle aspirait à une vie ordinaire et refusait d’accomplir sa destinée, désormais, le fait qu’elle soit une Tueuse est mis en avant pour éluder la question de l’université. A chaque fois qu’une personne de son entourage aborde le sujet, Buffy semble se réfugier derrière cette réalité pour éviter de penser à un univers peut-être inquiétant ou effrayant, totalement inconnu, où elle serait complètement perdue. (« The Freshman », le premier épisode de la saison 4, lui donnera à juste titre raison). Même Giles, qui serait prêt à lui laisser poursuivre une vie normale d’ étudiante, se voit désormais répondre qu’ elle est avant tout une exterminatrice.
La série nous présente également deux autres Buffy : la Buffy de la réalité alternative du souhait de Cordelia tout d'abord. Celle-ci n'a pas vécu de la même façon que la Buffy du véritable monde. Elle apparaît plus dure, sombre, violente, livrée corps et âme à sa mission. Toute joie, toute possibilité d'être heureuse a disparu de son visage. Écorchée vive, elle est d'ailleurs marquée physiquement par les épreuves de ses différents combats, à voir les cicatrices sur son visage. Et surtout, elle est seule, sans troupe à ses côtés. Et elle perd dans son combat contre le Maître. Elle est ce que Buffy aurait pu devenir, et ressemble un peu à la Buffy vivant dans la grande ville.
Enfin, comme un double inversé, la série nous présente une "nouvelle petite sœur" (titre français particulièrement bien trouvé, pour une fois !!). Faith. Elle est tout ce que Buffy n'est pas, car elle n'a rien de ce que Buffy a. Des amis. Une mère. Le sens des responsabilités. Des limites morales. Buffy sait reconnaître ce qui est bien de ce qui est mal. C'est pourquoi, bien loin de se satisfaire de sa vie, Buffy envie Faith.
Faith assume le fait d'être une Tueuse, bien mieux que la blonde Tueuse. Mais elle voit en ce statut l'affirmation qu'elle est supérieure aux autres. Ce qui lui permet de tout faire ou de se permettre tout. De se croire au-dessus des lois. Ce qui est bien sûr une illusion. Tout comme Buffy s'est trouvé un père adoptif en la personne de Giles, Faith sera "adoptée" par le Maire Richard Wilkins III sans que ses réelles motivations ne soient expliquées, tout du moins au début. Si le Maire est un puissant sorcier, il n'en reste pas moins humain, et seul lui aussi. Et c'est parce qu' il est seul qu' il s'attache tant à sa fille adoptive.
Si on l'analyse comme un double inversé de Buffy, elle nous montre ce que la fameuse héroïne aurait pu être ou devrait être. Et pourquoi Buffy est une Tueuse d'exception, ce qui la rend supérieure aux autres Tueuses. Mais cela nous montre également le caractère influençable de Buffy, prête à suivre son "amie" et à la laisser la convaincre de passer à l'acte. D'oser faire tout ce que sa nature particulière lui permet de faire (et pas forcément les lois). Mais, et c'est important, là où les chemins se séparent, c'est face à la mort d'un humain, d'une victime innocente. Là où Buffy se retrouve rongée par la culpabilité, là où elle fait jouer (inconsciemment) ses références morales, Faith ne ressent rien, n'éprouve rien. Comme elle le dit elle-même, elle s'en fiche. Et Buffy pense que sa "petite sœur" est semblable à elle, mais qu'elle réagit différemment. Elle est convaincue que Faith refoule ses sentiments, sa souffrance. Pourtant, on peut penser que c'est là d'où provient son erreur : la seconde Tueuse n'a pas ces repères moraux, cette grille de lecture des événements que nous impose notre éducation, qui nous indique ce qu'est le bien ou le mal. Puisqu'elle se considère de toute façon au-dessus des lois. Et n'oublions pas qu'elle ne semble pas avoir connu de structure encadrante comme une famille ou l'école. Même si elle a connu la présence de son Observatrice à ses côtés, cela n’est pas tout à fait la même chose.
B - Sexe et déviances : Faith et la Willow-vampire
« Tu as besoin de moi pour t’éclater parce que tu as peur de le faire, n’est-ce pas, B. ? Tu ne supportes pas de me voir vivre comme je l’ entends, prendre mon pied, parce que ça te tente. »
-- Faith, à Buffy (ép. 3.15 « Conséquences »).
