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mercredi, 01 avril 2009

The Pretender, retour sur la série (première saison), partie 1

Jarod et moi…

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1997. Je crois. Je suis à la Fac, poursuivant mes études, et j'occupe la semaine un petit studio me rapprochant du campus, et m'éloignant de mes parents. Mais, le week-end, je me plais à rentrer tout de même chez moi. Chez eux. Le vendredi soir, M6 a consacré sa deuxième partie de soirée à la diffusion de séries américaine. En 96 était diffusée Mission : Impossible, 20 ans après, réinvention de la série classique des années 60 découverte plus tard, et dont je suis grand amateur, mais cela fera l' objet d' un autre billet. Oui, je sais, je suis un peu long, mais un blog, à l' origine, c'est fait aussi pour y raconter sa petite vie, si tant est que ça intéresse quelqu'un.

1997, donc. Une nouvelle série débarque, qui a joui d' une très grande popularité en France. Je me souviens, lors d' une de mes nombreuses visites à la presse, une photo du Caméléon ornant fièrement la couverture d' un numéro de Génération Séries (excellent magazine sur les Séries TV, traitant du genre avec passion, lui accordant toute la déférance requise, et malheureusement, aujourd'hui défunt). Et un jeune garçon de 7-8 ans disant à sa mère : " regarde, maman, c'est Jarod ! "

Et pour cause, la série que je finirai bien par aborder étant une série "inoffensive" (?), familiale.

1997. Le début du week-end est marqué par une veillée devant le téléviseur noir & blanc acheté d' occasion, datant de… mathusalem, aisément transportable, pour suivre les aventures d' un nouveau héros. Je me permets également de faire part de ma déception, quand la série quitta cette case-horaire, succès oblige, pour occuper le samedi soir. On m'otait mon petit plaisir à moi, ma relation particulière avec des personnages, pour mieux les exposer, et en faire profiter d' autres. Déception de même nature que lorsque X-Files quitta sa sphère confidentielle d' assidus, de téléspectateurs, pour voir son succès exploser aux yeux du monde et tout le monde brutalement connaître la série, une vague d'X-Filesmania déferlant alors…

Mais retour au Caméléon. Une série au concept simplissime, mais génial. Un héros des plus attachants, puisque, encore une fois, il s'agit d' un enfant enfermé dans un corps adulte, ayant tout à découvrir du monde.

Et une série ode à la vie, puisque de façon peut-être trop simpliste (?), ce sont des valeurs simples, traditionnelles, qui sont présentées : la famille, l' amour, la solidarité, le respect de la vie et de la dignité humaines. Ode à la vie, aux plaisirs simples, puisque tout ce qui nous est commun, fait partie de notre quotidien, est source d' émerveillement, d' enchantement pour Jarod, un grand enfant ayant été privé de tout (ou presque) dans son enfance, et qui doit tout redécouvrir.

  

Le concept, diablement efficace, de la série…

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Cette série part d' un concept simple : un jeune génie a été élevé et enfermé pendant des années par une organisation secrète, une mystérieuse société, afin de profiter de son talent à incarner différents rôles, talent exploité pour réaliser des "simulations". Placer le jeune garçon dans des situations extrêmes (certaines reprenant des événements historiques connus de tous) afin d' étudier ses réactions, ou de trouver des solutions… Mais le jeune garçon grandit, comprend qu' il lui manque quelque chose à force de privation, a soif évident d' espace et de liberté. Et il parvient à s'évader… Et comme l' enfant est innocent, il a une conscience aiguë de ce qui est bien, et de ce qui est mal. Conscient de certaines de ses simulations ont servi à faire le "Mal", il utilisera son talent, son intelligence pour faire désormais le "Bien". Et l' être humain souffre de bien des défauts qui le poussent à profiter de son prochain, à éliminer un concurrent, etc… Jarod se voit alors comme un Ange vengeur qui rétablira la justice, en appliquant la loi du talion.