Deux principaux personnages vont avoir l'occasion de nous présenter de nouvelles facettes de leur personnalité par l'intermédiaire de leurs doubles inversés, « maléfiques ». Ces deux personnages ont en commun de partager une conception semblable du sexe, entièrement orientée vers la satisfaction personnelle d'abord et avant tout, ainsi que dans un rapport de domination de leur partenaire. Alors que pour d'autres personnages de la série, le sexe est échange mutuel, Faith n'hésite pas à afficher sa perception du sexe librement et ouvertement : les garçons sont utiles et utilisés pour satisfaire un besoin physique, rien de plus. Ainsi, la brune Tueuse s'étonnera-t-elle que Buffy ne soit pas sortie avec Alex avant d'appliquer sa conception du sexe plus tard avec ce dernier. Si elle utilise les garçons littéralement comme objets sexuels (inversion de perceptions traditionnelles) et qu'elle aime dominer lorsqu' elle couche avec eux, un autre ép. la montrera capable d’entrer dans des rapports SM lors de l’acte sexuel. Le sexe est aussi un moyen de faire souffrir, et elle y prend visiblement beaucoup de plaisir. La scène où elle manque d’ étrangler Alex en le chevauchant (ép. 3.15 « Conséquences »), alors que ce dernier était venu la voir pour tenter de la ramener « sur le droit chemin », est d’une violence (physique, psychologique) et d’une noirceur incroyable, en même temps que la scène exerce (peut-être) une forme de fascination. Dans cet épisode où la scène a lieu, Alex est sauvé juste à temps par Angel, qui veillait dans l’ombre sur Buffy et Faith, et la Tueuse se justifie en disant que ce n’était qu’un jeu et qu’elle se serait arrêtée à temps ; ce qui est plutôt difficile à croire et pour Angel, et pour le téléspectateur. Car le problème est qu’il y a aussi un plaisir, une satisfaction à faire le mal, ce que sait parfaitement le vampire avec une âme, et le sexe est, aussi, un moyen de domination de l’autre. Ce que semble avoir parfaitement compris Faith, qui souhaite garder le contrôle en n’importe quelle circonstance.
Déjà apparue dans « The Wish », il convient de noter que dans "Dopplegangland", on met en scène l'approfondissement du personnage de la Willow-vampire. Dans ce second ép. la faisant intervenir, un élément est particulièrement troublant : le peu de place laissé de sa part au langage, qui ne semble servir que pour décrire des "sentiments", ce qu'elle ressent. A la différence de Willow, la Willow-vampire est tout entière tournée vers l’animalité, la sensualité, le plaisir physique. Alors que Willow parle souvent, beaucoup, parfois à tort et à travers, son double laisse principalement parler son corps. La Willow-vampire aime, tout comme Faith, être dans un rapport de domination avec les mâles. de même qu'elle apprécie également les filles et la compagnie féminine. Le personnage permet aussi d'introduire le coming out de Willow qui suivra.
Il est intéressant de voir que ce second ép. où ce double intervient montre un aspect de la personnalité de Willow mis en avant jamais vraiment montré mais prévisible et cohérent avec ce que l’on connaît du personnage. Prévisible. C’est ce que l’entourage de Willow pense d’elle, et qui s’accompagne du fait que Willow est personne extrêmement serviable, jusqu’à ce que les personnages en abusent. Mais contrairement aux apparences et à ce qu’on pourrait penser d’elle, Willow est le second personnage fort de la série (elle connaîtra d’ailleurs sa propre descente aux enfers, sa chute et sa résurrection, après avoir dirigé le Scooby-Gang dans la saison 6), peut-être bien plus qu’Alex (même si ce dernier sera traité avec tout autant d’importance). Le début de la série a pu montrer le caractère indépendant de la jeune fille, ce qui sera confirmé par l’épisode 3.11 « Intolérance ». L’épisode subodore qu’ elle a du de toute façon s’occuper d’elle-même avec des parents souvent absents, où qui s’intéressaient peu à leur fille. Elle commence à fréquenter un groupe de jeunes sorcières afin de pratiquer la magie noire et de jeter des sorts sans qu’aucun des autres membres du Scooby-Gang ne soit réellement au courant. Mais puisque la série a pour thème central l’évolution, le passage à l’âge adulte, Cet ép. nous présente une autre facette de sa personnalité juste avant de la modifier et d’insister sur l’affirmation de soi que connaît le personnage.
Un développement pourrait être fait ici avec l'imagerie SM qui parcourt cette saison 3. Angel redevenu une bête sauvage, Buffy ne voit d'autre solution que de l'enchaîner, tout comme Buffy le sera pour faire croire à Faith qu'elle est à sa merci. L'univers de Buffy laisse place à davantage de violence, de noirceur, même (et surtout) dans la présentation des rapports sexuels.
C - "Helpless" : les références avouées de Buffy the Vampire-Slayer.
Cet épisode illustre plusieurs choses. Au moment où Buffy assumait enfin ses pouvoirs, elle se retrouve brutalement privée de ces derniers. Et alors que pourrait s'en suivre une série de réactions que la Buffy passée nous permettait d'attendre, soulagement du fait qu'elle ne puisse plus être la Tueuse, joie de pouvoir (enfin !) aspirer à une vie normale tant souhaitée, Buffy se retrouve... désemparée ; décontenancée. Si je n'ai plus mes super-pouvoirs, qu'est-ce que je suis ? Semble nous dire Buffy par sa façon d'aborder cette nouvelle situation. Peut-être que la volonté de définir chacun des personnages de la série fait écho au besoin que les personnages ont (que nous avons) de pouvoir nous définir pour exposer notre différence aux autres.
"Helpless" est également important à observer car plusieurs des références à l'origine de la série y sont présentes, de manière implicite ou explicite :
- les Super-héros. Buffy est, à l'image de nombreux super-héros de comic-book dôtée de facultés supérieures : super-force, agilité... Bien que la série ne nous ait jamais présentée dans le détail l'ensemble de ces super-pouvoirs, nous montrant toujours Buffy comme une jeune fille comme les autres, et s'appuyant sur sa personnalité. Ici, une scène est assez significative. Le téléspectateur sait que la soudaine perte de pouvoirs est le fait de Giles, en exposant Buffy à une pierre dôtée de certaines propriétés. Lors d'un de leurs "briefings" (moment où les membres du Scooby-Gang se réunissent dans la bibliothèque), Oz et Alex évoquent les différentes variétés de Kryptonite apparues dans Superman. Montrant d'ailleurs aussi involontairement les dérives du procédé scénaristique, les auteurs désirant apporter un changement concernant le personnage lui-même s'étaient mis à inventer plusieurs variétés de Kryptonite, différentes dans leur façon d'affecter le personnage suivant leur couleur. La référence dans le texte à ce personnage et à l'une de ses principales faiblesses montre la filiation entre les deux personnages.
- Une autre des références de Buffy est le conte de fées. Buffy, souvent considérée à tort comme une série fantastique, appartient en réalité au registre merveilleux, et en reprend bien des éléments : sorcières, sorts, envoutements, monstres, objets magiques, tout comme on peut en trouver dans le conte de fées. De plus, la série comporte aussi la dimension psychanalytique propre aux contes de fées. Dans l'épisode, dans une scène nocturne, Buffy marche seule dans les rues de Sunnydale. Elle porte un pardessus rouge, qui la fait ressembler au célèbre Petit Chaperon. L'épisode "Intolerance" pourrait être considéré comme lui faisant écho. Cet épisode fait également référence à l'univers des contes de fées, en transformant les Hansen et Gretel du conte en enfants diaboliques, en réalité le déguisement d'un démon. Ces références de la saison 3 mettent en évidence un autre fait : Buffy the vampire slayer ne souffre pas de la "confusion des genres" comme X-Files. Cette série appartient au registre merveilleux, à la "fantasy" (pour utiliser le terme anglo-saxon). La magie, les démons, les phénomènes surnaturels sont montrés comme allant de soi, et leur existence n'est jamais remise en question par les personnages qui semblent accepter naturellement l'existence de vampires, de loup-garous ou de monstres. La série se déroule dans un autre univers où la magie existe (la ville de Sunnydale). La série n'est pas, à proprement parler, une série fantastique, à moins que l'on ne considère le merveilleux comme un sous-registre du fantastique. On pourrait aussi avancer l’idée que les habitants de Sunnydale savent très bien qu’ils vivent dans une ville où tout peut arriver, même s’ils ont tendance à se voiler la face.
- Enfin, une dernière référence affichée par la série est les films d'horreur. Alors qu'elle s'est retrouvée confrontée à des vampires qui l'attaquaient, Buffy n'a pas d'autre solution que de s'enfuir à toutes jambes. L'argument qui avait donné naissance (entre autres) à la série se retrouve une nouvelle fois inversé. Ce qui avait pu donner naissance à la série, c'est que Whedon rêvait de voir la jeune bimbo blonde des films d'horreur (l'un des stéréotypes du genre) se mettre à frapper son agresseur et lui tenir tête. La série proposait une première inversion d'un schéma traditionnel. Ici, dans cet épisode, Buffy redevient malheureusement cette simple jeune fille vue à plusieurs reprises dans différents films d'horreurs et se retrouve obligée de fuir, au risque sinon de succomber. Nouvelle inversion du schéma original de la série.
II) La mythologie de la série
A - Adultes et adolescents
La mythologie se développe encore lors de cette saison en se concentrant cette fois sur un élément resté encore bien mystérieux, le Conseil des Observateurs, sur lequel s’attarde cette troisième année de la série. Ce dernier était en effet resté dans l'ombre, n’étant connu du téléspectateur que par les allusions de Giles. Mais c’est lors de la saison 3 que ce Conseil sort de l’ombre et se présente à nous par l’intermédiaire de différents représentants. Nous apercevrons au cour de la saison 3 de Buffy the Vampire-Slayer différents personnages liés au Conseil des Observateurs : Gwendolyn Post, une ancienne membre du Conseil corrompue par l’attrait du pouvoir (ne préfigure-t-elle pas, d'une certaine manière, le destin de Faith ?) ; Wesley Windam-Price, qui présente bien des points communs avec Giles, par l’origine commune que les deux personnages partagent (tous deux sont en effet britanniques), mais qui en même temps nous montre d’autres aspects de l’Observateur type ; Quentin Travers, le chef du Conseil, venu lui-même à Sunnydale dans le cadre du test que toutes les Tueuses ayant atteint leur majorité doivent passer : affronter un vampire psychopathe sans leurs super-pouvoirs.
La saison 3 poursuit de ce côté le travail effectué lors de la saison 2 sur le travail de Giles, en le confrontant à d’autres modèles de Watchers. Et à la grande surprise des fidèles de la série, Giles n’est pas aussi régulier ni aussi traditionnel dans son rôle qu’on pouvait alors le penser. Les autres Observateurs semblent plus rigoureux, attachés à la tradition et à l’ordre, alors que Giles est plus progressiste dans sa façon d’appréhender sa fonction. Dans l’épisode le plus important pour cette partie de la série, "Selfless", Giles remettra en cause le test, la tradition, qui peuvent mettre en péril la vie de l’Elue.
Gwendolyn Post, en remettant en question le savoir de Giles et en constatant les manques de sa bibliothèque, exaspère Giles. Un bon observateur est censé en effet posséder les ouvrages de référence ainsi que passer son temps dans leur lecture. Giles est d' une certaine façon jugé, évalué, et la situation n'est pas à son avantage.