Et les épisodes de la saison 1 suivent donc un canevas précis, récurrent, à l' aune de certaines séries des années 80 :

1. Jarod découvre un nouveau milieu professionnel dans lequel il se glisse comme un poisson dans l' eau, se faisant passer pour un spécialiste et prenant une nouvelle identité à chaque fois, et parvient à s'attirer, à force de prévenances et de sourires, de blagues, la sympathie de tous et toutes, car l' être humain est partout le même. Il y a donc tromperie de sa part, mais pour que la vérité puisse être révélée au grand jour.

2. Il n'est jamais là par hasard, puisqu' une coupure de presse, soigneusement découpée, suscitant le doute chez lui, lui fait cmprendre qu' une injustice a été commise et que le criminel ou responsable court toujours. A charge pour lui de trouver qui, et de lui faire payer.

3. Une fois trouvé, le coupable fera l' objet de la juste vengeance, toujours proportionnelle au crime commis. Jarod va donc créer de toutes pièces une simulation, situation reproduisant les circonstances du drames à l' origine de son intervention, afin que la personne à punir revive, avant d' être arrêtée, ce qu' a vécu sa victime. Œil pour œil, et dent pour dent, et le coupable quitte pour une frousse monumentale. Jarod se comporte alors comme un démon, mais un démon qui servirait le Bien…

Alors vu comme cela, on croirait avoir affaire à une banale série sur un "ange gardien", concept avec des différences formelles, mais que la télévision américaine ne cesse de produire d' années en années… Il en faut pour tous les publics, n'est-ce pas, et les conservateurs catholiques en sont un aimant les séries aux bonnes vieilles valeurs traditionnelles en sont un…

Mais cette série qu' est The Pretender a eu en plus profiter de…

  

Une série sous influence X-Filienne…

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Car sous ces aspects de séries au concept (tout au moins pour sa première saison) fixé apparemment dans le marbre, répétitif, la série a bénéficié d' un autre atout. La série nait après X-Files se devait de profiter du succès de la série-culte, et reprend quelques uns de ses éléments : l' ambiance conspirationniste. Des "méchants" de l' histoire, de leur but véritable, on ne saura que peu de choses, une brume de mystère recouvrant le Centre. Et The Pretender apporte à sa structure récurrente une touche feuilletonnesque, chaque épisode dévoilant une part du mystère entourant le Centre, et/ou le passé de Jarod. Ou tout simplement explorer davantage les membres de la Tierce attachés à la poursuite de Jarod : Mlle Parker, brune fumeuse invétérée au caractère pénible, Broots, l' informaticien de génie tremblant comme une feuille au moindre bruit de pas (ou de roulette), et Sidney, le mentor, ayant élevé Jarod et ayant créé une relation particulière, filiale, avec son jeune protégé / cobaye.

Et Jarod de ne cesser de jouer au jeu du chat et de la souris avec ces êtres les plus proches de ce qui pourrait être pour lui une famille. Leur laissant toujours suffisamment d' indices, pour ne qu' ils ne perdent jamais définitivement sa trace… S'ils sont parfois à deux doigts de le retrouver, c'est que le Caméléon l' a bien voulu…

Influence peut-être X-Files aussi, avec le personnage de Jarod lui-même. Découvrant des univers professionnels à chaque nouvel épisode, tout comme le duo d' agents du F.B.I. découvre des recoins mal connus de l' Amérique. Les deux séries charrient leur lots de d' exclus, de laissés-pour-compte pour une raison ou une autre, d' être volontairement ou involontairement ayant été mis en marge de la société. Jarod, comme Muler, éprouveront toujours une infinie compassion pour ces êtres à leur images, en marge comme eux, n'ayant malheureusement pas leur talent ou leur volonté pour "tricher", paraître "normaux", adaptés à la société. Et tout comme Mulder était en quête désespérée de sa sœur enlevée lorsqu' il était enfant, Jarod est une quête de sa mère qu' il s'efforcera de retrouver. Ses seuls indices pour la retrouver : une photo d' elle, et des souvenirs épars de son passé.