On comprend avec cette saison 3 que Rupert Giles s'éloigne de la figure traditionnelle de l'Observateur pour évoluer. Il n'y a qu'à voir les différences avec un autre Watcher certes plus jeune, et moins expérimenté, mais qui ressemble à ce qu'était Giles au tout début de la série. Wesley Windham-Pryce, le nouvel Observateur envoyé par le Conseil pour superviser Faith et Buffy, devient le nouveau contre-point comique (rôle qu'incarnait Giles, permettant de savoureux échanges entre lui et les membres du Scooby-Gang) pour permettre de montrer un Giles plus aguerri, qui devient peu à peu un homme d'action prenant de plus en plus part aux batailles et aux luttes (physiques) contre vampires et démons.
On peut ici remarquer peut-être une nouvelle incohérence dans la série (qui n'en manque pas, privilégiant une logique de divertissement à une logique réelle) : Si un Watcher avec davantage d'expérience a pu avoir du mal à s'occuper de Buffy, jeune fille un peu rebelle, comment un Conseil, qui doit représenter une certaine sagesse, peut-elle envoyer un jeune homme apparemment complètement inexpérimenté, dont les connaissances sont avant tout prises des livres, s'occuper de deux Tueuses ? Comment le Conseil, sous le seul prétexte que ce dernier n'entrera pas dans un rapport père-fille, peut-il envisager de lui confier la charge des deux jeunes filles ? Et d'ailleurs, comment un tel Conseil exclut-il la nécessaire confiance mutuelle que doivent avoir un Watcher et sa Tueuse l'un envers l'autre ? Un point commun est en tout cas partagé à la fois par Rupert et Wesley : une méconnaissance totale, avant d'y être confronté, de la psychologie des adolescents, de leur mode de vie et leurs préoccupations. Ne pourrait-on pas alors les considérer comme des doubles possibles des téléspectateurs adultes qui seraient amenés à suivre la série ?
Si la saison 3 insiste sur le fait que Giles est une figure paternelle de substitution, d'autant plus que celui-ci s'est rapproché davantage de Joyce, la mère de Buffy (sous l'effet d'un sortilège, il couchera même avec elle, même si cela se passe hors-champ et que l'on ne l'apprend que bien plus tard, en même temps que Buffy !)
On apprendra, entre autres, que le Conseil possède sa propre milice destinée non pas à aider la Tueuse, mais à arrêter les Tueuses récalcitrantes et étant devenues dangereuses car incontrôlables.
La saison introduit également le personnage du maire, apparition prévue déjà l'année dernière, celui-ci ayant été mentionné à plusieurs reprises lors de la saison précédente (sans que l’on y prête réellement attention). Ce personnage s’inscrit dans la mythologie parce c’est en enquêtant sur l’individu que le Scooby-Gang prend conscience de l’horrible réalité : Sunnydale est en fait une ville construite par le maire lui-même, une ville qui pourrait servir aux démons afin de sustenter leurs appétits. Ce qui explique pourquoi, par exemple, la ville ouvre sur une « bouche de l’enfer ». Cette figure d’autorité que représente le maire a un rapport assez ambigu avec la jeunesse. Reconnaissant, lorsqu’un groupe de scouts est invité à la mairie pour prendre une photo avec ce dernier, que les jeunes sont l’avenir du pays, il ne peut imaginer une jeunesse totalement affranchie et garde l’idée d’une nécessité constante de les surveiller. Sans aller aussi loin que le Principal Snyder, personnage envisageant toujours le pire et obsédé par ce que pourrait faire de répréhensible ses lycéens. En d’autres termes, bienveillance mais vigilance. La jeunesse, si elle constitue le terreau de l’avenir, doit toutefois être dirigée. Totalement conscient de ce qui se passe dans sa ville, on apprendra d’ailleurs au détour d’une conversation, lors d'une de ses premières apparitions, qu’il est parfaitement au courant de ce qui se passe dans sa ville, et des agissements des forces de la nuit.
Le maire, vis-à-vis de Faith, représente également, comme s’il était un double inversée de Giles, une figure paternelle pour la Tueuse sans attaches. On pourrait dresser facilement un tableau de ce qui les rejoints autant de ce qui les distingue. Ayant pris la jeune fille sous son aile, cela constituera sa première faiblesse. Si Giles tente de le transpercer d’ une épée, ce qui causera sa perte sera son attachement à cette jeune fille. Pour ces deux personnages également, et par leur traitement, Faith et le maire, la série conforte un de ses principaux thèmes : la solitude, et le besoin de s’attacher à quelqu’un.
En observant ainsi deux des principales figures de cette saison 3, d’un côté le maire, figure paternelle, et les Observateurs, on peut penser que la saison confronte en réalité deux mondes : l’ordre, la loi, les parents et l’autorité, et les adolescents, leurs enfants, le chaos, des agissements hors-la-loi. La saison 3 explore aussi cette strate de la société. Les deux mondes semblent en effet coupés, séparés, sans que le lien entre les deux ne soit extrêmement difficile. Et la série montrera comment est long, difficile et sinueux le chemin de l’un à l’autre. D'ailleurs, à travers deux épisodes particuliers, la série confronte les deux groupes pour les dernières fois, avant de faire glisser les principaux personnages de l'un à l'autre. La série traduit par les personnages un malaise du rapport entre les deux « groupes » qui se parlent difficilement. Il suffit de voir les relations conflictuelles entre Joyce et sa fille au début de la saison (rendues encore plus compliquées après que Joyce ait appris la vérité sur sa fille), auxquelles peuvent faire écho la relation (l’absence de relation) entre Willow et sa mère, qui comble du comble, s’abreuve aux discours des sociologues et autres psy pour comprendre sa fille ! Seul Rupert Giles parvient encore à garder lien avec les membres du Scooby-Gang. Deux épisodes traduisent l’ affrontement entre les deux générations : l’épisode "Band Candy" montre des adultes revenus de l’autre côté de la barrière, au grand désarroi des adolescents obligés alors de se conduire de façon mature et de leur faire la leçon. Les rapports s’inversent, cette situation prenant même un aspect effrayant. Les adultes sont tenus de se comporter en adulte, de constituer des repères rassurants pour aider les adolescents.
Le second épisode est "Intolérance", où un comité réunissant l’ensemble des parents de Sunnydale est organisé sous la présidence de Joyce. Là, les parents, dans leur aveuglement et leur refus de comprendre leurs enfants, deviennent alors l’ennemi. Ils entament une croisade stupide car alimentée par leurs préjugés à l'égard des jeunes. Dans les deux cas, les adultes sont mis en porte-à-faux, pas forcément montrés sous leur meilleur jour. Les deux épisodes se renvoient montrant les dérives possibles de deux attitudes opposées. Trop autoritaires, castrateurs dans leurs attitudes, ou au contraire trop laxistes qui laisseraient une liberté complète à leurs enfants.
B - Le couple Buffy / Angel
La saison 3 est tout aussi importante dans le fait de mettre fin à un élément de la dynamique interne de la série, le couple formé par Buffy et Angel. Jamais réellement séparés, les deux amants se retrouvaient déjà, dès le début de cette troisième année dans l'Onirique. Les premiers ép. nous montrent une Buffy ne pouvant s'empêcher de rêver de son amour perdu. Mais les scénaristes de la série comprenaient que la relation entre les deux personnages ne pouvant aboutir, décidèrent de séparer définitivement le couple. Angel, après avoir manqué de succomber au remords le submergeant (dans l'ép. 3.10 "Amends"), prendra la décision de quitter définitivement Buffy et Sunnydale pour suivre sa propre voie. D'autres personnages l'aideront à prendre cette difficile décision.
Quatre personnes feront prendre conscience au ténébreux vampire, à plusieurs reprises au cours de la saison, que leur amour est condamné : le maire (ép. 3.19 "Choices"), la mère de Buffy, Joyce (ép. 3.20 "The Prom"), Spike, un peu plus tôt dans la saison (bien qu'il s'adresse aux deux amoureux Buffy et Angel), lors de son retour à Sunnydale, et aussi... lui-même. Ou plus précisément son inconscient, par le biais d'un rêve. En effet, dans l'ép. 3.20 "The Prom", Angel rêve qu'il se marie avec Buffy. Un mariage avec eux uniquement, sans aucun invité ni témoin. Mais lorsqu' ils sortent de l'église, à la lumière du jour, Buffy prend feu et est consumée par les flammes. Au grand désespoir d' Angel qui ne peut rien faire pour elle.
Ce rêve peut être interprété comme un message de l'inconscient d'Angel, qui doit lui faire prendre conscience que l'amour qu'il éprouve pour Buffy est voué à l'échec. Ce rêve le conduira à faire le plus douloureux des choix : se séparer de Buffy et quitter Sunnydale. Au grand dam de cette dernière.
C - Le couple Buffy / Giles
Ce couple aura connu des étapes bien difficiles lors de cette saison 3, qui peut-être n'auront fait que renforcer leurs liens.
- Giles aura eu à subir d' une certaine façon la trahison de Buffy qui ne lui a pas appris le retour d'Angel. Une faute grave, selon lui, Buffy ne respectant pas ainsi sa douleur suite à la mort de Jenny Calendar. Même si Giles ne lui en tiendra pas personnellement rigueur, peut-être cette attitude de Buffy est-elle destinée à montrer d’une certaine façon l’égoisme latent de la jeune fille.
- Giles aura à son tour trahi la confiance de sa Tueuse en la faisant participer au test du Conseil. La fin de l'épisode nous montrera que si la douleur est grande des deux côtés, du fait de la trahison du père de substitution, du guide, du mentor, les choses s'arrangeront avec le temps.
III) Devoir et responsabilité
La série, puisqu'elle a pour thème principal l'histoire d'une Tueuse (et même si la jeune fille ne tue que des monstres et autres créatures de la nuit) présente une certaine violence. Cela, les auteurs ne l'ont jamais nié et savent qui regarde en majorité leur série. D'où la conscience aigue d'avoir une certaine responsabilité liée à la question de la violence, surtout dans un pays où les armes sont en vente libre et où il peut être facile de s'en procurer (argument facile ressorti à tout bout de champ).