 

A travers des éléments somme toutes très classiques, et peut-être déjà-vu, donc traditionnels, la série a su tout de même toucher son public, cela probablement à la touche de mystère entourant le Centre, mais aussi au charme touchant de Jarod et de son interpète, Michael T. Weiss excellent acteur, passant d' une émotion à l' autre, capable d'exprimer la peine et la joie tout en même temps, et apportant une touche d' humanité incroyable à son personnage et à cette série à redécouvrir…

 

La "Kelleyrisation" des personnages

Un peu marre de la "Kelleyrisation" des personnages...

 Hier, début de mon visionnage de la saison 2 de Boston Legal, excellente série judiciaire comico-dramatique. Et que découvre-je, entre autre, avec ce season premiere de la série ? Deux personnages escamotés, ceux de Monica Potter et Rhona Mitra, et arrivée de 3 nouveaux persos ! Et une seule chose à l' esprit, " punaise, la kelleyrisation a encore frappé ! "

 Mais qu' appelle-ton exactement "kelleyrisation" ??

Hé bien… C'est tout simplement le traitement par-dessus la jambe de l' une des richesses des séries TV, à savoir les personnages. Car David E. Kelley, s'il est un génial créateur (lui aussi) et n'a pas son pareil pour créer des personnages attachants et drôles, souffre d' un défaut dommageable apparaissant dans la plupart de ses séries concernant leur évolution à long terme. Si certains de ses personnages n'ont plus rien à apporter à la série, ou si les acteurs incarnant ces personnages souhaitent voguer vers d' autres horizons, Kelley se contente simplement de les faire disparaître purement et simplement, sans apporter la moindre explication à leur départ ! Bien sûr, ce n'est ni le premier ni le dernier à user de cela. On avait déjà cette situation dans les années 80, voire 60, avec Mission : Impossible, où le remplacement ou le départ de personnages d' une saison à l' autre n'était en rien expliqué ou pris en compte. Mais la différence fondamentale avec les séries d'époque précédente était qu' elles reposaient moins sur les personnages que sur le concept même qui en faisait la force. Alors que les années 90 ont vu l' avènement du personnage. (j' évoque ici des faits de façon générale). Le problème est donc, comment s'attacher à des personnages susceptibles de quitter la scène d' une année à l' autre, sans une once d' explication, alors que d' autres séries prennent au moins la peine d' expliquer (de façon souvent artificielle, soit) le départ du personnage ?

Et l' autre versant de la Kelleyrisation, qui lui répond, c'est donc… L' intrusion dans l' univers de la série, sans une seule once d' explication non plus, de personnages qu' on ne connaît pas, dont on se demande ce qu' ils font donc là, sur lesquels on a aucun détail, et que l' on nous impose de force dans une série. Espérons qu' ils soient attachants !! Car là où la Kelleyrisation blesse également, c'est que l' histoire se comporte comme si ces personnages avaient toujours été là. Nous sommes donc dans la même maison, mais des personnes différentes sont venues y vivre, sans que nous ayons été présentés "en bonne et due forme".

Le phénomène est irritant au possible, et très désagréable, faisant presque offense au téléspectateur régulier, décevant quelque part sa fidélité, alors que le principe est à l' origine commercial, quand on change des personnages qu' on estime "usés" pour d' autres plus jeunes, plus efficaces, "neufs"… 

Dieu merci, tous les scénaristes ne se comportent pas ainsi, et au vu de cela, on en apprécie d' autant plus Joss Whedon qui aura su jouer de la Kelleyrisation dans la saison 5 de Buffy, en donnant l' impression d' avoir sorti de nulle part une sœur caché, Dawn, qui, elle, aura droit à l' explication à plusieurs reprises par la suite de son apparition "Ex machina".

Donc au revoir Monica, au revoir Rhona, et on espère vous revoir ailleurs très vite…

PS : oui, je sais, le personnage de Rhona Mitra apparaît tout de même, mais sa sortie est tellement prévisible, avec son escamotage du générique de début, et cet ancien amour surgi de son passé tout d'un coup, et qui lui ferait oublier d' un coup d' un seul Alan Shore. Difficile d' y croire…