De ce fait, un épisode va traiter en particulier de cette question, ainsi que de la violence que l'on peut s'infliger à soi-même : le suicide. "Earshot" met en effet en scène le personnage de Jonathan. Type même du loser, faisant d'une certaine façon écho à Alex, il est l'élève qui, au pire rate tout, au mieux passe tout à fait inaperçu durant le lycée. Dans la série, il est déjà apparu à maintes reprises, jouant les victimes potentielles un nombre incalculable de fois sans que le spectateur ne le remarque plus que cela. Débordé par la souffrance, il monte au point le plus haut du lycée avec un fusil. Buffy, qui a réussi à le repérer à temps, pense qu'il a prévu de commettre un massacre sur les autres lycéens. Mais il ne voulait que se supprimer lui-même. Quand la douleur devient trop insupportable, on tourne la violence vers les autres, ou soi-même. Ce qui montre tout de même, mine de rien, une connaissance très fine des tourments qui peuvent hanter les adolescents, et le fait que la série sait fort bien associer gravité et humour, pesanteur et légèreté. Et Buffy, qui n'a jamais envisagé (apparemment) d'en arriver à une telle extrémité (du moins jusqu’à cette troisième saison), a une réplique absolument brillante, car terriblement lucide et juste : si personne ne fait attention à toi, ne te remarque, c’est que c’est la même chose pour tout le monde, tous les lycéens ressentent cela. Tout le monde est occupé avec ses propres problèmes. Un propos terriblement juste et audacieux, dans une série où l’adolescence est vue comme une série de tourments, alors que les séries qui la copient ont tendance à omettre cet aspect des choses, de la réalité. Dans la tête des adolescents, c’est bien souvent le chaos. Et cela met en exergue le caractère parfois égocentrique d’ un ado, tout comme le montrera l’ép. 4.17 « Superstar » de la saison suivante. Dans cet ép., Jonathan, la star de son monde imaginaire, est le centre de toutes les préoccupations, de toutes les attentions.
Ceci pour montrer que les auteurs n’hésitent pas à traiter de sujets graves et n’ont jamais choisi la facilité, mais ont toujours cherché à dépeindre l’adolescence de la façon la plus juste possible, tout en étant conscients de leur responsabilité vis-à-vis de leur principal public.
IV) Des personnages en évolution
De plus en plus, les personnages vont être, au cours de cette saison, reliés à une fonction, un rôle (tout comme dans les RPG, si on peut faire la comparaison) qui permettra de les définir. De plus, contrairement aux saisons précédentes, certains ép. se concentreront davantage sur certains personnages, cassant ainsi un peu la structure d’un épisode classique ou la dynamique de groupe, en plus de se concentrer sur l’évolution personnelle du personnage ainsi montrée. L’autre caractéristique du groupe, c’est qu’il continue à s’étendre, à intégrer d'autres membres, au risque de négliger certains personnages. Alors que le Scooby-Gang n’était constitué à l’origine que de quatre personnages (qui resteront d’ ailleurs toujours le noyau dur du groupe), il présente désormais 9 membres : Buffy, Alex, Willow, Cordelia, Giles, Oz auxquels s’adjoignent Angel (une fois celui-ci ressuscité), Faith, et Wesley Windam-Pryce, le nouvel Observateur. Ce qui commence bien sûr à faire beaucoup, et va permettre la naissance du spin-off Angel, certains personnages pouvant être réinjectés dans la série dérivée.
Buffy : la Tueuse, « the Chosen One » (l’ Elue, en VF). Celle que les forces du bien ont choisie pour combattre vampires et démons. Mais elle est aussi Buffy Summers, une jeune adolescente de 17 ans essayant d' avoir une vie normale. La saison marque tout d'abord une évolution notable du personnage par rapport à son statut, son rôle. A noter lors d'un petit jeu auquel se livrent Buffy et Willow, à la fin de l' ép. 3.02 "Dead man 's party", chacune insultant l'autre, l'épisode se termine sur Buffy traitant Willow de sorcière et Willow qualifiant son amie de "freak", ce qui signifie monstre, aberration, créature anormale. Cordelia l'appelle aussi ainsi. Buffy n'est pas, malgré ce qu'elle voudrait être, une créature ordinaire. Sa nature de Tueuse n'est pas vu comme quelque chose de normal, de naturel. Elle est perçue comme une sorte de mutante. Serait-ce une façon d’ introduire le fait qu’elle n’est pas si éloignée des monstres, des démons qu’elle combat ?
Si la saison 3 marque un changement évident du personnage, en plus de nous révéler encore des aspects cachés de sa personnalité, Buffy reste toujours aussi humaine et proche de nous. Et une nouvelle peur apparaît chez elle, la peur de l'université, d'être confrontée à un nouvel univers inconnu, où elle n'est pas sûre de parvenir à trouver sa place, bien que tout le monde l'y encourage.
Willow : suite au sort jeté pour restaurer l'âme d' Angel à la fin de la saison 2, Willow a pris goût à la magie. On la voit de plus en plus plonger dans ce domaine, et l’ép. 3.02 nous apprend qu’ elle a passé une grande partie des vacances d’ été, en l'absence de ses amis, à commencer à pratiquer la magie noire. Elle commence à cotoyer d'autres sorcières (cf. ép. 3.11 "Intolérance"), à commencer à agir sur les objets qui l' entourent. Elle parvient par exemple à faire léviter un crayon de bois, commençant ainsi à faire montre de certaines capacités magiques. C’est dans cette saison que son personnage gagne en indépendance et en force de caractère. Elle aussi se verra en partie consacrer un ép. destiné à approfondir et à marquer son évolution : "Dopplegangland", qui marque le retour de la Willow vampire et surtout s’amuse avec certains traits de caractères du personage : sa serviabilité, sa gentillesse naturelle qui la pousse à un peu tout accepter, sa nature prévisible.
Alex Harris : l’ami de toujours, le garçon courageux et loyal. Mais aussi le loser (tout du moins en apparence), dont le chemin aura été le plus difficile d’entre tous. Les scénaristes, qui ont conscience qu’ils n’ont pas développé chez lui d’aptitude particulière, à la différence des autres personnages, vont jouer à en faire le héros d’une nuit au cours d’un ép., "Zeppo", qui démontre tout de même, paradoxalement, les qualités du personnage.
Angel : Il apparaît au tout début de la saison dans des rêves de Buffy. Puis pour recréer un couple, le ténébreux vampire revient de la dimension démoniaque où Buffy avait dû l'envoyer pour fermer le portail. Mais le personnage est peu intéressant dans cette saison ; il est assez fade. Mais un épisode entier lui sera tout de même consacré (ép. 3.10 "Amends"), censé introduire son départ de la série que les épisodes suivants prépareront également. Cet épisode sert à nous montrer les tourments que peut faire subir le poids de l’âme retrouvée à un vampire, les souvenirs des nombreuses victimes remontant à la surface.
Quatre personnages vont servir à donner cette prise de conscience et le déclencheur à sa décision de quitter la ville. Spike tout d'abord, qui montre à Buffy et Angel qu'ils se trompent et se mentent à eux-mêmes. Chacun est amoureux de l'autre, ils ne peuvent rester de simples bons amis. Le maire ensuite, qui insiste auprès d'Angel sur la différence d'âge entre lui et la jeune fille, Joyce, qui craint qu'il ne ressorte rien de bon de la relation des deux amoureux. C'est pourquoi elle lui demande de partir. Et enfin le subconscient d'Angel, qui lui fait comprendre à travers un étrange rêve que ces personnages ont raison et qu'il doit quitter la ville, à la fois pour lui et pour elle. Dans le rêve en question, Angel et Buffy se marient dans une église, sans aucun témoin. Puis à leur sortie de l'église, les rôles s'inversent. Angel voit Buffy prendre feu à la lumière du jour, tout comme les vampires exposés à la lumière du soleil.
Giles : il reste l’Observateur, le protecteur de Buffy. Cette saison voit le personnage s'éloigner de la figure traditionnelle de l'Observateur pour le voir prendre part davantage à l'action. Et ce, même après avoir été renvoyé du Conseil des Observateurs. On aurait pu croire qu’une telle décision l’affecterait davantage. Mais non. Car cela ne l’a jamais empêché de rester proche de Buffy, et aussi parce que le personnage prend conscience d’un terrible changement : Buffy n’est plus tout à fait la même jeune fille qu’il rencontra deux ans plus tôt ; elle a déjà muri et grandi, au point de ne plus être tout à fait la même. Plus libre, indépendante, enfin consciente de son rôle et de son statut, elle ne craint plus d’ être confrontée seules aux forces du mal. Du moins en apparence. D’ où la question qui se pose alors à Giles : une Tueuse sans Observateur(trice) reste une Tueuse ; mais que devient un Observateur sans Tueuse à protéger ? Cette situation sera davantage encore creusée dans la saison 4.
Oz : il reste Oz. Le toutou de Willow. Le personnage n'aura jamais été véritablement exploité, se contentant d’ être le petit ami de Willow. « Là où Willow va, je vais. » (ép. "Homecoming"). Alors qu'il reste le petit ami de Willow, il finira par découvrir la relation amoureuse entre elle et Alex. Mais à la différence de Cordelia, il acceptera de pardonner à Willow et se remettra avec elle.
Un des personnages que je déteste le plus dans Buffy, comme vous l’aurez remarqué.
Cordelia Chase : séparés par les grandes vacances, qu'ils ont passées chacun de leur côté, Alex et Cordelia décident de reprendre leur relation. Mais c'est lorsqu'Alex semble avoir enfin trouvé quelqu'un que des sentiments pour Willow se concrétisent. Cordelia finira par l'apprendre, et contrairement à Oz, il ne pardonnera pas à son ancien amour. A partir de ce moment, le personnage perd de l'importance pour reprendre son rôle de garce, n'apparaissant plus que pour lancer des piques à Alex. Ce côté pimbêche est réintroduit au cours de cette saison, notamment lorsque son égoïsme la pousse à oublier d’avertir Buffy au sujet de la photo de classe, ou lorsqu’ elle souhaitera que Buffy ne soit jamais venue à Sunnydale. En fin de saison, lorsque sa rupture avec Alex sera consommée et qu’elle flirtera avec Wesley, elle sera surtout présente pour des joutes verbales répétitives avec Alex, se plaisant à le tourmenter. Il était donc peut-être temps là aussi que son personnage quitte la ville, celui-ci commençant un peu à tourner en rond dans les murs de Sunnydale.
Anyanka /Anya : il s’agit d’un démon de la vengeance, chargé de venger les femmes bafouées et de se venger des hommes. Ce qui sera le cas de Cordelia. Le personnage ne devait être à l'origine présent que pour deux épisodes, "The Wish" et "Dopplegangland". Mais puisqu’il fallait bien qu’Alex ne se rende pas seule au bal des Terminales, Anya sera réintroduite dans la série pour lui servir de cavalière, et comme source de renseignements au sujet de l’Ascension pour le Scooby-Gang. On peut d’ailleurs y voir là les prémices de son entrée dans le groupe (ainsi que de sa relation avec Alex). Car Anya est âgée de 1120 ans et a déjà connu une Ascension. Si elle semble avoir perdu l’ensemble de ses pouvoirs, elle n’en a pas moins perdu le goût de raconter les sinistres moyens utilisés pour se venger des hommes, au grand dam d’ Alex.
" Pour en arriver là, la route fut longue pour vous, pour Sunnydale. Elle fut ponctuée de réussites, de bonheur, de bons moments. Et de chagrins. De pertes. Certains qui devraient être présents aujourd'hui sont absents. Mais nous sommes là. A la fin du voyage. Et qu'est-ce qu' un voyage ? La distance parcourue ? Le temps écoulé ? Non. C'est ce qui se produit en route. Ce sont les choses qui nous forment. A l'arrivée, on n'est plus le même. Aujourd'hui, il est question de changement. Le diplôme marque l'évolution de votre situation, et la vôtre. C'est une Ascension vers un autre niveau. Rien ne sera plus jamais comme avant. Rien. "
-- Extrait du discours prononcé par le maire Richard Wilkins III, lors de la cérémonie de remise des diplômes des lycéens de Sunnydale de 1999, et de l'Ascension de ce dernier (ép. 3.22 "Graduation Day II").
LE FUTUR EST NÔTRE !
-- Inscription portée sur le Yearbook des lycéens de Sunnydale '99, et sur laquelle se conclut la saison 3 de Buffy the vampire slayer.
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" Ce qui est important, avec la série, c'est qu' on est tous Willow, Cordelia, Buffy et Alex (...). Tout est fluide, tout change, les alliances changent. On est tous cruel. On est tous heroïque. On est tous un peu de tout. " -- Joss Whedon.
12:30 Publié dans Buffy, the Vampire-Slayer | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : buffy, joss whedon, alex, willow, cordelia chase, faith
vendredi, 27 février 2009
Il était une fois... (présentation de la série Dollhouse)
(présentation originale pour la série qui fait le buzz depuis quelques mois, et que tous les fans de séries TV attendaient plus ou moins… )
Il était une fois les Sorciers du Renard, qui oeuvraient pour servir une mystérieuse déesse : la Lucarne magique. Une entité inconsciente, miroir permettant d' observer des univers parallèles, reflets du nôtre, où tout est possible. Leurs desseins étaient obscurs, apportant le meilleur, comme le pire, au monde. Pris de frénésie, ils firent signer la belle brune, convaincus que celle-ci, satisfaisant la Lucarne, leur aporterait gloire et argent. Pour garantir leur succès, ils firent également signer le Scribe Joss. Pour mieux le tromper, ils prient une autre apparence, et lui firent croire que les Sorciers du Renard avec qui il avait traité une première fois avaient été remplacés. Joss, abusé, signa. Trop audacieux, trop complexe, les Sorciers prirent peur. Regrettèrent-ils leur choix ? Toujours est-il qu' ils demandèrent au Scribe de réécrire sa vision. Et répudièrent dans un recoin obscur de la Lucarne sa création… Les voies des Sorciers du Renard sont parfois des plus impénétrables.
Il était une fois une nouvelle vision de Joss. Le Scribe. Le… Whedon.
Il existerait des Maisons de poupées dans le monde. Des maisons, de vraies où de belles jeunes filles sont devenues esclaves de Sorciers. Dans ces maisons, ce sont les jeunes filles qui sont devenues elles-mêmes poupées, à l' image de celles avec lesquelles on aime à jouer. Jeux loin d' être innocents. Ces Sorciers, à l' image du Sorcier Joss lui-même, aimaient à jouer avec leurs jolies poupées. Les habiller. Les déshabiller. Un jour leur faire conduire une moto, un autre faire d' elle des négociatrices, en tailleur strict et à lunettes. Poudre aux yeux jetée au regard du monde, pour le mettre en garde.
Car nous sommes également des maisons de poupées, un jour garces, un jour sérieux. Un jour colère, un jour joie. Un jour nous, un jour… faussement "nous", pour mieux tromper les autres de nos douleurs. A travers Dollhouse, encore une fois, de même que nous le montrait déjà les Wachowski par la Matrice, comme on avait pu le voir à travers les aventures de l' Homme de Nulle Part, ou celles du Prisonnier, nous sommes amenés à nous interroger sur la réalité. Qu'est-ce qui est réel, et qu'est-ce qui ne l' est pas ? Qu'est-ce qui tient du rêve, ou du fantasme, et qu'est-ce qu' on appelle réalité ?
Dollhouse durera-t-elle assez longtemps pour qu' on le découvre ?…
En tout cas, rendez-vous à bientôt pour les reviews des épisodes.
13:26 Publié dans Dollhouse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dollhouse joss whedon, eliza dushku, buffy, nowhere man, le prisonnier